
Cher Monsieur Philippe Pereira,
Lettre ouverte d’un marcheur déçu à Philippe Pereira
Lettre ouverte à Philippe Pereira
Engagé en politique dès mes 15 ans, vous pouvez aisément imaginer le nombre de trahisons et de retournements de veste auxquels j’ai assisté, y compris au niveau local et à Nogent, mais, je dois reconnaître que vous, vous avez fait très fort !
Engagé au Centre puis à l’U.D.F., j’ai été très sensible à la vision qu’a porté Emmanuel Macron en 2016. Bien avant lui, j’avais tenté, modestement, un rapprochement entre la droite et la gauche modérées dans l’intérêt bien compris de notre nation.
C’est pour cela que, bien avant vous, en avril 2016, je me suis engagé auprès d’Emmanuel Macron, pour lequel j’ai fait campagne, et que, dans cette optique, j’adhérais à En Marche, et ce, parmi les tout premiers (j’étais le 10ème inscrit). J’espérais alors que nous allions, enfin, nous diriger vers une moralisation de la vie politique et mettre fin aux dérives opportunistes et clientélistes qui ont causé tant de torts tant à la gauche qu’à la droite.
Hélas, trois fois hélas, depuis trois ans, sur ce sujet, nous n’avons assisté qu’à une véritable descente en enfer et à une explosion des scandales politiques. La République En marche a réussi à rassembler, « en même temps », le pire de la droite et le pire de la gauche.
Le summum a été atteint lors de ces élections municipales où l’incohérence des élus locaux LREM a été tel que les plus fidèles d’entre les fidèles s’en sont émus. De Gérard Collomb à Cédric Villani, en passant par Hugues Renson et bien d’autres, nombre de marcheurs ont été profondément choqués par le manque de démocratie interne et l’incohérence politique de ce parti, visiblement peu dirigé. Ce sont ces attitudes qui dévalorisent la parole politique !
Mais nous pouvions encore espérer que dans notre département, dans notre commune, la proximité ferait que nos élus et nos candidats feraient preuve d’un minimum de morale politique. Vous avez démontré le contraire !
Votre charge contre le maire sortant lors de la campagne de premier tour me paraissait outrancière mais, en lisant votre profession de foi, j’avais compris que cela était dû à une conviction profonde que la gestion du maire sortant était incompatible avec votre projet et vos valeurs : « Ensemble, nous porterons ce projet jusqu’à son terme, sans compromissions ni alliances contre nature, en particulier avec le Maire sortant, ni à la veille ni au lendemain du premier tour et quels qu’en soient les résultats »
Cela avait, au moins, l’avantage d’être clair ! Quelle détermination ! Quelle certitude ! On ne pouvait qu’y croire !
D’autant plus que, dès le soir du premier tour, vous preniez langue avec monsieur Hagège et monsieur Lamprecht pour fusionner comme vous vous y étiez engagé dès le début de votre campagne. D’ailleurs, une liste complète était prête à être déposée et l’aurait été s’il n’y avait pas eu report de la date du 2ème tour.
Le 1er Juin, la liste a été révisée et il ne restait plus que quelques points de détail à régler pour votre accord définitif.
Mais, dans la matinée du mardi 2 juin vous retiriez votre participation estimant que, finalement, vous n’y trouviez plus votre compte. Et, à la surprise générale, en début d’après-midi vous annonciez votre fusion avec le maire sortant !!!!!
Pire que cela, vous annoncez dans un tract que les discussions avec le maire sortant avaient commencé quinze jours auparavant laissant apparaître que vous avez abusé et trahi, volontairement, ceux avec qui vous aviez prêté un serment de solidarité.
Pour moi, cela était d’autant plus choquant, que le maire avait juré devant ses électeurs de ne pas modifier sa liste et de ne jamais fusionner avec quiconque !
Comme il l’avait fait en 2008 avant de fusionner avec son pire ennemi qui avait mené un combat acharné contre lui pendant des années.
Cela m’attriste car, bien que soutien du maire, j’avais alors marqué ma surprise sur cet attelage peu prometteur et dénué de toute cohérence.
Plus tard, j’avais compris que, comme le pêcheur trompe le poisson avec son appât, cette alliance n’avait pour but que de faire taire et étouffer son opposant. En effet, peu de temps après, le divorce était conclu et l’arroseur arrosé était reparti pour un combat stérile dans l’opposition après avoir perdu son honneur et sa délégation.
Je crains que « l’alliance » que vous avez scellée le 2 juin ne suive le même destin.
Vous justifiez votre position en osant affirmer : « Vous le savez, je suis un homme de convictions et un homme de dialogue ». Vous avez une bien étrange conception des convictions et du dialogue. Je laisserai les électeurs juges et en tirer les conséquences !
En tant qu’engagé en politique et membre d’En Marche je ne puis vous suivre dans ce destin funeste et peu glorieux car non seulement il va sceller l’avenir de ce parti à Nogent mais il démontre le peu de cas que l’on peut faire d’une parole politique donnée et devenue, par votre légèreté, frelatée.
Qui peut un seul instant continuer à croire au moindre mot que vous pourriez prononcer après toutes les turpitudes de vos promesses bafouées !
Le Maire sortant a l’excuse qu’il joue son va-tout alors que, vous, vous jouez l’avenir du parti auquel vous avez feint de croire par intérêt personnel !
Michel Noir avait dit, un jour, que « mieux valait perdre une élection que perdre son âme », j’ajouterai « mieux vaut perdre une élection que perdre son âme… et son honneur »
J’espère que tous les marcheurs de conviction suivront mon exemple et ne porteront pas leur voix sur votre nom afin de ne pas cautionner une démarche trompeuse et déplorable !