Mireille K., rescapée de la rafle du Vél’ d’Hiv en juillet 1942, a péri vendredi dans l’incendie de son appartement de Paris. Elle portait des traces de coups de couteau.
Le parquet de Paris a ouvert, lundi 26 mars, une information judiciaire pour « assassinat » à caractère antisémite à la suite du meurtre vendredi à Paris d’une octogénaire de confession juive, a fait savoir une source judiciaire.
Deux suspects vont être présentés dans la journée à un juge d’instruction en vue de leur éventuelle mise en examen, notamment pour « assassinat à raison de l’appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion et sur personne vulnérable ».
Le parquet, qui a également retenu les chefs de « vol aggravé » et de « dégradation du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes », a requis leur placement en détention provisoire.
Le corps de la vielle femme avait été retrouvé en partie carbonisé vendredi peu avant 19 heures dans son appartement du 11e arrondissement de Paris, où elle vivait seule. Les policiers se sont rapidement orientés vers la piste criminelle, après la découverte de plusieurs départs de feu dans l’appartement et de traces de coups de couteau sur le corps de la victime, selon une source proche du dossier.
« Crime barbare »
Cette femme, Mireille K., était « de confession juive », a souligné dimanche soir dans un communiqué le Bureau de Vigilance Contre l’Antisémitisme (B.N.V.C.A) par l’intermédiaire de son Président, Sammy Ghozlan. C’était « une rescapée de la rafle du Vél’ d’Hiv » en juillet 1942, a précisé sur sa page Facebook le député UDI Meyer Habib, après s’être entretenu avec l’un des fils de la victime.
La Confédération des Juifs de France et des Amis d’Israël (C.J.F.A.I) a demandé aux autorités de ne pas récidiver l’erreur de «L’Affaire Sarah Halimi» et de reconnaître immédiatement le caractère antisémite de cette tragique affaire.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), quant à lui, « attend des autorités la plus totale transparence dans l’enquête en cours afin que les motifs de ce crime barbare soient connus de tous le plus rapidement possible », a-t-il souligné dans un communiqué.
Le souvenir de Sarah Halimi
Le président du Consistoire israélite, Joël Mergui, a de son côté dit vouloir « comprendre ce qui s’est passé et ne pas laisser se reproduire le silence qui avait suivi l’assassinat de Sarah Halimi, il y a un an, dans le même arrondissement ».
En avril 2017, Sarah Halimi, une juive orthodoxe de 65 ans, avait été tuée à Paris par son voisin. Aux cris d’« Allah Akbar », entrecoupés d’insultes et de versets du Coran, le jeune homme l’avait rouée de coups sur le balcon, avant de la précipiter dans le vide.
Après des mois de bras de fer judiciaire, le caractère antisémite du meurtre a été retenu par la juge d’instruction au début de mars. Ce meurtre, aux circonstances d’abord confuses pour les enquêteurs, avait au fil des semaines suscité une vive émotion dans la communauté juive et au-delà.
« Nous avons pris des mois et des mois à caractériser ce qui était une évidence pour ceux-là même qui avaient constaté le crime », avait relevé le président Emmanuel Macron lors du dîner du CRIF, le 7 mars.
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D’après une dépêche AFP