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Si l’ampleur de la récession reste impossible à mesurer, les premiers indicateurs économiques sont les pires jamais enregistrés.

L’économie européenne est en arrêt cardiaque. Vendredi 3 avril, les indices PMI des acheteurs, qui sont des sondages réalisés auprès de plus de 5 000 entreprises de la zone euro pour mesurer leur activité, ont été publiés pour le mois de mars. A l’exception de l’Irlande, ils sont tous au pire niveau de leur histoire, bien au-dessous de ceux de la crise de 2008. En Italie, l’indice PMI du secteur des services est de 17 points, sachant qu’un niveau au-dessus de 50 points est synonyme de croissance et au-dessous, de contraction. Jamais, dans l’histoire des indices PMI, qui remonte aux années 1990, un niveau aussi bas n’avait été enregistré. En février, l’indice italien était de 52.

Partout ailleurs, la chute est similaire. En France, l’indice des services est ressorti à 27, au plus bas depuis sa création, en 1998. En Espagne, il est de 23, en Allemagne, de 32. Sur l’ensemble de la zone euro, l’indice « composite » (qui comprend les secteurs industriels et celui des services) chute à 29,7, contre 51,6 en février. En 2008, il était resté en permanence au-dessus de 35 points.

Ces indicateurs demeurent cependant trop optimistes, puisque la collection des données a été entreprise entre le 12 et le 26 mars, en partie avant le confinement de certains pays.

« La chute au deuxième trimestre probablement catastrophique »

Etant donnée que les économies ont été mises volontairement à l’arrêt pour enrayer la pandémie, ces niveaux catastrophiques « ne sont guère surprenants », explique Chris Williamson, économiste en chef à IHS Markit, la société qui produit l’indice PMI. Les magasins sont fermés, le tourisme a disparu, les usines non essentielles ne tournent pas… La chute actuelle n’a rien à voir avec une récession classique. Plus que l’image d’un arrêt cardiaque, il faudrait sans doute parler d’un placement en coma artificiel.

L’ampleur du choc n’en reste pas moins majeure, le niveau des indices étant « conforme à un taux de contraction annuel du produit intérieur brut [PIB] proche des 10 % », poursuit M. Williamson. « Après des semaines à attendre l’inévitable effondrement des données économiques, nous voyons finalement les premiers chiffres qui confirment l’ampleur des dommages causés par la pandémie due au coronavirus en Europe, détaille Angel Talavera, analyste chez Oxford Economics. La chute de l’activité au deuxième trimestre va probablement être catastrophique. »

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Les économistes reconnaissent tous qu’il est aujourd’hui illusoire de chercher à sérieusement chiffrer la récession : − 10 % de PIB ? − 15 % ? − 20 % ? Tout va dépendre de la durée du confinement, et de la vitesse à laquelle l’activité reprendra ensuite. « Dans certains scénarios, on peut imaginer des rebonds en 2021 de l’ordre de 20 % », souligne David Owen, économiste à Jefferies. Historiquement, l’économie a tendance à vite redémarrer après une épidémie, mais les comparaisons sont rares et lointaines.

Eviter les dommages de long terme

La vraie question est de savoir si l’intervention des gouvernements va réussir à éviter les dommages de long terme. En renflouant les entreprises et indemnisant généreusement le chômage partiel, les Etats européens tentent d’éviter les faillites et les licenciements. Si le confinement ne dure pas trop longtemps, l’économie mise en sommeil pourrait repartir assez rapidement.

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Malheureusement, les premiers indices sont inquiétants. Beaucoup d’emplois sont perdus de façon permanente. Au Royaume-Uni, 950 000 personnes se sont inscrites aux « crédits universels », l’allocation sociale de base, pendant les deux dernières semaines de mars. C’est quinze fois plus que la normale.

En Irlande, le nombre de bénéficiaires d’allocations chômage a plus que doublé en mars, augmentant de 330 000 personnes, pour atteindre un peu plus d’un demi-million.

L’Espagne a perdu 900 000 emplois en mars, dont 350 000 de façon permanente, les autres ayant été placés en chômage partiel. Ce ratio espagnol, avec un peu plus du tiers de l’impact sur l’emploi qui sera durable, donne un possible aperçu de la crise à venir.

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En Autriche, le nombre de chômeurs, dont les statistiques sont publiées quotidiennement, a progressé de 66 % en mars. La fermeture des stations de ski a en particulier fait des ravages chez les nombreux travailleurs saisonniers.

En Allemagne ou en France, les seules statistiques disponibles concernent pour l’instant le nombre de chômeurs partiels, et il est trop tôt pour en tirer des conclusions. Mais personne ne se fait d’illusion : quand les chiffres seront publiés, ils seront catastrophiques.

Source: L’économie européenne connaît le plus fort ralentissement de son histoire moderne

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