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À la manœuvre depuis le début de la crise, le président français a joué un rôle de « facilitateur » entre les différentes sensibilités européennes pour arracher un compromis.

Empilage de compromis, l’accord obtenu à l’arraché à Bruxelles est considéré comme une «victoire» par Emmanuel Macron, à qui la stabilité politique et les convictions européennes ont permis de jouer au chef d’orchestre sur la question des migrations. Le président français a joué un rôle de «facilitateur», de pont entre des sensibilités européennes aux antipodes pour imposer une voie médiane et un équilibre entre «responsabilité» et «solidarité».

Depuis le début de la crise, il a été à la manœuvre, poussant les propositions françaises et rencontrant, en amont, les pays rebelles de l’Union européenne. C’est lui qui fut aussi à l’origine de la proposition franco-italienne qui a servi de base aux conclusions du sommet. Emmanuel Macron s’est félicité d’un accord qui «écarte le repli national» et confirme l’approche européenne. «C’est pour moi une vraie satisfaction et une victoire. L’Europe s’est décidée, même si ça prend du temps.»

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Sur la base du volontariat

Le consensus était vital pour éviter une dislocation de l’Union, alors que la pression des flux migratoires menace de mettre un terme au rêve européen. Après des années de déni de la question migratoirepar les gouvernements précédents, il est louable que la France tente de mettre de l’huile dans les rouages pour faire émerger une solution commune à l’Europe. La politique du «en même temps» – rester ferme sur les principes de l’UE tout en donnant des gages aux populistes italiens et aux rebelles de l’Est – a permis d’éviter un fiasco européen à Bruxelles.

L’avantage des compromis, c’est qu’ils favorisent une solution commune. Leur inconvénient, c’est qu’ils laissent souvent les protagonistes sur leur faim.

Il pourrait cependant s’agir d’une victoire en trompe-l’œil. L’avantage des compromis, c’est qu’ils favorisent une solution commune. Leur inconvénient, c’est qu’ils laissent souvent les protagonistes sur leur faim. Bien que salué par tout le monde, l’accord n’a pas permis de lever les divisions entre groupes de pays européens. Or il stipule que les «centres contrôlés» et la répartition des migrants se feront sur la base du volontariat, Paris et Berlin ayant renoncé à imposer des quotas.

Dans la mesure où les pays de Visegrad – Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie – et l’Autriche ne veulent pas en accueillir et que l’Italie a annoncé que ses ports resteraient fermés cet été, le poids migratoire risque d’être concentré sur un petit nombre de pays. Même Angela Merkel, la plus ouverte de toutes sur le sujet, n’a plus les mains libres depuis qu’elle est prise en otage par ses alliés bavarois, qui veulent renvoyer les migrants vers le sud, où ils se sont enregistrés. Le président français et son entourage, qui redoutent que les forces populistes dominent le Parlement européen aux élections de 2019, insistent sur la nécessité d’agir plus fermement vis-à-vis des migrations.

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Pas de centres en France

Mais il est probable que l’accord de Bruxelles ne soit pas suffisant. En France, où un dernier sondage révèle que 60 % des personnes interrogées considèrent que le pays accueille trop de migrants, l’accord a été critiqué par la gauche et par la droite. Pour des raisons opposées, la première considérant que l’accord est trop dur vis-à-vis des migrants, la seconde qu’il ne va pas assez loin. De l’est à l’ouest en passant par le centre et le sud, les peuples européens sont de plus en plus nombreux à exiger dans les urnes une politique de fermeture des frontières ou au moins de restriction de l’immigration.

Emmanuel Macron a assuré que la France «n’ouvrira pas de centres» de migrants sur son sol. Mais que se passera-t-il si elle devient l’un des seuls pays européens volontaires à la poursuite d’une politique d’accueil? En France comme dans d’autres pays d’Europe occidentale, la prise de conscience est si tardive que la réaction, préparée en urgence, pourrait ne pas être à la hauteur du défi. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs reconnu: «L’accord ne règle en rien à lui seul le phénomène migratoire, ni les crises politiques liées.»



Isabelle Lasserre
Journaliste Grand reporter au service étranger du Figaro

Source : ©Migrants: Emmanuel Macron et la France rassemblent, mais les divisions demeurent

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