Interview de Nicole Klein, Préfète de Loire-Atlantique
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ÉDITORIAL
Il est toujours intéressant de faire des analyses comparatives pour comprendre le comportement humain et ce qu’il reflète de la société.
Le 26 juillet 2016, Nicole Klein était en poste en Seine-Maritime au moment de l’assassinat, à Saint-Etienne du Rouvray, du père Hamel. Comme elle le raconte dans l’interview ci-dessous, elle précise les conditions qui l’ont amené à donner l’ordre de tirer sur les deux islamistes qui avaient pris d’assaut la chapelle. Elle explique: «Ils sont sortis en criant «Allahou Akbar!». J’ai pris ma décision. Je n’en tire aucune fierté. ».
Étrange, on se retrouve exactement dans le même cas de figure auquel devait faire face le Préfet Michel Cadot, Préfet de Paris, dans le cas de madame Sarah Halimi. Malheureusement pour Sarah, le Préfet de Paris n’a pas eu la même analyse que Nicole Klein, ce qui a été fatal à madame Halimi.
La question qui revient de manière récurrente sur la responsabilité de la Police, ou en tout cas , de la chaîne de commandement ayant abouti à cette inaction, est à nouveau sur le tapis.
Oui, dans un cas similaire, sur le seul fait que l’on est entendu «Alla ou Akbar » la décision adéquate a été prise par la préfète! Pourquoi donc, il n’en a pas été de même dans le cas de Sarah Halimi ? L’enquête a démontré que la mort de Sarah Halimi était due à sa défenestration et qu’elle aurait certainement survécu aux actes de barbarie qu’elle avait subi. Alors pourquoi ? Oui, Pourquoi ? La décision de non intervention est-elle imputable au Préfet de Police, ou directeur général de la police nationale qui devait informer le ministre, ou au Ministre lui-même ?
La question, en tout état de cause, mérite d’être posée. Ne fusse que par respect envers la famille de la victime !
C’est donc à bon escient que Maître Goldnadel a déposé sa plainte pour non-assistance à personne à danger, et c’est à bon escient que le Comité de Soutien «Vérité et Justice pour Sarah Halimi» veut avoir les réponses adéquates à ces interrogations.
Et c’est une erreur incompréhensible de la part des autres conseils qui s’y opposent sous de fallacieux prétextes.
Nous espérons, très sincèrement, que l’enquête sur ce point prospérera, qu’une information judiciaire sera ouverte et qu’un Juge d’Instruction ( peut-être le même que dans l’Affaire Sarah Halimi mais cela n’est pas obligatoire) sera très rapidement désigné par le procureur afin d’éclaircir les raisons de ces multiples dysfonctionnements.
Le présent interview de madame la préfète Nicole Klein accentue notre malaise sur les conditions d’intervention des forces de police dans le cas Sarah Halimi !
Enfin, si l’on peut justifier la non qualification d’assassinat avec circonstance aggravante d’antisémitisme afin d’éviter la constitution de partie civile par de multiples associations anti-racistes, ce qui encombrerait l’instruction, et si l’on peut supposer que cette qualification viendra plus tard dans le cours de l’instruction (ce que l’on peut vivement supposer , le contraire serait alors insupportable), on ne comprend vraiment pas les raisons pour lesquelles la circonstance aggravante d’assassinat précédé d’actes de barbaries n’a pas été retenue !!!
La Justice se prononce au nom du peuple français, elle est indépendante et libre, elle ne doit certainement pas être sujette aux pressions de l’exécutif ou des présidents d’associations, mais elle se doit d’écouter les cris de douleur du peuple français !
Nous croyons à la Justice de notre pays tant qu’elle se comporte de manière équitable et qu’elle n’intègre pas dans son équation l’ethnie, la religion ou l’opinion politique tant de l’agressé que de l’agresseur.
Cependant, il est bon de rappeler que cela n’a pas toujours été le cas dans notre histoire, notamment quand la victime était juive.
Nous sommes sûrs, bien entendu, que tel n’est pas le cas dans l’affaire qui nous intéresse mais il est utile de le rappeler au moment où un juge est renvoyé en correctionnel pour avoir manqué à son devoir élémentaire d’impartialité et au moment où l’idéologie gangrène toute notre société.
Nous restons donc vigilants ! Confiants dans notre Justice et dans nos Institutions !
Oui, nous restons optimistes et confiants mais surtout vigilants !
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Nicole Klein : «Ils sont sortis en criant : “Allahou Akbar !” J’ai pris ma décision»
INTERVIEW – Préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein était en poste en Seine-Maritime au moment de l’assassinat du père Hamel, le 26 juillet 2016. C’est elle qui a donné l’ordre de tirer sur les deux islamistes.
Comment décide-t-on d’un tel ordre? Seule?
Je pense que ces jeunes islamistes radicaux voulaient mourir. Ils sont sortis en criant «Allahou Akbar!». J’ai pris ma décision. Je n’en tire aucune fierté. Le dispositif était constitué de la BRI et de la BAC. Le directeur départemental de la sécurité publique le coordonnait, en présence du directeur régional de la PJ. Il m’a appelée pour me demander la conduite à tenir. J’ai jugé que les conditions étaient réunies et que nous avions les effectifs suffisants pour agir. La procédure a été suivie. J’ai fait mon travail.
Il n’a pas été nécessaire de demander à Bernard Cazeneuve?
Non. Cependant, au-delà du préfet territorialement compétent, le directeur général de la police nationale informait le ministre. Il savait minute par minute ce qui se passait. Mais la décision m’incombait, en tant que responsable de l’ordre public dans mon département. C’est le rôle d’un préfet.
Aurait-on pu éviter le drame? Comment vivez-vous aujourd’hui cet épisode?
Nous avons fait un retour d’expérience entre préfets, fin mai, à Nantes. L’un des deux terroristes, Abdel Malik Petitjean, était inconnu de nos services, mais pas le second, Adel Kermiche. Il était fiché S. Son nom était cité dans les réunions de sécurité que je présidais chaque semaine, quand nous faisions le point sur les personnes pouvant présenter un risque. Mais aucun signe précurseur n’était remonté. Le lieu de l’attaque était totalement improbable: une petite église en bas d’un village, cinq personnes à la messe. Le juge avait considéré que Kermiche pouvait bénéficier d’une liberté conditionnelle. Et il est sorti le jour dit, à l’heure autorisée. Comment prévoir?
Cette affaire est-elle celle qui vous laissera le plus de traces?
Indéniablement. Je suis sortie de l’ENA en 1987, j’ai une certaine ancienneté dans la carrière de préfet et j’ai vécu des affaires difficiles, mais cet acte de barbarie était insoutenable. C’est pour cela que je n’ai eu aucune hésitation. D’ailleurs, fait assez rare pour être souligné, personne n’a contesté la décision prise.
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sitbon yvette
j’ose esperer que l’événement sera requalifié et nous attendons fermement qu’il le soit