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VIDÉO – Des auditions refusées à l’opposition par la majorité LaREM à l’Assemblée trouvent refuge au Sénat.

Qui aurait cru que l’affaire Benalla allait agir, pour l’Assemblée nationale et le Sénat, comme un révélateur? Sur le négatif de la photo, la sérénité des dix auditions menées par les sénateurs fait ressortir, par contraste, le charivari des dernières réunions des députés de la commission des lois. «Une parodie», a dénoncé jeudi soir Guillaume Larrivé, à l’issue de la seconde audition du préfet de police de Paris.

Avec les députés communistes, d’Agir, du Parti Socialiste (PS) de La France insoumise (LFI), et ses collègues des Républicains (LR), il «suspend sa participation» à ce groupe de travail constitué en commission d’enquête pour «faire la lumière» sur l’affaire. Lorsqu’il a annoncé son retrait, le regard sec de Yaël Braun-Pivet, assise à côté, ne s’est pas tourné vers lui. La présidente La République en marche (LaREM) de la commission, co-rapporteure de la commission avec Guillaume Larrivé, devra pourtant se mettre d’accord avec son collègue pour rendre une copie commune dans les prochaines semaines.

Aujourd’hui, ce nouveau visage de LaREM apparaît acculé par les députés de l’opposition, unis dans leur fronde et remontés contre une commission «aux ordres de l’Élysée», selon eux. Les élus LFI demandent la démission de Yaël Braun-Pivet.

La raison de la colère des élus? Son refus d’auditionner des personnalités qu’ils considèrent comme des pièces maîtresses dans l’affaire, comme Alexandre Benalla, le délégué général de LaREM, Christophe Castaner, Alexis Kohler, secrétaire général de la présidence, ou encore Bruno Roger-Petit, porte-parole de l’Élysée. Il est «inutile d’auditionner d’autres membres des cabinets du président et du ministre de l’Intérieur, dont les auditions ont montré qu’ils n’avaient aucun lien avec cette affaire», s’est justifié Yaël Braun-Pivet, mercredi. Ces demandes relèvent selon elle d’une «approche politique et polémique de l’opposition». Mercredi soir, les députés LaREM, majoritaires dans l’hémicycle, et donc majoritaires en commission, ont rejeté les propositions des autres groupes.

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Amputée d’une forte minorité de ses membres, la commission d’enquête doit entendre vendredi le commandant des CRS présents le 1er mai place de la Contrescarpe. C’est la dernière audition prévue à l’agenda, ce qui laissera bientôt aux sénateurs le monopole de l’enquête parlementaire.

Un travail de «long terme»

Au Sénat, les réunions de commission, d’habitude confidentielles, ont déjà focalisé l’attention des médias jeudi matin, lors de l’audition du secrétaire général de l’Élysée, diffusée en direct sur les chaînes d’information en continu. Des députés ont même fait le déplacement du Palais Bourbon jusqu’au Palais du Luxembourg pour y assister, comme Valérie Rabault (PS) et Marine Le Pen (RN), dont les interviews devant les caméras, à la sortie de la salle Clemenceau, ont agacé des sénateurs peu habitués à cette agitation médiatique.

Surtout, les sénateurs se préparent à interroger six nouvelles personnalités, dont Christophe Castaner, mardi matin, comme l’a révélé Le Figaro. Une audition refusée aux députés de l’opposition par le groupe LaREM, et annoncée au Sénat sans le moindre remous. «Ici, il y a une majorité et un travail avec les minorités et l’opposition», se félicitait mercredi dans nos colonnes le président du Sénat, Gérard Larcher. Un travail «de long terme», ajoute un sénateur.

«LaREM choisit un mois pour circonscrire l’incendie, nous, nous nous donnons du temps pour traiter les braises»

La commission du Sénat s’est en effet donnée six mois pour conclure ses travaux, quand les députés se sont laissés un mois. «LaREM choisit un mois pour circonscrire l’incendie, nous, nous nous donnons du temps pour traiter les braises», souligne le président du groupe PS au Sénat, Patrick Kanner.

Mais le président de la commission d’enquête, le LR Philippe Bas, n’a pas l’intention d’organiser au Sénat toutes les auditions refusées à ses homologues LR à l’Assemblée nationale. Il n’a par exemple pas souhaité entendre Alexandre Benalla: mis en examen, celui-ci aurait dû prêter serment et jurer de dire «toute la vérité, rien que la vérité». Philippe Bas estime qu’une telle situation aurait affaibli son droit à la défense.

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Pendant que les sénateurs mèneront leurs nouvelles auditions, lundi et mardi, les députés devraient examiner la motion de censure déposée jeudi soir par le groupe LR, afin que le gouvernement «s’explique» devant la représentation nationale. Les élus LFI, communistes et socialistes devraient la voter, et déposer vendredi une motion distincte. Si elles sont adoptées, elle feraient tomber le gouvernement. Une hypothèse improbable, au vu de la très large majorité de députés LaREM.


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Loris Boichot

Source :© Le Parlement se déchire sur l’affaire Benalla

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