La mesure, qui visait à l’origine Paris, devrait être étendue à la petite couronne, voire à la grande. La décision devrait être officialisée en début de semaine prochaine.
Blois, Tours, Lille, Toulouse, Nice, Deauville, Epinal, ou encore Dinan… et bientôt Paris et toute l’Ile-de-France. Déjà imposé dans plus de 1 000 communes françaises, le port du masque à l’extérieur va bientôt être rendu obligatoire dans la capitale, la petite – et peut-être la grande – couronne, du moins dans certaines zones, a fait savoir la Préfecture de police. Alors que cette protection avait d’abord été présentée comme inutile, l’obligation de la porter dans les lieux publics les plus fréquentés devient depuis quelques semaines une des armes privilégiées par les communes pour faire face à la propagation du Covid-19.
La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, avait fait une demande en ce sens, mardi 4 août, auprès du préfet de police Didier Lallement. Après discussions, le représentant de l’Etat a finalement décalé de quelques jours la signature de l’arrêté prévu. Car plutôt qu’une mesure cantonnée à la capitale, l’Etat prépare une décision à l’échelle de l’Ile-de-France. « Ce sera en principe pour la semaine prochaine, le temps que des discussions aient lieu avec les préfets dans tous les départements de la région », explique-t-on à la Préfecture de police.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : Anne Hidalgo veut rendre le masque obligatoire dans certaines zones de Paris
Toutes les rues de toutes les communes ne seront pas concernées. Porter un masque ne devrait devenir obligatoire à l’extérieur que dans des zones jugées problématiques. Celles où il y a souvent beaucoup de monde, des regroupements, parfois des fêtes, et où respecter une distance d’au moins un mètre entre chaque personne se révèle impossible : les rues étroites et commerçantes, les marchés, le canal Saint-Martin ou les quais de Seine à Paris, par exemple. Les préfets devraient fixer un cadre global, indiquant la liste des types de lieux visés, et laisser les maires ajuster les mesures à la réalité de chaque commune.
Troisième département le plus atteint
« Imposer le masque là où il y a des rassemblements, nous y sommes favorables, approuve-t-on au siège de la région, présidée par Valérie Pécresse. Il faut tout faire pour éviter un nouveau confinement, et permettre la reprise économique. »
A la Mairie de Paris, rendre le masque obligatoire, non seulement dans les espaces publics clos, le métro, le bus, mais aussi certaines rues très passantes, donc réduire la liberté de chacun pour un gain difficile à évaluer, n’a pas été une mesure facile à prendre.
Mais les résultats des tests effectués quotidiennement sont nets. Depuis le 25 juin, le nombre de personnes diagnostiquées positives au cours de sept jours écoulés n’a cessé de croître, passant de 5,5 pour 100 000 habitants à plus de 30 pour 100 000 habitants au 2 août. Presque six fois plus. La hausse est particulièrement vive depuis le 25 juillet.Article réservé à nos abonnés Lire aussi La lente reprise de l’épidémie de Covid-19 en France en graphiques
Selon ce critère, Paris est devenu le troisième département le plus atteint de France, derrière la Guyane et la Mayenne. Plusieurs autres départements proches de la capitale sont touchés, comme la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne, le Val-d’Oise et l’Essonne. Globalement, le taux de tests positifs dans la population demeure assez bas, mais deux fois plus important en région parisienne que dans le reste du pays.
« Il y a eu un infléchissement clair, constatait mardi Anne Souyris, l’adjointe chargée de la santé à la Mairie de Paris. C’est désolant, mais nous sommes au début d’une deuxième vague. » A Paris et en banlieue, la résurgence de la pandémie commence aussi à se sentir dans les passages en réanimation, qui augmentent à nouveau. Un signe notable, même si, à ce stade, il reste de la place dans les hôpitaux.
Face à une telle situation, les élus d’Ile-de-France comme d’ailleurs ne veulent surtout pas se retrouver accusés d’avoir vu la vague arriver sans rien faire. Dans la capitale, on vérifie donc les stocks de masques, de blouses, de charlottes, pour éviter une nouvelle pénurie. On incite les cafés et les restaurants à demander leurs coordonnées aux clients, pour qu’ils puissent être contactés si un malade est identifié et faciliter la chasse aux clusters. La Mairie prépare aussi de grandes campagnes de test, malgré le manque de personnes habilitées à effectuer les prélèvements.
Manque de certitudes
En annonçant, le 31 juillet, qu’il laissait aux préfectures la possibilité « d’étendre l’obligation de port du masque aux lieux publics ouverts, (…) en fonction de l’évolution de l’épidémie dans chaque territoire », le ministre de la santé, Olivier Véran, a ajouté une arme à l’arsenal. Des dizaines et des dizaines de communes ont demandé à l’utiliser, dans l’espoir d’endiguer le retour du virus et d’éviter un reconfinement général ou local.
Cette mesure politiquement spectaculaire est-elle pour autant utile sur le plan sanitaire ? A l’air libre, les gouttelettes qui transportent le virus se dispersent, surtout s’il y a un peu de vent. Les risques de transmission de la maladie sont donc bien plus réduits qu’en milieu clos. Presque vingt fois plus faibles, selon une étude publiée par une équipe japonaise en avril. Ils ne sont sans doute pas nuls pour autant, en particulier en cas de forte promiscuité, comme sur certains marchés ou lors de fêtes.
Dans son dernier avis au gouvernement, daté du 27 juillet, le conseil scientifique admet que la communauté médicale manque de certitudes concernant les modes exacts de contamination, la « part relative de la transmission gouttelette et aérienne », et donc les mesures barrières à privilégier. Néanmoins, dans la mesure où le port du masque ne présente aucun danger et où il est peut-être efficace, le conseil se montre favorable à sa généralisation.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : le conseil scientifique appelle à se préparer à une deuxième vague à l’automne
Dans leur avis, les scientifiques se montrent dépités devant le relâchement des comportements depuis la fin du confinement.Ils suggèrent donc de recourir à la fois à la pédagogie et à la contrainte. « L’obligation du port du masque dans les lieux publics clos est une mesure qui pourrait être étendue à l’ensemble des lieux publics », écrivent-ils. Une nouvelle application du principe de précaution, à laquelle souscrivent de plus en plus de maires.Notre sélection d’articles sur le coronavirus
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Source:© Le masque bientôt obligatoire dans les rues les plus fréquentées de la région parisienne