
COMMENTAIRE ÉDITORIAL
Mais qui est donc Ahmad Tibi ?
Ahmad Tibi, ancien conseiller du président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, a été membre de la délégation palestinienne qui a négocié les Accords de Wye Plantation en 1998. Il a démissionné de ses fonctions en 1999 pour se présenter à la Knesset où il est élu sur la liste d’union arabe pour le parti Ta’al (Mouvement arabe pour le renouveau)
Questions ?
A lire ce préambule, pléthore de questions sautent aux yeux. Comment ? Oui, comment ? Dans un pays normalement constitué un citoyen passé à l’ennemi peut-il non seulement circuler librement mais, de surcroit, se présenter à des élections avec pour mission de détruire l’État qu’il est censé représenter et défendre !
En effet, tout État normalement constitué condamne pour trahison un citoyen qui se comporte comme Monsieur Ahmad Tibi . En France, c’est l’article 411 du Code Pénal qui sanctionne l’intelligence avec l’ennemi.
Donc, Monsieur Ahmad Tibi est bien mal placé pour critiquer la récente loi votée par la Knesseth sur l’État-nation, il est également bien mal placé pour dénoncer la démocratie israélienne, lui qui bénéficie du laxisme de la démocratie israélienne qui n’a pas cru bon de sanctionner son comportement alors que ce serait le cas dans toute autre démocratie. Pire, dans la Palestine qu’il défend et qu’il, de fait, représente, il serait probablement passible de la peine de mort !
Sur sa diatribe sur le vote de la loi relative à l’État-nation
Les termes excessifs de monsieur Ahmad Tibi le décrédibilisent notamment quand il parle des «survivants de la Nakba» parce que d’une part les palestiniens qui ont quitté le territoire en 1948 l’on fait dans l’espoir d’une «solution finale» rapide pour les juifs du territoire alors même qu’il n’y a pas eu de «survivants juifs» dans l’intégralité des États arabes et que dans la plupart de ces pays, ils ont été non seulement dépouillés de tous leurs droits fondamentaux mais également chassés manu militari. Il oublie que les juifs étaient installés dans les états arabes bien avant les musulmans qui ont agi sur ces territoires à la foi comme colonisateurs, comme l’inquisition et également selon les principes de l’épuration ethnique !
C’est la démocratie israélienne, la Cour Suprême, qui lui a permis de se présenter en tant que député malgré ses manquements graves aux devoirs que se doit tout citoyen israélien. Cela n’aurait certainement pas été possible dans tout autre pays !
Pour en revenir aux propos de Monsieur Ahmad Tibi. Où voit-il une «discrimination institutionnelle contre les citoyens non juifs» ? D’ailleurs, si tel était le cas, avec sa connaissance parfaite des pouvoirs qui lui sont attribués, il aurait saisi la Cour Suprême israélienne, et d’ailleurs, il en a largement usé et abusé à plusieurs reprises et avec gain de cause au grand dam de nombre de citoyens israéliens !
Il parle de la Nakba comme un drame national alors qu’il est citoyen israélien. On imagine aisément ce qu’il adviendrait d’un pied noir resté en Algérie ( mais là c’est du pur fantasme puisque cela leur est interdit) et qui aurait eu des propos aussi virulents sur les crimes liés à la guerre d’indépendance. Et je ne parle même pas des juifs qui résideraient en territoire palestinien et qui serait lynchés sur le champ comme cela s’est maintes fois produit.
Et que dire aussi des propos outrageusement antisémites de Mahmoud Abbas qui déclarait que, même après un traité de paix,il ne voudra pas voir un seul juif sur son territoire même dans le cadre d’une force internationale de maintien de la Paix .
Non, monsieur Tibi, Israël est non pas une théocratie ( comme le sont tous les pays musulmans) mais une démocratie, et d’abord et avant tout pour les arabes, puisque ceux-ci peuvent, comme vous, comploter avec l’ennemi sans être incarcérés comme ils le seraient dans tout autre pays.
D’ailleurs, n’est-il pas étrange qu’un citoyen israélien, de surcroit député, puisse se retrouver dans la délégation de l’ennemi désigné !
Monsieur Tibi ne veut avoir que des droits et jamais de devoir envers l’État qu’il représente ! Ce faisant, il n’œuvre pas au profit de ceux qu’il est censé représenter.
