Commentaire:Le Monde a toujours été …. partial! La preuve par lui-même !
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Pendant les quelques jours qui nous séparent de la nouvelle année, nous allons vous transmettre les analyses auto-critiques , faites par le journal «Le Monde» sur ses turpitudes passées… et présentes !
Le Mea Culpa, d’aujourd’hui, ne peut pardonner les erreurs d’hier, ni les fautes d’aujourd’hui !
L’ Illustration d’aujourd’hui concerne la partialité du journal vis-à-vis de Giscard… il y a près de 40 ans !!!!!
Richard C. ABITBOL
Président
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Philippe Boucher, un jeune rédacteur très influent auprès du directeur, Jacques Fauvet, attise le feu anti-Giscard au grand dam du service politique
Les relations ont toujours été mauvaises entre le nouveau président, élu en 1974 et le quotidien du soir. Mais lorsque arrive en 1979 l’affaire des diamants, révélée par « Le Canard enchaîné », la tension monte d’un cran. Philippe Boucher, un jeune rédacteur très influent auprès du directeur, Jacques Fauvet, attise le feu anti-Giscard au grand dam du service politique
« Le Canard ! Le Canard ! » Arpentant les couloirs, de l’imprimerie en sous-sol jusqu’aux soupentes de l’immeuble du Monde, le garçon d’étage a pris les manières d’un vendeur à la criée. Tous les mardis, en fin d’après-midi, il livre ainsi rue des Italiens Le Canard enchaîné, quelques heures avant sa mise en vente dans les kiosques, et cette arrivée tonitruante sonne toujours un peu comme une récréation. Les pieds sur le bureau, ceux qui planchaient sur leur papier font soudain relâche et, dans un nuage de fumée, dévorent les scoops et s’essaient aux contrepèteries.
Ce 9 octobre 1979, une nouvelle s’étale, en rouge vif, à la « une » de l’hebdomadaire satirique : « Quand Giscard empochait les diamants Bokassa. » A l’intérieur, bien en vue en page 3, l’hebdomadaire publie le fac-similé d’un simple bon de commande. Adressé six ans plus tôt au Comptoir national du diamant, le bordereau signé « Général Jean-Bedel Bokassa », président de la République centrafricaine, intime un ordre qui tient en quelques lignes : « “Veuillez remettre à Madame Dimitri, secrétaire de la présidence de la République, une plaquette de 30 carats environ destinés à M. Giscard d’Estaing, ministre des Finances de la République française.” »
Depuis le 20 septembre, la presse vit au rythme de l’opération « Barracuda » qui a organisé la destitution de ce chef d’Etat qui s’était fait sacrer empereur. Le lendemain de la chute de Bokassa, Le Monde a publié une tribune d’un ancien ambassadeur de France en Centrafrique qui racontait déjà les cadeaux dont le « soudard », comme l’appelait de Gaulle, gratifiait ses visiteurs officiels du temps de sa splendeur. Il paraît donc possible qu’à la faveur du changement de régime et du désordre de l’administration centrafricaine Le Canard ait mis la main sur la preuve de ce « cadeau » si embarrassant pour le président français.
Enfermé dans ce bureau austère où les jeunes reporters osent à peine entrer, Raymond Barrillon se montre pourtant circonspect. Ce n’est pas que le si raide chef du service politique ait une quelconque indulgence pour le président de la République. Mais il sait que la publication d’une information dans Le Monde vaut imprimatur et conditionne généralement le menu des journaux télévisés du soir. Par prudence, il rechigne à reprendre sans vérification le scoop d’un confrère mettant en cause le chef de l’État.
Depuis l’élection présidentielle de 1974, le quotidien entretient pourtant des relations tendues avec Valéry Giscard d’Estaing. Lorsqu’il était encore ministre des finances, VGE est venu une ou deux fois au marbre corriger les épreuves de ses tribunes. Mais, depuis son arrivée à l’Élysée, il s’agace sans cesse de ce que le directeur du Monde, Jacques Fauvet, qu’il a voulu – en vain – amadouer d’une Légion d’honneur, cache à peine son hostilité à son endroit. Tout le service politique paraît d’ailleurs avoir des sympathies pour la gauche. Barrillon, socialiste convaincu, joue régulièrement au ping-pong avec François Mitterrand, dans la salle de sport de l’Assemblée nationale. Thierry Pfister, le rubricard qui suit le PS, ancien responsable des étudiants de la SFIO, écrivait autrefois les discours de Pierre Mauroy. Pis, aux yeux du chef de l’Etat, le seul homme de droite qui paraît trouver grâce aux yeux du Monde est son principal rival, Jacques Chirac, dont André Passeron, chargé de suivre les gaullistes, raconte avec bienveillance l’ambition grandissante.
