
En désindexant les pensions de l’inflation en 2019 et 2020, les pensions n’augmenteront que de 0,3%.
C’est le paradoxe d’Emmanuel Macron: alors même qu’il a annoncé ne pas souhaiter toucher à l’âge du départ en retraite lors de la prochaine réforme, le président s’est construit une image de dureté auprès des seniors. La majorité des retraités ont déjà été les grands perdants de la bascule fiscale opérée début 2018 entre la CSG (en hausse) et les charges salariales (en baisse). La nouvelle surprise de la loi de finances 2019 ne va pas les réconcilier avec le gouvernement. Afin de donner un nouveau coup de pouce aux actifs via la «désocialisation» des heures sup, le gouvernement va en effet proposer de désindexer en 2019 et 2020 les pensions de l’inflation pour limiter leur augmentation annuelle à 0,3 %.
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Une perte sèche pour les intéressés, alors que l’OCDE table sur une inflation de 1,5 % en France en 2019. Même le gouvernement ressort l’argument de la suppression de la taxe d’habitation… «Désindexation des retraites combinée à hausse de la CSG représentent 755 euros de perte de pouvoir d’achat par an pour un retraité qui a 1700 euros de retraite par mois» a calculé de son côté Valérie Rabault, député de Tarn-et-Garonne et Présidente du groupe Nouvelle gauche à l’Assemblée nationale. En 2014, Manuel Valls avait opté pour une formule similaire. Il avait reporté d’un an, d’octobre 2014 à octobre 2015, l’indexation des retraites de base par rapport à l’inflation. Cela avait permis de dégager 1,3 milliard d’économies alors que l’inflation était limitée à 0,5 % en 2014 et nulle en 2015.
«Au lieu d’assumer enfin des économies courageuses sur le train de vie de l’État, on vient de nous annoncer que c’est à nouveau dans la poche des classes moyennes que l’on va chercher des efforts.»
La version 2019 est plus large car la désindexation englobe en plus des pensions, les aides au logement, celles liées à l’invalidité et surtout l’ensemble des prestations familiales, avec en premier lieu les allocations familiales mais aussi la prime de naissance ou le complément de libre choix de mode de garde. «Au lieu d’assumer enfin des économies courageuses sur le train de vie de l’État, on vient de nous annoncer que c’est à nouveau dans la poche des classes moyennes que l’on va chercher des efforts», a taclé le président des LR, Laurent Wauquiez, depuis le Mont-Mézenc où il effectuait sa rentrée politique.
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Toutes les prestations sociales ne seront pas mises à la diète. Celles réservées aux personnes les plus défavorisées – le minimum vieillesse, l’allocation pour les personnes handicapées – ou favorisant le travail – la prime d’activité – seront nettement augmentées, comme en 2018. En outre, le RSA progressera. Sans assumer ouvertement ce mouvement, le gouvernement semble ainsi rapprocher pas à pas le modèle social français de ses équivalents anglo-saxons, dont le premier objectif est de lutter contre les risques «d’antisélection», c’est-à-dire toutes les difficultés qui peuvent affecter une personne sans qu’elle en soit responsable: pathologie de longue durée, accidents de la vie…
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Source : ©Les retraités à nouveau mis à contribution pour boucler le budget