Pour en revenir au fond, et en reprenant sans hystérie le texte de loi, celle-ci n’enlève absolument aucun droit à qui que ce soit en Israël. Cette loi est une loi déclarative comme l’est l’article 1 de la Constitution française.
Ce texte rappelle, comme l’a voulu la déclaration Balfour puis les Nations-Unis en 1947, qu’Israël est État-nation du peuple juif. Et quand Monsieur Tibi déclare que «La loi sur l’État-nation du peuple juif prive du droit à l’autodétermination l’ensemble des Palestiniens, c’est-à-dire la « population non juive » vivant sur le territoire historique de la Palestine, qui englobe Israël et les territoires occupés de Palestine» il nie tout simplement le droit d’Israël à être un État souverain puisqu’il revendique le droit à l’autodétermination dans les frontières d’Israël !
Et si on avait un doute sur la nécessité de cette loi, alors les déclarations de Monsieur Tibi sont là pour en démontrer la nécessité.
Oui, Monsieur Tibi, et ne vous en déplaise, Israël est l’État-nation du peuple Juif conformément à la décision de l’O.N.U de 1947 !
Oui, Monsieur Tibi, est une vraie démocratie qui permet, même à des gens comme vous qui pactisent avec l’ennemi, de s’exprimer et même de se faire élire.
Non, monsieur Tibi, les 70 pays musulmans ne sont pas démocratiques et ne donnent aucun droit aux minorités !
Oui, Monsieur Tibi, en tant que citoyen israélien et en tant que député vous devez allégeance à Israël et non pas à ses ennemis. Vous devez chanter l’Hativka et vous mettre au garde-à-vous devant le drapeau de votre pays !
Si vous ne le faites pas, c’est que vous n’êtes pas digne d’être citoyen de ce pays et encore d’en être député. Et dans ce cas, votre intérêt bien compris, comme celui d’Israël, serait que vous abandonniez la citoyenneté israélienne pour devenir citoyen palestinien et que vous preniez toute votre place dans le gouvernement «non démocratique» de l’Autorité Palestinienne.
Et comme Israël est un véritable démocratie, vous pourriez cependant continuer à résider en Israël
Richard C.ABITBOL
Président
Ci-dessous l’article fallacieux de monsieur Ahmad Tibi paru dans «Le Monde»
Ahmad Tibi : « Israël est une démocratie pour les Juifs, et un pays juif pour les Arabes »

Dans une tribune au « Monde », Ahmad Tibi, vice-président de la Knesset, estime qu’Israël est devenu un régime d’apartheid avec l’adoption de la loi définissant le pays comme « État-nation du peuple juif »
Tribune. En dépit du fait que nous vivons ici depuis des siècles, Israël a, depuis sa fondation, en 1948, tenté de faire en sorte que ses citoyens palestiniens, les survivants de la Nakba, se sentent comme des étrangers dans leur propre patrie. Alors que les Israéliens instauraient un système de discrimination institutionnelle contre les citoyens non juifs, ils ont veillé à préserver les apparences en répétant qu’Israël était « la seule démocratie du Moyen-Orient ».
Mais, en réalité, Israël est une démocratie pour les Juifs, et un pays juif pour les Arabes. C’est une théocratie qui a bâti un État comportant deux systèmes séparés : un pour la population privilégiée, les Juifs, et un pour les citoyens palestiniens arabes de seconde classe. Désormais les choses sont plus claires : en approuvant la loi sur « l’État-nation du peuple juif », Israël est officiellement devenu un régime d’apartheid fondé sur la suprématie juive.
Lire aussi : Le projet de Loi fondamentale inquiète les minorités en Israël
Même avant le vote de cette loi, qui n’accorde les pleins droits politiques et nationaux qu’à la seule population juive, il existait déjà en Israël plus de cinquante dispositions législatives qui ne discriminaient que ses citoyens non juifs. Mais la signification de la nouvelle législation va au-delà de la discrimination immédiate que les citoyens palestiniens d’Israël subissent dans leur accès aux services. En réaffirmant l’annexion illégale de Jérusalem-Est et en validant la poursuite de la colonisation juive, elle vise à renforcer le projet politique d’Israël d’enterrer la solution à deux États dans les frontières de 1967, rendant de fait impossible l’existence de deux États indépendants vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, une solution qu’avait approuvée la communauté internationale, et en particulier l’Europe.