Même les débuts de ce président, pourtant si attentif à la communication politique moderne, n’ont pas séduit le journal. L’accrédité à l’Elysée des premières années du septennat, Thomas Ferenczi, un trentenaire distrait et un peu timide, a très vite jugé Giscard « si distant qu’il est impossible d’avoir la moindre conversation avec lui ».
Normalien, ancien assistant de littérature française à l’université américaine de Yale, Ferenczi aurait pourtant pu inspirer confiance à ce jeune chef d’Etat élitiste qui attache tant d’importance aux diplômes et à la lignée. Mais il a publié dès le 27 novembre 1974 un long article intitulé « Un certain exercice solitaire du pouvoir » qui a fortement déplu à Giscard parce que, contrairement aux habitudes de l’époque, il évoquait à mots couverts sa vie privée.
Durant le week-end, M. Giscard d’Estaing disparaît »
« Le président, qui dort en semaine dans les appartements privés de l’Elysée, fait le va-et-vient entre son bureau et son domicile, où il dîne souvent, détaillait l’article. Ses collaborateurs ignorent en général où il se trouve. Il lui est arrivé, par exemple, de passer la nuit au Grand Trianon. Durant le week-end, M. Giscard d’Estaing disparaît également sans que l’on sache s’il est à Chanonat, dans la gentilhommière de ses parents, à Authon, dans la propriété de la famille de sa femme, ou ailleurs ; seule une lettre scellée portant l’indication du lieu où il peut être joint permet à celui de ses collaborateurs qui assure la permanence d’entrer en contact avec lui. »
Plus accablant encore, aux yeux de l’Elysée, le journaliste a repris un écho paru deux mois plus tôt dans La Lettre de L’Expansion, relatant un accident ayant eu lieu à 5 heures du matin, en plein Paris, entre « la voiture présidentielle » et un camion de livraison de lait, ayant obligé « le conducteur à rentrer à son palais… en taxi ». Ferenczi en a fait trois lignes que VGE a découvertes, outré : « Vraie ou fausse, cette rumeur, formellement démentie à l’Elysée, est-il écrit dans Le Monde, commence à devenir un fait politique dès lors que les dirigeants de parti en font état publiquement. »
Depuis, le rubricard a été écarté des invitations à l’Elysée, où le président convie autour d’un thé quelques journalistes triés sur le volet à des conversations off. « Avec ce que vous écrivez sur nous, on ne va pas en plus vous aider ! », lui a lancé le secrétaire général de la présidence, Claude Pierre-Brossolette. Lors d’un dîner au Siècle, Yves Canac, secrétaire général adjoint de l’Elysée, a carrément réclamé la tête de Ferenczi à Fauvet. Bien sûr, elle lui a été refusée, mais le rubricard a fini par jeter l’éponge et a pris lui-même l’initiative de rejoindre le service culture.
Depuis, Noël-Jean Bergeroux, un fils d’instituteur jovial mais tenace, a repris le poste d’accrédité au palais présidentiel. Les relations ne se sont pas réchauffées pour autant. « Bergeroux, c’est un nom du Massif central ? », a questionné Giscard lors de leur première rencontre. « Oui, du Puy-de-Dôme. – J’aurais parié que c’était du Cantal… » La conversation n’est pas allée plus loin.
Elevé dans l’orgueilleuse religion des informations maison, Barrillon n’a donc rien prévu d’autre qu’une brève signalant le scoop du Canard dans ses pages du lendemain. Mais, à quelques pas, au deuxième étage, dans son minuscule bureau à peine éclairé par une fenêtre donnant sur un puisard, Philippe Boucher ne l’entend pas ainsi.
