Édito. La souris accouche d’une montagne. Ce qui paraissait au départ n’être qu’une affaire subalterne se change en affaire d’État. Pourquoi ? A cause du mensonge. Il n’y avait pas, place de la Contrescarpe, dérapage en cours de manif, incident mineur, mais usurpation de fonction, extravagante sortie de route d’un chargé de mission à l’Élysée. La loi faisait obligation de dénoncer l’affaire à la justice. La présidence et la Place Beauvau ont préféré la dissimulation. Mensonge aussi sur le fait que le coupable a été mis sur la touche, alors qu’une myriade de vidéos montre Benalla, bien après les faits incriminés, au premier rang de manifestations officielles. Drôle de mise au placard… On apprend ensuite que le même mouton noir supposé est un coq en pâte : il bénéficie d’un appartement de fonction dans une dépendance de l’Élysée. La vérité apparaît : le gorille n’a pas été sanctionné, mais protégé. Pourquoi et sur ordre de qui ? On craint de comprendre : Alexandre Benalla vivait dans l’intimité du couple présidentiel, accompagnait le chef de l’Etat dans ses visites officielles mais aussi dans ses activités privées, au tennis, au ski ou pendant ses vacances. Pourtant, il existe un service spécialisé chargé de veiller jour et nuit sur le Président et sa famille. Pourquoi cette méfiance à leur égard, cette volonté de s’en remettre à un affidé, alors même qu’il est connu pour son impulsivité ?
L’affaire, en tout cas, pourrait bien marquer le quinquennat. Peut-être est-ce l’indice qui révèle la véritable origine de la défaveur du Président dans l’opinion. Peu à peu, les Français, séduits par un jeune homme audacieux, optimiste, cultivé, qui parle cash et incarne la fonction, se demandent qui ils ont vraiment élu. Un Eliacin qui rénovera la République ? Ou bien un homme d’ambition et d’opportunisme, qui mène sa barque entouré de sous-mousquetaires faits par lui, entre commando et start-up ? La question n’est pas tranchée. Mais elle se pose.
Laurent Joffrin
Source : ©Mensonges
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ULMO
Cette affaire,(anodine et grave à la fois) montée en épingle et qui s’est transformé en combat politique pour une opposition terne, a bout de souffle et non constructive, nuit surtout à l’image de la France, beaucoup plus qu’à celle du Président de la République. Ce sont surtout les auteurs de “fausses-nouvelles” concernant l’Elysée qui devrait être sanctionnés