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Le Président
Sammy GHOZLAN 
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Hausse des actes antisémites : «On s’attaque désormais plus aux gens qu’aux synagogues»

>Société|Aurélie Rossignol|09 novembre 2018, 13h03|26
En mars 2018, lors d’une marche blanche après la mort de Mireille Knoll. LP/Philippe Labrosse

Selon le président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, les cibles ont changé.

La hausse est forte, très forte. Ce vendredi, Édouard Philippe s’est ému sur sa page Facebook de l’importante augmentation des actes antisémites depuis le début de l’année par rapport à l’an dernier : + 69 % selon le Premier ministre. Ce chiffre ne prend en compte que les plaintes déposées.

Pour Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) qui enregistre des signalements au quotidien, le phénomène est encore plus important. Surtout, il a évolué vers des agressions plus « personnelles ».

Que pensez-vous des chiffres cités par le Premier ministre ?

Ils sont justes car ils concernent les plaintes déposées mais incomplets car nous constatons de plus en plus de peur de représailles, et donc des gens qui ne vont pas jusque devant la justice. Par ailleurs, beaucoup d’affaires sont classées sans suite donc ça peut décourager.

Aujourd’hui, au BNVCA, on reçoit généralement entre 3 et 4 appels chaque jour. Avant d’être président du Bureau, j’étais commissaire de police, mais je n’ai jamais autant travaillé que depuis que je suis à la retraite !

Comment expliquez-vous cette augmentation ?

C’est que la nature et les cibles des actes ont changé. Avant étaient surtout visées des synagogues, des écoles juives ou quelques magasins. Mais aujourd’hui, les bâtiments sont bien mieux protégés, avec des barrières, de la vidéosurveillance et l’opération Sentinelle sur les lieux de culte ou identifiés comme juifs.

Alors, on est passé à un antisémitisme du quotidien et à des actes qu’on a appelé domestiques, dans la sphère privée. C’est-à-dire des agressions personnelles, des tags sur des boîtes aux lettres, des croix gammées sur les portes d’appartements privés, comme récemment celle d’un directeur d’un Pôle emploi. Les incendies de synagogues sont remplacés par des incendies de voitures. Les gens sont touchés au plus près de chez eux, plus seulement lorsqu’ils se rendent dans un lieu. Donc ça multiplie les signalements individuels.

Quelles sont les conséquences de ce changement de cible ?

Les juifs ont développé des techniques pour se faire discrets : on enlève tout signe dans la voiture, la mezouzah (un boîtier contenant des passages bibliques sur un parchemin, NDLR) a été retirée des portes des appartements. Même l’arbre planté par une association en hommage à Mireille Knoll, assassinée en mars dernier, est complètement anonyme par peur que la plaque soit profanée…

A certains endroits, des gens déménagent pour éviter d’être visés. C’est parfois le cas en Seine-Saint-Denis par exem
ple, où certains endroits se sont désertifiés de juifs. Certaines synagogues ont déjà fermé, faute de rabbin et d’équipe pour s’en occuper, d’autres sont en cours de fermeture et certaines survivent difficilement. Il n’y a parfois plus que dix fidèles là où il y en avait 200 il y a cinq ans. Les victimes, elles, se sentent de plus en plus isolées et certains juifs vont jusqu’à quitter la France

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