On ne donne pas de responsabilités à des hommes comme ça… »
L’éditorialiste paraît toujours à l’affût d’une information un peu explosive dans ce journal si classique. Avec sa moustache, ses grandes écharpes de couleur accordées à ses yeux gris-vert, sa conduite débridée au volant de sa Rover vintage 1967 et son arrogante aisance, cet homosexuel assumé détonne dans une rédaction où Hubert Beuve-Méry professait encore récemment : « On ne donne pas de responsabilités à des hommes comme ça… »
Lors de son arrivée en 1970, la plupart des historiques du quotidien ont d’ailleurs regardé d’un peu haut cet ancien employé de banque devenu journaliste, le prenant d’abord pour un « saltimbanque », brillant certes, mais destiné, au fond, à demeurer en marge. Ils ont dû cependant se rendre à l’évidence que Philippe Boucher est bien plus que cela. Plume talentueuse, il possède un entregent exceptionnel et une influence particulière sur le nouveau directeur du Monde, Jacques Fauvet.
Trois ans après son arrivée, ce dandy « non dénué de diablerie », comme dit la chef de la culture, Yvonne Baby, a été nommé à la tête du service société, avant d’obtenir deux années plus tard un poste « unique dans le journal », sourit-il : celui d’« éditorialiste rattaché au directeur ». Depuis, la rumeur interne et même des graffitis sur les murs vénérables de l’immeuble de la rue des Italiens témoignent de la stupeur de la rédaction : « Boucher a vampé Fauvet ! »
Le directeur du Monde, si guindé et habituellement si peu indulgent pour ses confrères, paraît en effet subjugué. Chaque matin vers 7 heures, arrivant parfois directement de boîte de nuit, « Philippe » passe dans le bureau directorial, rapportant la rumeur de Paris. Le soir, le journaliste emmène le « patron » dans d’amusants dîners, et même, une fois, au Palace, où Jacques Fauvet et son épouse, Claude, ont découvert, sidérés, ce mélange spectaculaire de gays affranchis et de figures de la mode qui, au coeur de ces années 1970, s’apprêtent à révolutionner les moeurs en dansant sur de la musique disco.
Boucher abhorre le giscardisme et ses manières d’Ancien Régime. Quelques années plus tôt, Jack Lang, rencontré au Festival de Nancy, lui a présenté François Mitterrand. Ce n’est pas que le leader socialiste ait particulièrement le vent en poupe : « Depuis les législatives perdues de 1978, il est même un peu soldé aux pieds humides », plaisante l’éditorialiste avec ce sens de la formule qui fait rire la conférence du matin, pourtant si austère. Mais ces deux amateurs d’intrigues se sont bien trouvés. Un jour qu’il allait interviewer Mitterrand, le séducteur Boucher a réclamé à l’issue de l’entretien : « Je voudrais vous demander un service. Pourriez-vous écrire à ma grand-mère, inscrite à la SFIO depuis Jaurès ? » Le premier secrétaire du PS n’y a pas résisté. Il a écrit la lettre, et même envoyé ses livres dédicacés à la vieille dame. Depuis, il est arrivé que l’on croise les deux hommes chinant ensemble des manuscrits anciens dans les librairies des quais de Seine.
« L’indifférence et moi, nous ne sommes pas passés par la même porte », assure Philippe Boucher en guise d’autoportrait. Plaidant pour des enquêtes « plus vigoureuses » contre le pouvoir – on ne dit pas encore « investigations » –, il multiplie les mercuriales contre les lois « liberticides » du ministre de l’intérieur, Michel Poniatowski, et du garde des sceaux, Alain Peyrefitte.
