Les adhérents sont appelés à choisir leur président. Quel candidat gagnera les voix d’Aurélien Pradié au second tour?
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Dans quelques heures, le verdict tombera. Qui d’Éric Ciotti ou de Bruno Retailleau l’emportera? Dans la dernière ligne droite de la campagne pour la présidence de LR, les deux finalistes et leurs équipes voulaient y croire. Pour eux, le premier enjeu sera de réussir à obtenir une participation aussi forte que celle du premier tour (72 %) et de convaincre les abstentionnistes. Jusqu’à la dernière minute, les deux candidats ont sillonné la France pour aller à la rencontre de leurs électeurs.
Deuxième enjeu, parvenir à mobiliser les troupes d’Aurélien Pradié et ses
14.765 électeurs. À ce jeu, Éric Ciotti pourrait être en position de force. Si Aurélien Pradié a décidé de ne donner aucune consigne de vote, comme il l’a indiqué au Figaro , quasiment tous les parlementaires qui le soutenaient ont décidé de voter pour Éric Ciotti au second tour et de l’accueillir dans cet entre-deux-tours. «On ne cache pas que pour nous, c’est Ciotti, sinon ça nous donne des boutons», confie un soutien d’Aurélien Pradié.
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Le député du Lot et ses amis s’interrogent sur la suite: faut-il rester à l’extérieur ou intégrer la direction et peser de l’intérieur? «On a trop vu Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse disparaître quand ils ne faisaient pas partie de LR», glisse un ami d’Aurélien Pradié. Encore faut-il obtenir des postes clés et des places au bureau politique comme à la commission nationale d’investiture, deux lieux stratégiques pour peser sur les orientations du parti.
De son côté, Bruno Retailleau, qui peut compter sur le soutien de Xavier Bertrand, de Gérard Larcher comme de nombreux parlementaires, a fait campagne sur sa volonté de rupture et de renouvellement. Une offre qui pourrait aussi séduire une partie des électeurs d’Aurélien Pradié. «Il faut comprendre que si nous avons perdu 10 millions d’électeurs en quinze ans, ce n’est pas parce qu’ils n’ont rien compris ou que nous aurions tout bien fait, confiait le candidat quelques heures avant la clôture du scrutin. Nous devons nous remettre en question car trop souvent, nous n’avons pas été à la hauteur de nos promesses. C’est pour cette raison que tout changer est la condition du redressement. Sans cela, nous sommes morts.» En toile de fond, la rupture avec le sarkozysme s’est invitée dans la campagne et Bruno Retailleau, tout en reconnaissant la «campagne exaltante» et la «victoire éclatante» de 2007, n’a pas hésité à rappeler les «déceptions» liées au quinquennat de Nicolas Sarkozy. «C’est à partir de là que beaucoup nous ont quittés», a-t-il estimé.
Clarification de la ligne
«À quoi ça sert de ressasser le passé? Préparons l’avenir», rétorquait Éric Ciotti, jeudi soir, en réunion publique à Paris. Manière de se différencier de son opposant. Surtout, Éric Ciotti, qui a rejeté jeudi soir «toute compromission», a voulu couper court aux éventuelles critiques sur des alliances qu’il pourrait nouer à la tête de LR: «En 2017 ou en 2022, je n’ai jamais voté Emmanuel Macron (…) et pour ceux que ça inquiéterait, j’ai voté blanc au second tour les deux fois.» Façon de répondre aussi à la demande d’Aurélien Pradié, dans Le Figaro, mercredi. Le candidat battu pressait les deux finalistes de dire «très clairement que Les Républicains ne pactiseront ni avec Emmanuel Macron, ni avec Éric Zemmour ni avec Marine Le Pen». «Nous ne sommes pas solubles avec Emmanuel Macron. C’est mon différend essentiel avec Nicolas Sarkozy», appuie Bruno Retailleau qui dénonce une «opération de déstabilisation de la droite française» orchestrée par la macronie.
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Cette question d’une clarification de la ligne constitue d’ailleurs l’une des premières urgences à laquelle le sénateur de la Vendée répondrait immédiatement en prenant la présidence de LR, en assumant «des convictions et des valeurs sereinement mais sans outrance, ni coups de menton». Selon lui, cela implique la fin «des vieilles pratiques». Suite à la publication d’un article de Libération mettant en doute la fiabilité de l’enregistrement des électeurs dans les Alpes-Maritimes – «une boule puante» de fin de campagne, rétorquent les soutiens d’Éric Ciotti -, Bruno Retailleau a adressé un courrier à la haute autorité du mouvement LR réclamant des mesures pour «renforcer la sécurité et donc la légitimité du second tour». Une démarche préventive car en cas de résultats très serrés dimanche, les soutiens de Bruno Retailleau comptent reposer la question.
«Toute ma vie j’ai rassemblé (…) j’ai toujours respecté mes adversaires», plaide Éric Ciotti en voulant contrer le «Tout sauf Ciotti». Ces dernières heures, il a d’ailleurs affiché, outre le soutien de Laurent Wauquiez et des amis d’Aurélien Pradié, celui de Rachida Dati, de Christian Jacob ou encore de François Baroin. Éric Ciotti, arrivé en tête au premier tour, veut y croire. Bruno Retailleau aussi. «Nous avons déjoué les pronostics dimanche dernier, on peut aussi créer la surprise dimanche prochain, rétorque-t-il Aujourd’hui, les militants sont devenus très autonomes. Et je suis persuadé qu’ils feront leur propre choix.»