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Florence Parly, ministre des Armées, le général François Lecointre (au centre) et Emmanuel Macron, jeudi à Istres.

VIDÉO – Après l’aller-retour sur la fiscalité, le psychodrame Villiers brouille l’image du chef de l’État avant une rentrée difficile.

Quatre mots pour une crise. «Je suis votre chef.» Quatre mots de trop pour Emmanuel Macron, qui, en les lançant la semaine dernière à la veille du 14 Juillet à des militaires estomaqués, a provoqué une vague de défiance de l’armée à son égard. Une crise inédite, donc, et dont l’épilogue témoigne de l’ampleur de la tâche du président de la République pour renouer un lien de confiance avec les militaires.

Mercredi soir, les personnels du ministère des Armées ont très longuement applaudi le départ du chef d’état-major Pierre de Villiers, qui avait annoncé sa démission le matin même, au terme d’un bras de fer intense avec le chef de l’État sur le budget de la Défense. Une démonstration peu commune dans cette institution plutôt réputée pour sa capacité à garder le silence en toutes circonstances. Un camouflet pour Emmanuel Macron, mais surtout un premier accroc dans le costume de monarque républicain qu’il essaye de se tailler sur mesure depuis le soir de son élection à la présidence de la République. Car jusqu’à ces quatre mots, Emmanuel Macron était intouchable. Depuis ces quatre mots, il est à portée de tir. Celui de tous ses adversaires politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par Les Républicains et ce qu’il reste du Parti socialiste, pour une fois unanimes à dénoncer son attitude à l’égard des armées.

Recoller les morceaux

Signe que l’alerte est sérieuse, le président de la République a rompu avec la stratégie de la parole rare qu’il avait lui-même mise en place pour redonner du lustre à la fonction présidentielle. Mercredi, c’est dans le cadre de l’émission «Vélo Club» de France 2, après quelques considérations sur les performances de grimpeur de Warren Barguil et sur les chances de Romain Bardet de remporter l’édition 2017 du Tour de France, que le président de la République a commenté la démission de son chef d’état-major. Jeudi, il a annulé sa participation aux États généraux de l’alimentation, pour pouvoir passer plus de temps avec les militaires sur la base d’Istres qu’il visitait. Il faut d’urgence recoller les morceaux. Et ce d’autant plus vite que la crise intervient à un moment délicat pour Emmanuel Macron. Depuis quelques semaines, sa popularité a commencé à s’effriter. Elle demeure toujours au-dessus des 50 %, mais la rentrée s’annonce complexe pour le chef de l’État avec l’adoption programmée par ordonnances de la réforme du Code du travail et l’élaboration du budget 2018, où figureront de nombreuses mesures d’économies. Dans ce contexte, la crise ouverte avec l’armée peut contribuer à saper l’autorité d’Emmanuel Macron. «Il est urgent de ne pas s’affoler et de se détendre, élude un député de la majorité. À la tonalité de certains commentaires, on se croirait au bord d’un coup d’État militaire.» Emmanuel Macron n’en est certes pas là. Mais le chef de l’État est tout de même pressé de tourner la page de cette mauvaise séquence.

Autour de lui, on insiste d’ailleurs sur sa capacité à se sortir des situations difficiles. «Chaque fois qu’il y a eu un incident de ce type, un incident qui aurait pu laisser des traces, Emmanuel Macron a toujours réussi à redresser la barre», assure l’un de ses proches, pour qui la décision du président de la République «est aussi une mesure préventive à l’égard de tous ceux qui, dans l’administration, pourraient se sentir des velléités d’engager un rapport de force avec le chef de l’État».

[perfectpullquote align=”left” cite=”Un cadre du parti du président” link=”” color=”#993300″ class=”” size=””]«C’est le politique qui gouverne. Ce n’est pas l’administration, fût-elle militaire»[/perfectpullquote]

Avec le général de Villiers, Emmanuel Macron aurait donc fait un exemple pour impressionner. Pour préparer le terrain au «spoil system» à la française qu’il compte mettre en place comme il l’avait annoncé dans sa campagne: passer en revue les quelque 250 directeurs d’administration pour s’assurer de leur loyauté à l’égard du pouvoir. «C’est le politique qui gouverne. Ce n’est pas l’administration, fût-elle militaire, plaide un cadre du parti du président, qui minimise aussi la portée de la démission du chef d’état-major. Il faut aussi regarder le pedigree du nouveau, ce n’est pas un boy-scout non plus.»

Le pari d’Emmanuel Macron est risqué. Il consiste à payer à court terme le prix d’une crise dont il espère qu’elle se traduira à long terme par une reconnaissance de son autorité. À moins qu’elle ne tourne au procès en autoritarisme que ses adversaires, et même certains de ses alliés, ont déjà commencé à lui intenter. Quant à savoir si le chef de l’État a commis une faute politique, «c’est le temps qui répondra à cette question», répond le «constructif» Jean-Pierre Raffarin, qui se montre cette fois sévère à l’égard d’Emmanuel Macron. «Ce conflit aurait pu être évité, assure-t-il dans Le Monde. Il est le chef des armées et on attend de lui qu’il tienne ses engagements.» Parmi les proches du président, on n’affiche en revanche aucun doute sur l’issue de la séquence. Et l’on rappelle le surnom donné à Emmanuel Macron par ses équipes durant la campagne présidentielle: «le boss». En espérant qu’à leur tour, les Français le fassent leur.

Source : Le Figaro Premium – La machine Macron est-elle en train de s’enrayer?

0 Comments

  • sitbon yvette
    Posted juillet 25, 2017 22h34 0Likes

    il était dans le flou, on ne savait que penser, on était dans l’expectative, nous voilà informés, mr 24% se prend une grosse tête car pour être le “chef” il faut autre chose, du charisme, de l’intelligence mais aussi un peu d’humilité et de la maturité. Ce fort en thème, enfant gâté à qui tout réussissait risque de se prendre des gamelles…

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