Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l’actualité.
[perfectpullquote align=”full” bordertop=”false” cite=”” link=”” color=”#993300″ class=”” size=””]Les territoires de l’information sont toujours aussi occultés[/perfectpullquote]Pendant que l’idéologie dominante, pouvoir présidentiel en tête, se propose de museler Internet, la presse convenue n’en fait, elle, qu’à sa tête. Elle dissimule soigneusement tout ce qui la dérange. La manière dont France Info plus a commémoré visuellement le premier anniversaire du mandat du 45e président américain a tourné au vidéo-gag : « Si vous avez 90 secondes, on vous résume l’année de Donald Trump à la Maison-Blanche, top chrono ». Et l’on voit effectivement en une minute et demie tous les échecs prêtés sans crédit au président ennemi. Évidemment, rien sur l’économie… France Info plus : ou comment une radio de service public réussit à être encore plus caricaturale qu’un président américain…
Mais l’autre grand domaine de la politique étrangère où la presse convenue convient de dissimuler soigneusement ce qui la dérange demeure le conflit israélo-palestinien.
Dans son dernier éditorial, Le Monde accable de reproches le président américain pour avoir décidé de supprimer l’assistance financière habituelle de son pays aux réfugiés palestiniens dans le cadre de l’UNRWA. Première historique, le journal du soir reconnaît que le statut de réfugié accordé depuis des lustres par droit successoral aux palestiniens « expulsés » (passons sur l’approximation) et qui n’existe que pour eux est discutable. Il n’empêche : la faute, comme toujours, aux gouvernements israéliens qui ne font pas les efforts que le monde et Le Monde attendent de lui.
Comme toujours, pour le vespéral comme, soyons justes, l’ensemble de la presse française, l’esprit critique est acéré lorsqu’il s’agit d’Israël et atrophié lorsqu’il s’agit des Arabes de Palestine.
Dernier et invraisemblable exemple en date : l’occultation des passages du discours du président palestinien pour cause d’extrémisme et d’irrédentisme qui ne peuvent pas cadrer avec l’image qu’on souhaite donner de lui. Dimanche 15 janvier en effet, Abou Abass a prononcé un important discours en arabe littéralement intraduisible en français politiquement correct.
C’est ainsi, par exemple, que le président “modéré”, victime de l’extrémisme israélien, a dit que les juifs européens avaient refusé de rejoindre la Palestine pendant la deuxième guerre mondiale et ont préféré mourir sur le sol européen plutôt que d’émigrer. Le fait qu’ils en étaient empêchés par les nazis comme par la politique britannique du Livre Blanc était un point de détail que le président palestinien n’a pas envisagé ni la presse relevé.
Celui-ci a également indiqué qu’Israël n’avait aucun lien avec le judaïsme et était une colonie créée de toutes pièces par les occidentaux sur un territoire qui était “palestinien” depuis toujours.
Il a, dans la foulée, nié avec cohérence toute trace d’histoire juive à Jérusalem et au Proche-Orient, et contesté l’existence d’un peuple juif. On comprend mieux les résolutions de l’Unesco qui nient toute présence juive ou chrétienne avant la venue des Arabes islamiques. De tout cela, la presse française, n’a pas voulu parler.
Une nouvelle fois, le président “modéré” a décerné aux assassins de juifs le titre de « martyrs » et a rendu hommage à leur « courage ». Mais cela n’intéresse pas la presse convenue qui préfère reprocher aux Américains mécontents leur partialité, la Communauté Européenne étant manifestement plus équitable.
Le président “modéré” a, pour faire bonne mesure, contesté la Shoah. Ce n’est certes pas une nouveauté chez lui depuis la rédaction de sa thèse négationniste du temps où il faisait ses études en Union soviétique. Mais cela n’intéresse pas non plus une presse pourtant obsédée par la Shoah, lorsqu’il s’agit de l’extrême-droite occidentale.
Enfin, le président a déclaré qu’il cessait désormais de reconnaître Israël. Cela, comme le reste, n’a pas choqué les oreilles bouchées des journalistes, seulement aux aguets des discours et actes des représentants de l’État juif. Il n’est donc pas plus bouché qu’un journaliste qui ne veut pas comprendre que les Israéliens ne sont pas prêts à passer sous le couteau du boucher uniquement pour lui plaire.
Enfin, et dans un domaine éloigné en apparence seulement avec ce qui précède, la presse convenue a été d’une très délicate discrétion pour informer son public sur cette enseignante marseillaise du collège Rosa Parks qui a été rouée de coups cette semaine par une élève, parce qu’elle avait osé lui confisquer son portable pendant le cours. L’affaire s’étant déroulée dans un quartier « sensible », le sujet l’est donc tout autant. S’il ne l’était pas, on évoquerait sans trembler un quartier composé d’habitants principalement issus de l’immigration plutôt que d’employer craintivement une appellation transparente mais codée.
Tout ce que je viens de vous relater et qui vous a été largement caché peut-être trouvé sur cet Internet que l’on veut cadenasser.
Source: Les territoires de l’information sont toujours aussi occultés