Ali Khamenei estime que le président américain «a discrédité ce qui restait du prestige des États-Unis». Vendredi, Donald Trump s’est dit prêt à rencontrer les dirigeants iraniens pour renégocier un accord mais il impose, au préalable, douze (impossibles) conditions.
À l’approche du rétablissement par Washington d’une nouvelle série de sanctions contre l’Iran, le guide suprême estime que le président américain a «discrédité» les États-Unis. Ali Khamenei estime que les États-Unis seront les ultimes perdants de la politique menée par Donald Trump. Six mois après avoir claqué la porte de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, les États-Unis ont confirmé qu’ils rétabliraient lundi leurs sanctions les plus draconiennes contre Téhéran, visant le pétrole et les banques. Seuls huit pays – qui seront connus lundi – seront autorisés à continuer d’acheter du pétrole iranien pendant six mois.
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«Ce nouveau président américain (…) a discrédité ce qui restait du prestige des États-Unis et de la démocratie», a dit le guide iranien sur son compte Twitter en parlant de Donald Trump. «Le pouvoir de contraindre des États-Unis, en utilisant leur puissance économique et militaire est aussi en déclin», selon lui. Premier personnage de l’État iranien et ultime décideur dans les dossiers sensibles, l’ayatollah Khamenei a fustigé la politique américaine. «La dispute entre les États-Unis et l’Iran dure depuis 40 ans, et les États-Unis ont agi beaucoup contre nous», a-t-il souligné en dénonçant «une guerre militaire, économique et médiatique».
Selon l’ayatollah Khamenei, «dans cette dispute, les perdants sont les États-Unis et le vainqueur est la République islamique». Le ministère iranien des Affaires étrangères a jugé pour sa part que les sanctions américaines constituaient une violation de l’accord nucléaire et des résolutions de l’ONU ainsi «qu’un mépris des valeurs humaines, morales et éthiques».
La position des Européens saluée par Téhéran
Il a salué en revanche la position des Européens «dont dépend la survie de l’accord». L’UE envisage de créer un mécanisme pour continuer à acheter du pétrole à l’Iran malgré les sanctions. Outre l’Union européenne, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine et la Russie ont dit regretter la décision américaine de sortir de l’accord sur le nucléaire.
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De même, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné aux États-Unis de suspendre les sanctions économiques contre Téhéran mettant en péril l’aide humanitaire et l’aviation civile. L’organe judiciaire des Nations unies a ordonné aux États-Unis de ne pas inquiéter des entreprises qui commercent avec l’Iran dans certains secteurs qui «ont trait à l’importation et à l’achat de biens nécessaires à des fins humanitaires» et «à la sécurité de l’aviation civile», peut-on lire dans l’ordonnance de la CIJ. Les «médicaments et le matériel médical», les «denrées alimentaires et de produits agricoles» ainsi que «les pièces détachées nécessaires à la sécurité de l’aviation civile» ne doivent pas être soumises aux sanctions économiques imposées par les États-Unis sur l’Iran affirment les quinze juges de la Cour internationale de justice de La Haye.
De son côté, «le président Donald Trump réimpose les sanctions les plus dures jamais adoptées» pour faire plier l’Iran, a annoncé vendredi la Maison-Blanche. Donald Trump a expliqué que «l’objectif est de forcer le régime (iranien) à faire un choix clair: soit abandonner son comportement destructeur soit continuer sur le chemin du désastre économique». Donald Trump répète qu’il est prêt à rencontrer les dirigeants iraniens pour négocier un accord global sur la base de 12 conditions américaines: des restrictions beaucoup plus fermes et durables sur le nucléaire, mais également la fin de la prolifération de missiles et des activités jugées «déstabilisatrices» de Téhéran au Moyen-Orient (Syrie, Yémen, Liban…).
Mais les Iraniens avaient déjà dit rejeter un dialogue avec Washington. «Il n’y aura pas de négociations avec les États-Unis», avait lancé clairement en août l’ayatollah Khamenei. Le dialogue semble aujourd’hui dans l’impasse.
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Journaliste
Source : ©Le numéro un iranien s’en prend à Trump avant les nouvelles sanctions