En lisant Le Canard, le journaliste a donc flairé la bonne histoire. Simone Veil, connue dix ans auparavant lorsqu’elle était magistrate, l’a appelé de Strasbourg, où elle préside le Parlement européen : « Tout le monde savait qu’il ne fallait pas aller en Centrafrique, parce que Bokassa y distribuait des diamants. Mais le président n’a jamais pu résister à la chasse au gros ! » Si même l’ancienne ministre de la santé croit au scoop du Canard…
Depuis des semaines dort dans le « frigo » du journal un article sur les investissements de deux cousins Giscard d’Estaing au Tchad et au Cameroun que l’on n’a pas encore trouvé l’occasion de publier. En mettant bout à bout le patrimoine des cousins Giscard, l’histoire des diamants de Bokassa et un papier sur la pratique des cadeaux en France et à l’étranger, en tricotant un petit point sur la situation en Centrafrique et un autre sur « les mises en cause de chefs d’Etat » depuis la IIIe République, en casant un « filet » sur la « pépite » offerte autrefois à de Gaulle et laissée à l’ambassade de France à Brazzaville par un Général « exceptionnellement pointilleux sur le sujet », et même en plaçant un article qui reprend les informations de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute sur le permis de construire obtenu par le premier ministre Raymond Barre à Saint-Jean-Cap-Ferrat, il y a de quoi, assure Boucher, « monter une double page ». Reste à « vendre » à la direction du Monde cet ensemble foutraque.
La morsure douloureuse dans le coeur »
Le soir même, Jacques Fauvet doit se rendre à l’ambassade du Portugal pour un dîner offert par le président Ramalho Eanes, en visite officielle à Paris. Giscard en est également. Au cocktail, les deux hommes conversent comme si de rien n’était. Le secrétaire général de l’Elysée, Jacques Wahl, n’a pas dit un mot au président de l’« affaire » qui agite déjà le « microcosme », comme dit avec mépris Raymond Barre. Et Fauvet n’a pas encore pris connaissance de l’ensemble imaginé par l’éditorialiste qui lui est directement rattaché.
Des années plus tard, Giscard confiera la « morsure douloureuse dans le coeur » qui le saisit le lendemain en découvrant, à la sortie du conseil des ministres, les deux pages du Monde, dont aucun article n’est signé, sauf un éditorial cinglant de Jacques Fauvet, intitulé « La vérité et l’honneur », que le directeur du Monde a, en réalité, écrit avec Boucher. « Je n’arrive pas à le croire ! J’ai dîné la veille au soir avec le directeur du “Monde”, raconte l’ancien président dans Le Pouvoir et la vie, le récit de ses années au pouvoir. S’il s’agit d’une double page et d’un éditorial, ils devaient déjà être composés. Il ne m’en a pas dit un mot, ne m’a pas fait une allusion. Qu’il attaque le président de la République, c’est son droit. Mais qu’il ne prenne même pas la peine de lui dire qu’il a reçu des informations, qu’il va les publier, et surtout qu’il reste devant vous, le visage souriant, sachant ce qu’il s’apprête à faire… »
En vérité, le 10 octobre 1979, les deux pages du Monde font l’effet d’une bombe. Si le quotidien de référence reprend le scoop du Canard enchaîné, c’est donc qu’il est vrai. Jusque-là, seule la presse d’opposition, Le Matin de Paris, Libération et L’Humanité avaient fait état de l’information du palmipède. Mais, après la parution du Monde, l’Agence France-Presse s’oblige à demander une réponse de l’Elysée.
Je ne vous en veux pas personnellement mais, si je suis réélu, le journal n’aura aucun cadeau. »
Il arrive parfois que les patrons de presse saisissent avant les chefs d’Etat le danger qui les menace. Alors que Valéry Giscard d’Estaing a décidé de traiter le sujet par le mépris, un homme a compris d’emblée l’impact dévastateur de la double page du Monde. Après avoir lu son principal concurrent comme il le fait toujours avant le déjeuner, Robert Hersant, le propriétaire du Figaro, s’est décidé à appeler Victor Chapot, le conseiller du président de la République : « Demain, ce sera l’incendie dans toute la presse. Il faut que l’Elysée fasse très vite un démenti musclé. Je ne pourrai plus tenir mes journalistes. »
Ceux de la rue des Italiens sont eux-mêmes en émoi. « Beaucoup d’entre nous étaient gênés de voir sortir cette histoire un an et demi avant la présidentielle, se souvient André Laurens, alors adjoint de Raymond Barrillon. Certains jugeaient même l’affaire vénielle, et, en tout cas, le service politique n’admettait pas que cette chasse à l’homme contre Giscard soit sortie hors de son contrôle. » Une partie de la rédaction s’exaspère plus encore de l’influence grandissante de Philippe Boucher, dont Jacques Fauvet paraît ne plus pouvoir se passer.
