L’éditorial du Figaro : «Terrorisme low-cost»
Par Patrick Saint-Paul
Le terrorisme low-cost a frappé de nouveau l’Europe en plein cœur. À Barcelone, en Espagne, les islamistes ont une fois encore pris pour cible un symbole de nos sociétés libres et festives. Dans la cité catalane celui-ci prendra certainement un relief tout particulier dans les esprits détraqués des djihadistes.
Les Ramblas, l’avenue la plus vibrante de la ville, bordée de restaurants et prise d’assaut par les touristes, tire son nom de l’arabe «raml», le sable… Jusqu’à la Reconquista, la capitale catalane a fait partie du territoire d’«al-Andalus», qui occupe une place singulière dans la propagande djihadiste.
À Nice, à Berlin ou à Londres, les terroristes choisissent chaque fois un lieu emblématique pour mieux marquer les esprits… Sur la promenade des Anglais lors des festivités du 14 Juillet, sur le marché de Noël de l’église du Souvenir, sur le pont de Westminster les attaques sanglantes cherchaient à créer l’impact le plus puissant possible en portant lâchement le djihad dans la chair de notre civilisation. Le traumatisme est d’autant plus fort que ces attaques sont presque imparables, parce qu’imprévisibles.
Défaits à Mossoul dans un feu d’artifice de voitures piégées, nos adversaires, les terroristes islamistes, sont en déroute en Irak, acculés à Raqqa et en Syrie. En Occident, ils ne combattent pas avec les mêmes armes. Mais avec toujours le même souci pervers d’«efficacité».
Dès 2014, l’État islamique avait appelé les «soldats du califat» à tuer les «infidèles» en s’armant des objets du quotidien: une pierre, un couteau, une voiture-bélier ou un camion. Jeudi, l’État islamique a revendiqué l’attentat de Barcelone comme une «réponse aux appels à cibler les États de la coalition» anti-Daech en Irak et en Syrie.
Son idéologie pervertie ne mourra pas dans les sables de l’ancienne Mésopotamie. Une crainte s’empare de notre Vieux Continent. Et si l’Europe ne vivait que les prémices d’un terrible reflux?
Source : Le Figaro Premium – L’éditorial du Figaro : «Terrorisme low-cost»