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DÉCRYPTAGE – Une ligne majoritaire défend le cap d’une droite indépendante pour préparer une alternative en 2027.

Renvoyés régulièrement à la question de leur positionnement stratégique, Les Républicains abritent en leur sein deux courants inégaux mais divergents sur la ligne à suivre.

Source:© LR à la recherche de la bonne stratégie face à Macron, au RN et à la Nupes

D’un côté, un axe largement majoritaire qui fait le pari de la singularité pour survivre ; de l’autre une ligne minoritaire soutenant l’idée d’un rapprochement tactique avec le pouvoir macroniste pour éviter au mouvement LR le risque de l’effacement.

Aujourd’hui, le choix de l’indépendance est soutenu par des personnalités installées à des postes clés de la droite d’opposition. On peut citer le président du Sénat Gérard Larcher, la présidente par intérim du parti LR Annie Genevard ainsi que les trois présidents des groupes parlementaires, le député Olivier Marleix, le député européen François-Xavier Bellamy et le sénateur Bruno Retailleau, lequel fait également partie, avec les députés Éric Ciotti et Aurélien Pradié, des trois candidats actuellement en lice pour la présidence des Républicains. Tous écartent fermement la perspective d’un accord avec Emmanuel Macron. À cette liste, on pourrait aussi ajouter David Lisnard, le maire de Cannes, qui préside l’Association des maires de France.

Les tenants de cette ligne majoritaire se heurtent néanmoins à certaines figures de la droite, Nicolas Sarkozy en tête, qui plaident régulièrement en faveur d’une entente avec le gouvernement, quand la majorité elle-même, de l’Élysée à Matignon, tend des perches. Emmanuel Macron a évoqué récemment l’idée d’une «alliance» et quelques voix LR lui font écho en soutenant l’idée d’un «accord», d’une «coalition», d’un «contrat», voire d’une «cohabitation d’un genre inédit», comme l’a dit récemment Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône, dans les colonnes du Figaro.

Pour justifier l’idée d’un tel accord avec le pouvoir, ces LR renvoient à la situation politique du pays et à la nécessité d’assurer des réformes urgentes face à l’impasse d’un radicalisme parlementaire incarné, selon eux, par le RN et la Nupes. Ils imaginent ainsi un chemin gagnant qui pourrait contraindre Emmanuel Macron à mener une politique de droite dans tous les domaines stratégiques, de la maîtrise des comptes publics à l’immigration en passant par la souveraineté énergétique, etc.

«Sanctionné pour ses erreurs»

En réponse, même s’ils reconnaissent la difficulté de la période, Les Républicains majoritaires écartent avec force toute idée de rapprochement. Malgré un problème de visibilité, ils comptent traverser les turbulences en maintenant une ligne indépendante orientée vers la prochaine présidentielle, comme le soutient le chef de file Olivier Marleix. Autrement dit, la page Macron finira bien par se tourner et le moment venu, une «trentaine de points se retrouveront dans la nature à redistribuer», augure un parlementaire LR, en croisant les doigts pour que la reconstruction promise par sa famille politique permette à la droite de se hisser en position favorable pour reconquérir le pouvoir.

Fabien Di Filippo défend lui aussi la nécessité d’incarner une opposition résolue. D’abord, il rappelle que les parlementaires LR ont été élus contre des candidats de la majorité présidentielle et, donc, pour mener une autre politique que celle conduite par Emmanuel Macron depuis 2017. «S’il n’a pas eu de majorité, c’est parce qu’il a été sanctionné pour ses erreurs. Ne l’oublions pas», insiste le député de la Moselle, qui se sent redevable à l’égard des électeurs restés à droite aux dernières législatives.

Beaucoup dans le parti sont convaincus comme Di Filippo que les réalités du pays observées depuis cinq ans donnent raison aux alertes lancées par LR. Sur le nucléaire, l’immigration, le travail, la sécurité, «l’abandon» des territoires… «Quelle serait la logique pour nous d’aller sauver ce qui reste du macronisme?», interroge-t-il, en considérant que le «en même temps» présidentiel et ses promesses de renouveau ont été battues en brèche. Pour lui, c’est donc clair: la droite a la «responsabilité historique» d’incarner une autre voie que celles du macronisme, du RN ou de la Nupes. «Vous connaissez Emmanuel Macron, il aime bien ce genre de deals. Mais pour en faire quoi, au final? Quelques postes ou strapontins en plus? Après, que restera-t-il comme alternative aux Français?», interroge l’élu, hostile non seulement à l’«idée farfelue», d’un accord de gouvernement mais également contre l’opportunité d’une motion de censure dans le contexte économique actuel qu’il juge préoccupant. «Ce rôle de stabilité, nous le tiendrons, et nous l’assumerons quel que soit son coût. Restons nous-mêmes, surtout ne paniquons pas», conseille enfin Fabien Di Filippo, avant d’inviter ceux qui «auraient des perspectives de carrière un peu pressantes» à ne pas «s’impatienter».

Dans un mois, Les Républicains connaîtront le nom de leur nouveau président, mais cette question lancinante du positionnement politique restera sans doute posée, encore un certain temps, dans les couloirs de la droite.

 

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