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Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, à Londres le 7 mars 2018. AFP/Archives – Tolga AKMEN

VIDEO – Attendu en France du 8 au 10 avril pour sa première visite officielle, le prince héritier d’Arabie saoudite assistera à un concert avec Emmanuel Macron à Aix-en-Provence dimanche et devrait officialiser certains contrats en faveur de Total ou CMN.

Aéroport de Riyad, 9 novembre 2017: alors qu’il doit rentrer à Paris après une visite de deux jours aux Emirats arabes unis, Emmanuel Macron a décidé de faire un crochet par l’Arabie saoudite pour s’entretenir avec le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), nouvel homme fort du royaume. Objectif : évoquer le sort du Premier ministre libanais Saad Hariri, retenu par Riyad depuis cinq jours. “Le début de la rencontre était glacial, se souvient un témoin. Macron faisait pression pour qu’Hariri soit libéré, MBS pour que la France soit plus dure avec l’Iran. C’était un dialogue de sourds, qui ne s’est détendu que sur la fin.” Macron obtiendra finalement l’élargissement d’Hariri, en l'”invitant” en France.

Cinq mois plus tard, Macron et MBS se retrouvent en France. Pour la première visite officielle du prince héritier saoudien, prévue du 8 au 10 avril, le président français va dérouler le tapis rouge. Selon nos informations, les deux hommes devraient assister à un concert suivi d’un dîner privé à Aix-en-Provence dimanche 8 avril, avant de visiter l’incubateur de start-up Station F, puis l’Institut du monde arabe (IMA) et enfin de participer à un dîner officiel à l’Elysée le 9 avril. Le lendemain, MBS pourrait assister à un sommet économique organisé au Quai d’Orsay par Richard Attias, en présence de la crème du patronat français (Patrick Pouyanné, Gérard Mestrallet, Sébastien Bazin, Xavier Niel, Jean-Bernard Lévy…) et de plusieurs dirigeants saoudiens comme le ministre de l’Énergie Khaled al-Faleh ou Ahmed al-Khateeb, patron de la puissante Saudi Arabian Military Industries (SAMI), qui chapeaute la plupart des grands contrats militaires du pays. “Cette visite est d’une importance capitale, car c’est elle qui donnera le ton des relations franco-saoudiennes des prochaines années”, souligne François-Aïssa Touazi, ancien diplomate et cofondateur du think tank CapMena.

Préparation diplomatique

L’événement est d’autant plus crucial que MBS sort d’une visite au Royaume-Uni durant laquelle il a notamment signé un protocole d’accord pour l’achat de 48 chasseurs Eurofighter Typhoon, et surtout d’une tournée marathon de trois semaines aux Etats-Unis qui l’a vu passer par la Maison Blanche, visiter l’usine Boeing d’Everett, mais aussi rencontrer Jeff Bezos (Amazon), Lloyd Blankfein (Goldman Sachs ) et Bill Gates. Paris a donc préparé l’événement avec le plus grand soin. D’abord avec la visite à Riyad, il y a un mois, du chef d’état-major particulier d’Emmanuel Macron, l’amiral Bernard Rogel, pour évoquer les sujets militaires. Ensuite avec celle, mi-mars, d’une délégation comprenant le sherpa de l’Elysée Philippe Etienne, le directeur de cabinet de Jean-Yves Le Drian, Emmanuel Bonne, et le directeur de cabinet de Bruno Le Maire, Emmanuel Moulin.

Emmanuel Macron semble décidé à entamer une nouvelle phase dans les relations franco-saoudiennes. Nicolas Sarkozy avait fait le pari d’une idylle avancée avec le Qatar, au grand dam de Riyad. François Hollande avait choisi un alignement diplomatique constant avec l’Arabie saoudite. “Le curseur était allé trop loin, estime Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint du think tank Iris. Le président Macron semble tenir un discours plus équilibré, avec une Arabie saoudite qui reste un partenaire majeur, mais la fin de l’alignement systématique sur ses positions.”

De fait, la lune de miel avec Riyad sous le mandat Hollande ne s’est guère traduite dans les chiffres du commerce extérieur. La France, seulement huitième fournisseur du royaume, reste scotchée à 3 % de part de marché. Les contrats militaires se sont aussi raréfiés : l’Arabie saoudite, longtemps premier client de l’armement français, est désormais devancée par l’Inde et le Qatar, et suivie de près par l’Egypte. “La relation commerciale traditionnelle reposant sur les grands contrats est révolue , assure François-Aïssa Touazi. MBS veut avant tout attirer des investissements étrangers pour soutenir son plan Vision 2030, qui vise à diversifier son économie.”

Investissements sur place

Une bonne partie des annonces devraient donc être réservées aux investissements sur place. Selon nos informations, Total et le géant saoudien du pétrole Aramco pourraient signer le contrat “Amiral” d’extension de la raffinerie géante Satorp à Jubail (Golfe persique), un projet estimé entre 3 et 5 milliards de dollars. Riyad pourrait également confier l’exploitation du métro de Riyad à la RATP. Un contrat-cadre avec Accor dans l’hôtellerie est aussi évoqué. Le groupe français se rendra également dans quinze jours à Riyad pour discuter avec les autorités saoudiennes du pharaonique projet touristique NEOM évalué à 500 milliards de dollars. La visite de MBS pourrait aussi permettre des avancées pour les géants français de l’eau. Saur bataille pour emporter l’appel d’offres lancé en janvier pour une usine d’assainissement à Damman, et sur la privatisation de la gestion de l’eau de Jeddah, où le groupe pourrait se trouver en compétition avec Suez.

Côté militaire, ce devrait être plus calme. Plusieurs sources évoquent une possible signature du contrat pour une quarantaine de patrouilleurs avec le chantier naval normand CMN (600 millions d’euros). Les autres grands contrats longtemps espérés (missiles Crotale, rénovation de frégates) semblent en revanche renvoyés aux calendes grecques. Vu la polémique actuelle sur l’utilisation d’armes françaises par l’Arabie saoudite sur des civils au Yémen, l’heure n’est, de toute façon, pas vraiment aux grandes annonces militaires.

Source: ©Station F, contrats… Ce qu’il faut savoir de la visite de Mohammed ben Salmane en France

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