
Le président a conclu vendredi sa visite d’État par une escale en Louisiane, où l’on dénombre 200.000 francophones. Il y a rencontré le patron de Twitter, Elon Musk.
Emmanuel Macron a choisi La Nouvelle-Orléans, la plus française des villes américaines, pour clore sa visite d’État aux États-Unis, laissant de côté un moment les dossiers lourds de la relation bilatérale pour un final «entre amis».
«C’était 1976 la dernière fois, ça fait longtemps», a-t-il dit vendredi soir (dans la nuit en France) aux Louisianais réunis pour l’écouter dans le grand hall du New Orleans Museum of Art (NOMA). Il faisait référence à la dernière visite d’un chef de l’État français, celle de Valéry Giscard d’Estaing en 1976, lui-même marchant sur les traces de Charles de Gaulle en 1960. Comme eux, le président Macron a été accueilli avec chaleur et enthousiasme, une parenthèse dans les rudesses de la politique dont il ne s’est pas privé de profiter à plein.
Une «discussion claire et franche» avec Elon Musk
«J’ai le sentiment d’être à la maison, vraiment», a affirmé le chef de l’État, évoquant «une familière étrangeté» dans cette ville fondée en 1717 par le Français Jean-Baptiste Le Moyne, sieur de Bienville. Il a annoncé un effort accru de son gouvernement pour soutenir la francophonie en Amérique, notamment par la formation de nouveaux professeurs, ironisant sur le choix de l’anglais pour nommer cette initiative «French for all», financée par le mécénat. La langue française «c’est vraiment un combat ici», a reconnu Emmanuel Macron, se disant néanmoins «convaincu que le français est une langue d’avenir», notamment grâce à la croissance démographique de l’Afrique. Il a aussi exalté l’organisation internationale de la francophonie, «qui n’appartient pas à la France et qui est, par essence, un projet politique de non-alignés».
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Son discours au NOMA a été précédé par un entretien d’une heure avec Elon Musk, le PDG de Tesla, SpaceX et désormais Twitter, venu spécialement à La Nouvelle-Orléans pour le rencontrer. «Nous avons eu une discussion claire et franche», a fait savoir Emmanuel Macron sur Twitter… et en anglais. «Nous avons échangé sur des projets industriels verts à venir, comme la fabrication de véhicules électriques et de batteries», a-t-il dit sans plus de précisions. Il a en outre insisté pour que le réseau social fasse des «efforts» en matière de transparence et de «renforcement de la modération des contenus. Il n’y a nulle place pour les contenus terroristes et extrémistes violents. Nous allons travailler avec Twitter pour améliorer la protection en ligne des enfants . «Absolument», a répondu Elon Musk, en français.
Cette convergence de vues a coïncidé avec l’annonce de révélations par le PDG du réseau social sur «le dossier Hunter Biden», du nom du fils du président américain, avec lequel le chef de l’État échangeait moult déclarations d’amitié la veille au soir, lors d’un dîner de gala donné en son honneur. Chronologie un peu embarrassante qui le voit s’afficher le lendemain avec un républicain critique du président démocrate et qui promet de dévoiler comment sa propre entreprise aurait étouffé un scandale…
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Ce n’est pas tous les jours qu’on accueille un président étranger ici. Emmanuel Macron est très connu en Amérique! »
Une jeune fille après avoir eu droit à un selfie avec le président
Auparavant, Emmanuel Macron s’était immergé dans le pittoresque French Quarter, accueilli par des centaines de badauds aux cris de «Vive la France» et «Allez les Bleus».«C’est juste fantastique!, se pâmait une jeune fille après avoir eu droit à un selfie avec le président. Ce n’est pas tous les jours qu’on accueille un président étranger ici. Emmanuel Macron est très connu en Amérique!» Le visiteur de marque s’est en tout cas prêté au jeu comme une rock star, donnant des cauchemars aux services de sécurité en allant serrer toutes les mains tendues, et finissant par se hisser en bras de chemise sur le marchepied de sa voiture pour saluer la foule. Il en a tiré ola conclusion qu’en Louisiane, «le français est aimé, est attendu».
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Revenant sur l’étape washingtonienne de sa visite, le président français s’est félicité d’avoir «posé le débat en Européen» sur la loi IRA, qui vise à soutenir les industries américaines dans la transition énergétique. «J’ai expliqué quels étaient les sujets de préoccupation pour nos industries… Je crois que ça a été entendu très clairement par le président Biden, ses équipes et les élus du Congrès». «Maintenant, tout le monde en parle, c’est une bonne chose, a estimé Emmanuel Macron. Le but c’est que l’UE puisse avoir des exemptions. J’ai essayé de démontrer au président que (ce serait) bon pour les États-Unis et bon pour nous. Il faut le faire dans les prochaines semaines. Pour moi, d’ici au début de l’année prochaine, il faut qu’on ait pu régler ce sujet.»
Dans la soirée, sous les douces températures de Louisiane, Emmanuel Macron devait encore s’offrir une «déambulation» au son des orchestres de jazz de Frenchmen Street. Un final dans l’euphorie d’une visite que l’Élysée juge en tous points réussie. Reste à savoir si elle portera les fruits attendus.