
Barcelone, le vendredi 18 août 2017 – Toujours, les équipes médicales sont en première ligne quand résonnent les sirènes signalant un attentat. A Barcelone hier, comme à Paris, Londres, ou Bruxelles ces derniers mois, les hôpitaux ont été immédiatement mobilisés pour faire face à l’afflux de blessés. Et comme toujours, les appels aux dons du sang ont été rapidement entendus.
La confiance (aveugle) des spécialistes de la sécurité dans les spécialistes de la folie
En seconde ligne, les psychiatres ont également été sollicités. Pour répondre à la détresse des victimes et des témoins de l’attentat. Mais aussi, de manière bien plus complexe et plus incertaine encore, pour jouer un rôle de prévention. Ainsi, ce matin au micro de RTL, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb a indiqué travailler en étroite collaboration avec le ministère de la santé pour que soient mobilisés les hôpitaux psychiatriques et les psychiatres libéraux dans la lutte contre le terrorisme. Des « protocoles » selon l’expression du ministre de l’Intérieur doivent être élaborés afin de renforcer la détection des profils à risque et les « échanges » avec l’entourage des personnes développant des « délires autour de la radicalisation islamique ». Gérard Collomb estime en effet qu’il existe deux types de terroristes. « Vous avez à la fois des attaques planifiées comme celle qui vient de se produire en Espagne et puis vous avez des gens qui se radicalisent brutalement avec souvent des profils psychologiques extrêmement troublés » a développé l’ancien maire de Lyon en faisant notamment allusion à l’homme qui a tenté d’attaquer des militaires le 9 août dernier.
Ce n’est pas la première fois que les responsables de la sécurité veulent croire que la psychiatrie pourrait offrir un élément de réponse face à la menace terroriste. Il y a quelques mois, le patron de l’Unité de coordination de la lutte anti terroriste (UCLAT), Loïc Garnier affirmait pour l’Obs : « Le terrorisme est une maladie très compliquée. Parmi ceux que nous recherchons et que nous pistons, certains ont des motivations religieuses. Mais d’autres ont surtout des problèmes psychiatriques » jugeait-il.
Autant de terroristes que de profils psychiatriques (ou pas)
Si la radicalisation religieuse et le passage à l’acte terroriste sont inévitablement des champs de réflexion prégnants pour les psychiatres, ces derniers soulignent l’extrême complexité du sujet. La diversité des profils et l’évolution des actes terroristes doivent notamment être prises en compte. « La grande erreur, c’est de vouloir fixer et réduire un phénomène terroriste variable à la fois dans le temps – le terrorisme aujourd’hui n’a rien à voir avec le 11 septembre – et dans l’espace. J’ai vu une dizaine de configurations très différentes. C’est un phénomène mouvant et polymorphe » remarquait il y a quelques jours le psychiatre Daniel Zagury expert près des tribunaux. De même concernant le rôle de la psychiatrie, il soulignait un caractère ambivalent : « Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’on ne peut pas résumer un phénomène aussi terrible que le terrorisme à la psychiatrie, mais en même temps, on ne peut pas se passer, dans bien des cas d’une analyse psychiatrique ». Egalement dans la nuance, Roland Coutanceau, président de la Ligue française pour la santé mentale, remarquait pour la Croix l’année dernière : « On pense qu’il faut être fou pour tuer ! Mais en réalité, il faut être mégalomaniaque et paranoïaque. Or ce sont des troubles de la personnalité plutôt que des maladies mentales ».
Contagion
Cependant, dans un cadre “préventif”, la vigilance des psychiatres pourrait effectivement s’exercer auprès de certains de leurs patients pouvant être influencés par l’actualité. « Dans les années 1990 (…) les gens déliraient beaucoup sur le diable, sur fond de prises importantes de drogues. Après certaines tueries, on observe que le niveau de violence augmente chez les psychotiques de la région où elles ont eu lieu. Le climat terroriste d’aujourd’hui, avec ses violences et ses carnages, peut aussi exciter quelque chose, d’autant que les images tournent à répétition » observait dans la Croix également le docteur Jean Furtos, directeur scientifique honoraire de l’observatoire national des pratiques en santé mentale et précarité à Lyon. A cet égard, il est intéressant de constater que certains ont vu dans le meurtre perpétré par un automobiliste lundi à Sept Sorts (Seine et Marne) une « imitation de gestes terroristes » selon l’expression du professeur Samuel Lepastier, cité par Libération.
Le manque de moyens de la psychiatrie : un frein à la lutte contre le terrorisme ?
Outre la complexité du sujet et le caractère « illusoire » pour beaucoup de la “déradicalisation” (selon l’expression du docteur Ludwig Fineltain dans le numéro 22 du Bulletin de psychiatrie, paru en août 2016), pour pouvoir jouer un rôle de “prévention” ou de “détection” accru, les psychiatres nécessiteront des moyens supplémentaires. « Il faudrait inventer un dispositif de masse, mais en période de restrictions, on a plutôt tendance à se concentrer sur les cas les plus lourds. Idéalement, les centres médico-psychologiques devraient s’adresser également à ces publics socialement fragiles (…). Par le passé, il y a eu des tentatives de dispensaires en hygiène mentale, pour accompagner les gens qui ne sont pas des malades. Mais eux aussi ont tous fermé » se désolait Jean Furtos il y a quelques mois.
Ainsi, à la lueur des multiples débats passés sur le sujet, il apparaît que la proposition de Gérard Collomb ne devrait pas demeurer sans commentaires et interrogations, ce qui conduit à espérer qu’elle ne se résume pas à une déclaration intempestive mais s’appuie sur un véritable travail de réflexion.
Aurélie Haroche
Source :© JIM.fr – Terrorisme : les psychiatres appelés en renfort
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jean
Selon le représentant de la ligue française pour la santé mentale : “pour tuer il faut être mégalomaniaque ou paranoïaque”, il est donc urgent de confier les militaires, les policiers, les douaniers, les chasseurs et tous les détenteurs d’armes aux psychiâtres que chacun sait parfaitement équilibrés.
Cohen j
C’est fou ce qu’il peut y avoir comme psychotiques en liberté, ou qui s’ignorent.
Ce qui est surtout etrange, c’est qu’ils sont tous arabes (pardon!)islamistes.
Il y aurait urgence d’arrêter un non musulman pour tentative de meurtre afin de disculper tous les autres.
Surtout pas d’amalgame!
Encore quelques années à vivre dans le déni…et ce sera trop tard.
Las ! C’est déjà trop tard.
GERMAIN C
Curieux. Tous ces malades mentaux sont musulmans