Entre Le Monde et l’Elysée, les relations se font glaciales. Depuis qu’il a découvert la fameuse double page, le président jure qu’il ne pourra plus jamais lire le quotidien du soir. A Noël-Jean Bergeroux, il lâche : « Je ne vous en veux pas personnellement mais, si je suis réélu, le journal n’aura aucun cadeau. » De quoi inquiéter le service politique, qui pense encore que le président sortant finira par être réélu et se montre presque plus confiant que le Château. Chaque fois que le spécialiste des sondages de l’Elysée s’inquiète des faiblesses de l’électorat de droite, les journalistes se récrient avec une pointe d’amertume : « Mais non, il va encore gagner ! » Le 10 mai 1981, c’est pourtant François Mitterrand qui l’emporte. Peu après 20 heures, Jacques Fauvet monte jusqu’au deuxième étage congratuler Barrillon, et les journalistes regardent, ébahis, ces deux monstres froids pleurant dans les bras l’un de l’autre.
L’histoire n’est pourtant pas tout à fait terminée. Dix jours plus tard, un éditorial au vitriol contre le président battu provoque de tels remous au sein de la rédaction qu’il fait l’objet d’un sujet spécial au journal télévisé du soir, sur TF1. Non signé, mais en fait rédigé par Philippe Boucher, l’article dénonce violemment, en « une », les manières giscardiennes : « Si ces mômeries n’étaient odieuses, elles étaient grotesques ! Le grotesque retombait sur la France entière, écrit l’éditorialiste. Il est aujourd’hui de bon aloi que le nouveau président choisisse à présent de se rendre au Panthéon républicain pour s’y référer à Jean Jaurès plutôt que de rêver à Louis XV. Oui, ouf ! Plutôt cela que d’être tenté de chanter le “Ça ira” ! »
Je reconnais que j’avais la dent un peu dure »
Cette fois, la Société des rédacteurs se saisit de l’affaire. Car elle soupçonne désormais l’élection présidentielle d’en masquer une autre, un scrutin caché mais ô combien crucial et stratégique pour les journalistes. La voilà en effet convaincue que Fauvet s’est choisi Boucher comme successeur, un Boucher conforté par la victoire de Mitterrand, et qui critique le service politique, un classique dans tous les journaux. Elle cherche à lui barrer la route et obtient que, désormais, les éditoriaux soient relus soigneusement afin d’empêcher tout « glissement qui remettrait en cause esprit de critique et d’objection à l’égard du pouvoir en place ». Le directeur du Monde doit s’incliner et renoncer à adouber ce fils électif. Jacques Fauvet quitte le journal deux ans plus tard, bientôt nommé à la présidence de la CNIL par François Mitterrand, qui le fera grand officier de l’ordre national du Mérite en 1988.
De cette époque, certains, comme Thierry Pfister, ont gardé le souvenir des illusions perdues. L’ancien rubricard du PS, qui avait rejoint le cabinet de Pierre Mauroy à Matignon, quelques jours après la victoire socialiste de mai 1981, a terminé sa carrière comme éditeur chez Albin Michel, où il a notamment publié le livre de l’inspecteur Gaudino dénonçant le financement occulte du Parti socialiste. Raymond Barrillon est mort d’un cancer, en 1983, à l’hôpital où le président de la République était venu discrètement lui rendre visite.
Resté fidèle à François Mitterrand, Philippe Boucher, retraité du Conseil d’Etat, où le président socialiste l’avait nommé en 1991, a gardé ses écharpes bleues, sa Rover d’époque et son ironie mordante. « Je reconnais que j’avais la dent un peu dure », concède-t-il à une terrasse de café à Montparnasse. Il continue aujourd’hui d’adresser des mails à ses anciens confrères, commentant le journal comme s’il en écrivait encore l’éditorial. Seul Valéry Giscard d’Estaing a gardé longtemps sa rancoeur intacte. Ses collaborateurs jurent qu’il a mis des années avant de pouvoir relire Le Monde.
Source: Le jour où… « Le Monde » choisit de torpiller Giscard
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sitbon yvette
un journal ” de référence” qui est manifestement embrigadé à gauche, c’est surprenant , moi qui pensais que se voulant exemplaire, il devait être impartial…
mais chut, nos élites ne le savent pas et nos amoureux de la gauche non plus….