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https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/23/salman-rushdie-a-perdu-l-usage-d-un-il-et-d-une-main-deux-mois-apres-son-agression-violente-a-new-york_6147023_3210.html
Plus de deux mois après avoir été violemment agressé aux Etats-Unis, Salman Rushdie a notamment perdu l’usage d’un œil et d’une main, a déclaré son agent, Andrew Wylie, au quotidien espagnol El Pais. Ce sont les premières nouvelles communiquées depuis que l’écrivain britannique a été hospitalisé, à la mi-août.
« Il a perdu la vue d’un œil. (…) Il a eu trois blessures graves au cou. Il est handicapé d’une main, car les nerfs de son bras ont été sectionnés. Et il a environ quinze autres blessures à la poitrine et au torse », a affirmé M. Wylie à El Pais dans un entretien publié ce week-end.
« Ses blessures étaient très profondes. (…) C’était une attaque brutale. » « [Mais] il va vivre », a-t-il ajouté, sans préciser si M. Rushdie se trouvait toujours à l’hôpital. Le 12 août, Salman Rushdie s’apprêtait à prendre la parole à une conférence dans le nord de l’Etat de New York quand un homme a fait irruption sur scène et l’a poignardé à plusieurs reprises, notamment au cou et à l’abdomen. Evacué en hélicoptère vers un hôpital, l’auteur des Versets sataniques avait dû être brièvement placé sous respirateur avant que son état s’améliore.
Sous le coup d’une fatwa depuis 1989
Le principal suspect, Hadi Matar, un Américain d’origine libanaise alors âgé de 24 ans, avait été arrêté immédiatement après les faits. Pendant son procès, qui s’est ouvert à la mi-août devant un tribunal de Mayville, dans l’Etat de New York, il a plaidé non coupable.
L’attaque avait été saluée par des extrémistes de pays musulmans comme l’Iran ou le Pakistan. Le roman Les Versets sataniques est interdit en Iran depuis 1988, car de nombreux musulmans le considèrent comme blasphématoire. L’année suivante, l’ayatollah Ruhollah Khomeyni, Guide suprême de la révolution islamique de 1979 à 1989, avait lancé, le 14 février 1989, une fatwa (décret religieux) appelant tous les musulmans à tuer l’auteur britannique, contraignant dès lors ce dernier à vivre dans la clandestinité et sous protection policière. Une fatwa dont Salman Rushdie disait, en 2005, qu’elle avait constitué un prélude aux attentats du 11-Septembre.
Salman Rushdie, né en 1947 à Bombay, en Inde, deux mois avant que le pays obtienne son indépendance de l’Empire britannique, a été élevé par une famille d’intellectuels musulmans non pratiquants, riche, progressiste et cultivée. L’écrivain regrette d’être réduit au scandale provoqué par la publication des Versets sataniques. « Mon problème, c’est que les gens continuent de me percevoir sous l’unique prisme de la “fatwa” », avait déclaré, il y a quelques années, ce libre-penseur qui souhaite être considéré comme un écrivain, et non comme le symbole de la lutte contre l’obscurantisme religieux et pour la liberté d’expression.
Le Monde avec AFP