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Par Yves Thréard

Où juger les djihadistes français arrêtés en Irak et en Syrie? À dire vrai, nul n’a envie de s’apitoyer sur leur sort. Nous ne sommes pour eux que des ennemis à abattre. À ces traîtres, la nation ne saurait donc réserver le moindre égard. Et ce ne sont pas les conditions aléatoires de leur procès sur place qui susciteront notre émotion. À Bagdad, ils sont passibles de la peine capitale. En France, leurs avocats et quelques voix exigent néanmoins leur retour.

Le débat est moins juridique que stratégique. En principe, la compétence territoriale prévaut. On ne voit pas pourquoi ces dangereux individus partis rejoindre les rangs de Daech ne devraient pas d’abord rendre des comptes à ceux qu’ils ont combattus. Une quarantaine d’entre eux ont été interceptés par les forces du Kurdistan syrien. Contrairement à l’Irak, ce territoire n’a certes pas le statut d’un État. Mais au nom de quoi la France refuserait-elle aux Kurdes, qui ont largement contribué à la chute du pseudo-califat, le droit de les juger?

Les partisans d’un procès en France estiment que ces djihadistes constituent des sources importantes de renseignements. Leurs témoignages, arguent-ils, pourraient faciliter l’infiltration et le démantèlement des filières et réseaux. C’est oublier que nos services sont déjà très actifs en Irak et en Syrie. Y compris pour les «éliminer», comme l’a implicitement reconnu, en octobre, la ministre de la Défense. À ce jour, quelque trois cents Français seraient morts, d’une façon ou d’une autre, dans les zones de combat.

Regrettant leur embrigadement dans le groupe État islamique, des terroristes seraient prêts au repentir. Mais que vaut la parole de ces hommes ou femmes fanatisés? Le procureur de la République de Paris, qui parle d’expérience, n’en donne pas cher lui-même. Quant à leurs enfants, François Molins n’hésite pas à affirmer qu’ils représentent des «bombes à retardement». La France n’a donc vraiment rien à espérer de leur retour.

Source:©  L’éditorial du Figaro : «Traîtres à la nation»

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