Soutiens internationaux
Le gouvernement israélien s’est senti en mesure de faire passer ce texte, parce qu’il bénéficie du soutien total de l’administration Trump. Les « trois mousquetaires sionistes », comme j’appelle l’équipe du président Trump pour le Moyen-Orient – Greenblatt, Kushner et Friedman – partagent la même idéologie sioniste radicale que l’actuel gouvernement israélien. Ils ne considèrent pas les Palestiniens comme étant égaux en droit et ne sont même pas capables de prononcer des mots comme « droits des Palestiniens » ou « État palestinien ». En plus de la position américaine, l’Union européenne a assuré Israël, à plusieurs reprises, qu’elle ne lui imposerait aucune sanction pour ses violations systématiques du droit international et des résolutions de l’ONU, renforçant ainsi la culture israélienne de l’impunité. Et l’ambassadeur de l’UE à Tel-Aviv ne cesse de répéter que l’Union européenne et Israël « partagent les valeurs de la démocratie, de l’État de droit et du respect des droits de l’homme ».
Aujourd’hui, l’Union européenne se doit d’agir en vertu de ses propres principes. L’accord d’association UE-Israël stipule dans son article 2 que « les relations entre les parties, tout comme les clauses de l’accord lui-même, seront fondées sur le respect des droits humains et des principes démocratiques qui guident leur politique nationale et internationale et constitue un élément essentiel du présent accord ».
La loi sur l’État-nation du peuple juif prive du droit à l’autodétermination l’ensemble des Palestiniens, c’est-à-dire la « population non juive » vivant sur le territoire historique de la Palestine, qui englobe Israël et les territoires occupés de Palestine : chrétiens, musulmans et Druzes, du Jourdain à la Méditerranée et de la Galilée aux étendues désertiques du Naqab/Néguev. Cela représente plus de 50 % de la population totale vivant sous contrôle israélien. L’Union européenne est-elle disposée à accepter la réalité de cet apartheid comme faisant partie des prétendues « valeurs partagées » entre Israël et l’UE ? Quel est le représentant européen qui osera déclarer que cette situation relève des « principes démocratiques » qui conditionnent l’accord d’association UE-Israël ?
« Israël ne peut plus prétendre au statut de démocratie »
Les défenseurs d’Israël, notamment ceux qui pratiquent la hasbara [propagande], ne manqueront pas de souligner que la présence de quelques citoyens palestiniens dans la Knesset israélienne est la preuve que le pays reste une démocratie. Or, la nouvelle loi ne mentionne pas une seule fois ce terme. Ce qui importe, c’est que la démocratie va bien, au-delà de notre présence au Parlement, et aujourd’hui Israël ne peut plus prétendre au statut de démocratie. En effet, la Knesset refuse systématiquement de discuter de tout projet de loi demandant l’égalité pleine et entière pour tous les citoyens de l’État, sans distinction religieuse ou nationale. Le projet de loi que je soumets chaque année pour demander qu’une part égale de terre soit allouée à tous les citoyens est à chaque fois rejeté. Premier partenaire commercial d’Israël, l’Europe dispose de suffisamment de moyens pour stopper cette folie sioniste extrémiste
L’ethnocratie israélienne s’est officiellement transformée en un régime d’apartheid. Cette situation ne changera pas tant qu’Israël ne paiera pas le prix de son racisme, de son arrogance et de ses violations du droit international. L’Union européenne et ses États membres peuvent choisir de continuer à encourager cette politique systématique en fermant les yeux sur la réalité, ou bien ils peuvent agir pour préserver la possibilité d’une paix juste et durable qui garantisse les droits de tous : Israéliens et Palestiniens, chrétiens, Druzes, musulmans et Juifs. En tant que premier partenaire commercial d’Israël, l’Europe dispose de suffisamment de moyens pour stopper cette folie sioniste extrémiste encouragée par l’administration Trump. Nous respectons l’histoire et les valeurs européennes. Nous sommes impatients de voir ces valeurs à l’œuvre et d’en éprouver les effets.
Traduit de l’anglais par Gilles Berton
Ahmad Tibi est un ancien conseiller du président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat. Il a été membre de la délégation palestinienne qui a négocié les Accords de Wye Plantation en 1998. Il a démissionné de ses fonctions en 1999 pour se présenter à la Knesset. Il est élu sur la liste d’union arabe pour le parti Ta’al (Mouvement arabe pour le renouveau)
Source :© Ahmad Tibi : « Israël est une démocratie pour les Juifs, et un pays juif pour les Arabes »