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DÉCRYPTAGE – Les choix du gouvernement sur l’année en cours ont en effet précipité le ralentissement de l’activité, en pesant sur la consommation, le principal moteur de la croissance.

Après une envolée fin 2017 pour finir à un taux de 2,3 %, la croissance a brutalement ralenti en 2018. Au premier – comme au second – trimestre, le PIB de la France n’a en effet progressé que de 0,2 %, douchant les espoirs de redressement rapide des comptes publics. À Bercy, les raisons de ce décrochage ont été finement analysées et s’expliqueraient, affirme-t-on, par deux séries de facteurs… exogènes.

«D’abord, il y a les raisons internationales: la hausse du prix du pétrole, supérieure de 7 points à nos prévisions, et la baisse de la demande internationale adressée à la France, avancent les entourages des ministres Bruno Le Maire et Gérald Darmanin.Ensuite les facteurs domestiques: le calendrier des vacances de Noël, les mouvements sociaux…» Bref, une série d’événements malheureux qui aurait temporairement contrarié le plan de redressement du pays. Et dont l’exécutif ne serait, en filigrane, pas responsable.

Arbitrage difficile

La vérité, comme toujours, est plus complexe. Ne lui en déplaise, le gouvernement a en partie organisé, malgré lui, la dérive des comptes publics en 2018 et 2019. Ses choix sur l’année en cours ont en effet précipité le ralentissement de l’activité, en pesant sur la consommation, le principal moteur de la croissance.

Pour tenir ses engagements budgétaires, l’exécutif a ainsi choisi de décaler à l’automne la majorité des mesures favorables aux ménages: deuxième vague de la suppression des cotisations salariales, combinée à la réduction d’un premier tiers de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers. En revanche, les dispositions favorisant l’investissement (suppression de l’ISF, création du prélèvement forfaitaire unique sur l’épargne) sont entrées en vigueur en janvier. Un arbitrage difficile à comprendre pour les ménages alors que la croissance repartait et qu’ils subissaient en même temps la hausse, sans contrepartie pour les retraités, de la CSG, et le relèvement de la fiscalité écologique.

Craignant de nouvelles hausses d’impôts, les particuliers ont donc mis la pédale douce sur leurs achats au premier semestre, ce qui a fait plonger la consommation et donc la croissance. Un trou d’air passager, à en croire le gouvernement qui compte sur les mesures fortes de l’automne pour provoquer le retour de la confiance et, in fine, la relance de la consommation.


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Anne de Guigné

Journaliste

Source :© L’exécutif a lui-même contribué au ralentissement économique

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