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Il a pour nom l’AR-15. Deux lettres et deux chiffres qui sèment la mort. Ce fusil semi-automatique léger, capable de détruire des organes et de pulvériser des os, est devenu la coqueluche des tueurs de masse américains. C’est avec une arme de ce type que Nikolas Cruz a abattu dix-sept personnes dans le lycée de Parkland, en février dernier. C’est la même arme qui a été utilisée lors des tueries de San Bernardino, d’Aurora, de Las Vegas, de Sandy Hook. Le « fusil de l’Amérique », selon les mots affectueux de la NRA, est une arme de destruction massive. Il est pourtant en vente légalement dans les armureries françaises. À condition d’avoir une licence de tir et un accord préfectoral, vous pouvez vous offrir, moyennant un SMIC, cette machine infernale, capable de charger trente balles – et même de tirer en rafale, avec un peu de bricolage.

C’est là un paradoxe des plus troublants : alors qu’elle s’est dotée au fil des ans d’une panoplie législative parmi les plus strictes d’Europe, la France compte aujourd’hui entre quinze à vingt millions d’armes à feu en circulation sur son territoire. Certaines datent de la Résistance. D’autres dorment dans les garages de plus d’un million de chasseurs. La majorité reste dissimulée, cachée aux yeux de l’État, par étourderie ou par intérêt. Un immense arsenal, vestige d’une histoire pas si lointaine où pistolets et carabines relevaient encore du folklore national. Mais l’époque a changé, et avec elle les exigences de sécurité. La vague d’attentats amorcée en 2015 a mis en lumière les dangers d’un pays trop armé. Longtemps chasse gardée de la pègre et des dealers, les armes de poing et fusils d’assaut sont désormais prisés par les nouveaux soldats du terrorisme – à l’image du tueur de Trèbes, équipé d’un pistolet de calibre 7,65 mm. Les petits voyous d’hier sont devenus des meurtriers solitaires. Dans le même temps, plusieurs milliers de Français se sont dirigés ces dernières années vers les stands de tir, étape incontournable pour qui souhaite se pourvoir d’armes semi-automatiques. Et un nombre croissant de citoyens demandent aujourd’hui un retour du droit au port d’armes, sous couvert de légitime défense. Des planques de banlieue aux clubs sportifs, le 1 se penche cette semaine sur cette France qui vit avec le doigt sur la gâchette. Et s’interroge sur le rapport passionnel et passionné de notre pays à ces engins de mort. Comme le rappelait si bien Jean-Luc Godard, « la guerre, c’est simple : c’est faire entrer un morceau de fer dans un morceau de chair ».

 

Source:© Le doigt sur la gâchette

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