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Candidate de LREM à Paris, Agnès Buzyn est allée, dimanche, à la rencontre des habitants du 17e arrondissement. BENOIT TESSIER/REUTERS

L’ancienne ministre de la Santé tente d’imprimer sa marque malgré des tensions en interne.

«L’effet Buzyn» se serait-il déjà émoussé? Passée la surprise de sa déclaration de candidature, dans la foulée du retrait retentissant de Benjamin Griveaux, l’ex-ministre de la Santé, propulsée à la tête d’une campagne chancelante, doit désormais confirmer la dynamique pour espérer doubler Rachida Dati, sa concurrente des Républicains. «Le soufflé est déjà en train de retomber, constate un conseiller de Paris La République en marche. C’est monté vite pendant quarante-huit heures, puis le terrain d’atterrissage s’avère difficile.»À lire aussi : À Paris, le choix d’Agnès Buzyn redonne le moral aux Marcheurs

Agnès Buzyn étrenne ses nouveaux habits de candidate en tentant pourtant de faire de son inexpérience son meilleur atout. En visite mardi à la Goutte d’Or, la responsable macroniste, qui réside dans le VIe arrondissement, reconnaît volontiers qu’elle méconnaît ce quartier sensible du Nord de Paris. «Ce n’est pas une pro de la politique, il faut faire de cette différence une force. On travaille sur cette fraîcheur, qui n’enlève rien de ses compétences par ailleurs», révèle un acteur de la campagne. «Les gens viennent me voir pour me dire “je sais enfin pour qui je vais voter”», se targue la candidate, qui cherche à capitaliser sur son image consensuelle.

Elle aurait pu éviter de dire qu’elle avait eu à gérer des choses plus compliquées que la mairie de Paris…

Un élu du Conseil de Paris

«La campagne prend bien, en dix jours elle a su donner une ligne», encourage Mounir Mahjoubi, député LREM de Paris. Pourtant, sur le terrain, «des Parisiens nous demandent pourquoi elle a quitté le ministère en pleine épidémie du coronavirus», remarque un élu du Conseil de Paris. «Elle aurait pu éviter de dire qu’elle avait eu à gérer des choses plus compliquées que la mairie de Paris… On parle quand même d’un budget de dix milliards d’euros», soupire un autre.

Avant d’envisager d’un grand meeting – dont l’organisation fait débat au sein de l’équipe de campagne – la médecin de formation s’exerce et se teste en petit comité. Comme mercredi soir, dans le IIIe arrondissement, où elle partageait la scène avec Pacôme Rupin, tête de liste de Paris Centre. Une intervention timide d’une petite vingtaine de minutes, et l’occasion pour Agnès Buzyn de défendre son projet, le «socle» hérité de Benjamin Griveaux, doté d’un volet social et écologique «plus appuyé».

«C’est déjà la guerre»

L’ombre de l’ancien candidat, empêché après la diffusion de vidéos intimes, plane toujours sur la campagne. Un peu trop, aux yeux de certains. «Le nom et la photo sur les affiches ont changé, mais le dispositif reste le même», pointe un responsable LREM. En témoigne, selon lui, la tentative avortée de rassemblement avec Cédric Villani, candidat exclu du parti macroniste, et la mise à l’écart d’Hugues Renson. Le vice-président de l’Assemblée nationale, soutien de Cédric Villani, a échangé avec le président de la République et était prêt à rejoindre la campagne d’Agnès Buzyn. Sauf que le délégué général du parti, Stanislas Guerini, lui a opposé une fin de non-recevoir «au motif qu’il voulait sécuriser la place sur les listes des proches de Benjamin Griveaux», rapporte un élu.À lire aussi : Municipales: «Aucune histoire n’est jamais écrite à l’avance», affirme Stanislas Guerini

«Ils préfèrent perdre seuls que tenter de gagner tous ensemble. LREM est dirigée par un clan, c’est une vendetta menée par des boy-scouts. La main tendue est une posture de plateau TV», s’insurge un parlementaire, qui s’interroge sur «sa place au sein du mouvement». «On a créé un monstre, abonde un référent LREM parisien. On renie nos valeurs, on a créé un système avec des alliances au détriment des marcheurs qui sont relégués en queue de liste. C’est simple, sur les marchés, il n’y a plus que les colistiers, les autres ont déserté la campagne.»

Le positionnement stratégique de la candidate, jugé trop à droite aux yeux d’une partie des marcheurs, est aussi source de tensions. Si Agnès Buzyn devait se qualifier pour le second tour en troisième position derrière Anne Hidalgo et Rachida Dati, comme les sondages le laissent présager, de nombreux élus s’attendent à voir fleurir des accords avec Les Républicains. Dans certains arrondissements, des «deals» seraient même déjà bien engagés. Or, «appeler à voter pour Rachida Dati, c’est une ligne rouge», prévient un député LREM issu de l’aile gauche, prêt à larguer les amarres si un tel scénario venait à se réaliser.À lire aussi : Guillaume Tabard: «Rachida Dati et Agnès Buzyn, rivales et complémentaires à la fois»

Les élections municipales pourraient donc être le déclencheur d’une «implosion» ou d’une «explosion» du parti, anticipent certains. «C’est déjà la guerre», raconte une élue LREM. Et notamment entre Stanislas Guerini, patron de LREM, et son adjoint, Pierre Person. Le dialogue semble rompu entre le premier, un proche de Benjamin Griveaux, et le deuxième, qui avait, la semaine dernière, lancé un ultime appel au rassemblement dans la campagne parisienne.

Source: ©Municipales: Agnès Buzyn, une candidate en terrain miné à Paris

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