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Accusés dans un article de Mediapart de passer leurs vacances en Corse dans une villa appartenant à la compagne d’un trafiquant de drogue, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, deux des membres du gouvernement Macron, ont décidé de porter plainte mercredi pour diffamation.

La Corse qui rime avec farniente durant les vacances devient un casse-tête pour les services en charge de la sécurité des personnalités qui chaque été arrivent en masse sur l’île. En ce mois d’août et à l’instar des années précédentes, nombre de politiques y ont élu domicile. Une partie du gouvernement Macron y a notamment pris ses quartiers, répondant ainsi à la consigne donnée par Édouard Philippe de devoir être immédiatement disponible en cas de besoin. C’est ainsi que deux d’entre eux, Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire et Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, ont décidé de séjourner ensemble dans une villa à une trentaine de kilomètres d’Ajaccio.

De concert avec les services de la préfecture de Corse, les fonctionnaires de police du service de la protection (SDLP) qui disposent d’une antenne spécifique sur l’île, se sont penchés sur le lieu de villégiature choisi et indiqué par ces derniers. «Et il n’y a rien eu à dire», certifie Romain Delmon, le directeur de cabinet de la préfecture. La villa – une jolie bâtisse confortable sans luxe excessif – et sa propriétaire, n’ont pas donné matière à la rédaction d’une note de mise en garde particulière par les autorités locales.

Or la gestion du cas de ces deux responsables politiques, en a surpris plus d’un dans le milieu de la sécurité. Le nom de la propriétaire des lieux est associé à celui de Gilbert Casanova comme l’indique Médiapart. Cet ancien militant nationaliste, qui fut aussi ancien président de la chambre de commerce et d’industrie de Corse-du-Sud, a notamment été condamné dans une affaire de trafic de drogue international en 2010 à huit ans de prison.

Ne serait-ce que pour ne pas associer les noms des deux jeunes ministres à ceux de personnes qui ont eu maille à partir avec la justice, il aurait fallu, pour certains spécialistes, leur trouver un autre lieu de villégiature. Selon ces derniers, diverses alertes auraient été faites jusqu’à Matignon restant lettre morte.

«Cette femme n’est plus la compagne de Gilbert Casanova», assure la préfecture

Or pour la préfecture de Corse, ce nom qui ressurgit à l’occasion de cette courte location est de l’histoire ancienne. «Cette femme n’est plus la compagne de Gilbert Casanova et il n’y a rien à lui reprocher», affirme Romain Delmon. «Mon client a payé son dû à la société et il faut savoir faire table rase du passé», indique pour sa part Me Pascal Garbarini, le conseil de Gilbert Casanova en rappelant que ce dernier a toujours nié les faits. «D’ailleurs, nous étudions une demande en révision de son procès».

Toute cette affaire illustre la difficulté de juger le moment opportun de déclencher une note de mise en garde. «On est dans un état de droit et on ne peut pas faire peser sur une personne des méfaits commis par d’autres», se défend-on à la préfecture. Et s’il fallait pourtant tenir compte d’un entourage même ancien pour interdire des lieux, l’exercice serait très compliqué en Corse. «On y dénombre 324.000 personnes. C’est peu. Il est donc difficile de trouver une famille qui n’a pas eu un jour un membre ou un proche impliqué dans une affaire», lâche un observateur. Selon nos informations, des lieux pour lesquels des alertes ont été données ont quand même été fréquentés dans le passé par des personnalités.

«Nous n’avons croisé ni la propriétaire, ni son ancien compagnon», affirme Gérald Darmanin

Ce n’est pas la première fois que les périodes de vacances se déroulent sur fond de polémique de ce genre. Régulièrement l’été apporte son lot d’affaires similaires, notamment en Corse. Ainsi, en août 2015 le domaine de Murtoli, lieu de villégiature où Nicolas Sarkozy avait passé ses vacances n’était plus uniquement un lieu paradisiaque. Il était devenu une adresse intéressant la justice. En plein mois d’août, la presse avait signalé que Tracfin, l’organisme de Bercy chargé de lutter contre l’argent sale, avait saisi le parquet de Paris de possibles mouvements de fonds suspects en rapport avec les lieux. Une information qui, semble-t-il, n’a pas eu de suite.

Pour l’heure, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin ne pensaient vraiment pas attirer l’attention sur eux en choisissant cette adresse. «Nous sommes amis et je me suis greffé au dernier moment au séjour de Sébastien. Celui-ci rejoignait lui-même des proches, un couple, qui lui avait recommandé cette villa et chacun payait sa part», relate Gérald Darmanin. Arrivés le 13 août dernier par un vol en fin d’après-midi, ils ont été accueillis par ce couple déjà sur place depuis une semaine. «Nous n’avons croisé ni la propriétaire, ni son ancien compagnon», poursuit le ministre. Et d’ajouter que ce séjour avait bien été signalé au service de sécurité. «Nous n’avons reçu aucune alerte», dit-il en ajoutant: «On est là pour lire et se reposer durant quelques jours». Leur quiétude a été quelque peu troublée.

 

Source : © Le Figaro Premium – Vacances en Corse de deux ministres : une location et des questions

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