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Une gravure représentant Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) à Salzbourg. Illustration de Carl Schweninger vers 1900. – Crédits photo : Rue des Archives/CCI

[perfectpullquote align=”full” bordertop=”false” cite=”” link=”” color=”#993300″ class=”” size=””]L’animatrice Ève Ruggieri consacre un dictionnaire amoureux au génie de Salzbourg. Une somme documentaire aussi exhaustive qu’originale[/perfectpullquote]

Quel temps faisait-il le 8 avril 1785, à Vienne, lorsque Léopold rendit visite à son fils? Quel était le nom du fox-terrier chéri par tous les membres de la famille Mozart? À combien s’élevait le montant des dettes du compositeur lorsqu’il rendit son dernier souffle le 5 décembre 1791? De quelle couleur était son habit lors de son premier séjour viennois en 1762?

Ce n’est là qu’un très mince aperçu des innombrables questions auxquelles Ève Ruggieri apporte des réponses dans son Dictionnaire amoureux de Mozart, paru il y a tout juste un mois chez Plon. Pas moins de trois ans et demi de travail ont été nécessaires à l’animatrice et productrice radio, passionnée d’Histoire et d’histoires, pour venir à bout de cette somme documentaire de plus de 800 pages, forcément très personnelle et subjective. Mais, à la lecture de l’ouvrage, on devine que ce dernier est l’œuvre d’une vie entière. Faite de menus plaisirs et de grandes découvertes. D’anecdotiques viatiques, glanés au fil de ses lectures scientifiques ou de façon acroamatique, et qui nourrissent ce voyage en terre mozartienne.

Inénarrable narratrice

Certes, il se trouvera toujours quelque aréopage fort calé pour pointer du doigt les quelques approximations musicologiques ou terminologiques de ces aéro-pages décalées. Mais rendons à Ève son péché originel: la tentation du savoir et de la passion contagieuse. Car nul ne saurait retirer à cette inénarrable narratrice de l’histoire musicale ce talent qui fait la joie de ses auditeurs depuis plusieurs décennies: l’art de faire voyager celui qui la lit ou l’écoute par l’universalité et l’humanité de ses récits. En multipliant ici les allers-retours entre sa propre enfance et celle de Mozart, en mêlant l’épisodique à l’épistolaire, en pratiquant la rencontre des arts, elle abolit les frontières du temps et de l’espace, et nous transbahute sans ménagement sur les chemins souvent chaotiques arpentés par Wolfgang lui-même tout au long de sa vie et de sa carrière. Mettant à bas, par la même occasion, quelques images d’Épinal: le père exploiteur d’enfants, l’épouse écervelée, la sœur béate d’admiration devant le génie de son petit frère…

Comme toute conteuse qui se respecte, Ruggieri soigne son entrée et sa sortie. Sa croisière amoureuse vers l’Europe mozartienne lève l’encre avec un abécédaire renvoyant tout aussi bien à la naissance du langage qu’à celle de la mémoire collective et individuelle. Elle rentre au port avec Stefan Zweig se donnant la mort. Mais s’il y a un fil à ce récit, celui-ci est surtout conducteur, et bien trop éclectique pour que l’on ne cède à la délicieuse tentation de picorer ce festin à l’envie. Composant son menu au gré de sa fantaisie ou du hasard. Du Miserere d’Allegri aux Danaïdes de Salieri. De duos en duels. De Puchberg à Pouchkine… Tout ce que vous avez toujours voulu savoir (ou pas) sur Mozart, dans le style disert et direct propre à Ève Ruggieri.

Dictionnaire amoureux de Mozart, Plon, 845 p., 25 €.


 

Source: Mozart effeuillé

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