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Face au mouvement spontané pour dénoncer la hausse du prix des carburants qui prend de l’ampleur, la macronie est désarçonnée.

Quand le prix à la pompe a commencé à monter, l’exécutif ne s’est pas tout de suite alarmé. «Le chef de l’État pensait que le chèque énergie et l’indemnité kilométrique suffiraient, se souvient un proche du président. Quant au premier ministre, il ne savait pas trop prédire si la grogne était de nature à se cristalliser ou si elle allait passer.» Sauf que l’avalanche de messages sur les réseaux sociaux et les premières mobilisations ont fini par rendre palpable l’évidence. Désormais, «tout le monde est tétanisé, reconnaît franchement un membre du gouvernement. Ça peut partir en vrille».

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, «craint» même des«sujets de sécurité». «Lorsque ce sont des grèves, des manifestations, il y a des gens responsables qui permettent de faire que ceux qui manifestent soient en sécurité. Là, nous ne sommes pas sûrs», a-t-elle expliqué sur Public Sénat, lundi. Pour ne rien arranger, certains policiers annoncent une «grève des PV». Et de s’interroger: «Ce jour-là, ils vont autoriser à utiliser les places handicapées […], autoriser quelqu’un à brûler un feu rouge?»

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La mobilisation spontanée des «gilets jaunes» a de quoi désarçonner un pouvoir naguère à l’aise avec les conflits sociaux. «Ce n’est pas un mouvement habituel», reconnaît un conseiller à l’Élysée. Au fil des 1000 km de l’itinérance mémorielle d’Emmanuel Macron, les manifestants formaient des groupes de contestation, que les gendarmes mobiles maintenaient à bonne distance. Rien à voir avec ces conflits sociaux que la macronie a affrontés sans vaciller (SNCF, fonction publique, opposition à la réforme du Code du travail). Cette fois, les syndicats sont étrangers au mouvement et les partis d’opposition sont à la remorque de la contestation.

Compte à rebours enclenché

Une réunion s’est tenue lundi matin à Matignon autour d’Édouard Philippe pour dégainer des mesures d’aide aux automobilistes. «Les souhaits du chef de l’État sont des ordres», glisse un participant, chargé d’élaborer en urgence des réponses, après les annonces d’Emmanuel Macron, le 5 novembre, sur Europe 1. L’une des nombreuses prises de parole récentes du chef de l’État. Affaibli, contesté, le président de la République cherche l’issue en misant sur la pédagogie et la défense de la transition écologique. Mercredi soir, il sera l’invité du Journal télévisé de TFI, en direct du porte-avions Charles-de-Gaulle. Le 10 novembre, il assurait faire tout son possible, même à l’international, pour obtenir une baisse des prix. «Nous avons décidé, le président Trump et moi-même, de travailler ensemble à la stabilité du Moyen-Orient, ce qui aura des conséquences positives sur le prix du pétrole», tweetait-il.

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De son côté, le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, n’hésite pas, quand il est interrogé, à extraire de sa poche un graphique reprenant les prix du litre de carburant, sur la dernière décennie. «En 2012, les prix étaient comparables…» «En 1990, le litre était à 10 francs, soit 1,50 euro», renchérit le président du groupe LaREM au Sénat, François Patriat. Des rappels historiques pour relativiser. Bonne nouvelle, suivie de près par les soutiens du président: le baril de pétrole a chuté de 20 % depuis le début du mois. Mauvaise nouvelle: «La pédagogie ne passe pas, est contraint de reconnaître un habitué de l’Élysée. Il y a beaucoup d’irrationnel dans ce mouvement, qui est un réceptacle des frustrations sur le pouvoir d’achat.»

Si l’exécutif anticipe un mouvement d’ampleur et alerte sur les risques d’«instrumentalisation par les extrêmes», personne ne parvient à se projeter au-delà. «Les axes seront bouchés partout, le 17 novembre, mais que se passera-t-il le lendemain, s’interroge un macroniste historique. Y aura-t-il une traîne, une reprise des mobilisations par les routiers ou les ambulanciers en colère?» Le compte à rebours est enclenché. Un ministre de poids, lâche, fataliste: «La météo sociale est par définition imprévisible.»


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Marcelo Wesfreid

Journaliste

Source :© L’exécutif «tétanisé» par la grogne des gilets jaunes

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