L’ancien ministre communiste Jack Ralite est décédé à l’âge de 89 ans, a annoncé dimanche Meriem Derkaoui, maire de la ville d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) qu’il a dirigée de 1984 à 2003.

Né le 14 mai 1928 à Chalons-sur-Marne (Marne), Jack Ralite avait adhéré au PCF en 1947. Journaliste au quotidien communiste L’Humanité puis à L’Humanité-Dimanche, cet autodidacte passionné de culture est élu pour la première fois au conseil municipal d’Aubervilliers en 1959. Député communiste depuis 1973, Jack Ralite entre au gouvernement en juin 1981. Il devient ministre de la Santé puis de l’Emploi, dans les 2e et 3e gouvernements de Pierre Mauroy, de 1981 à 1984.

L’un des quatre ministres communistes de l’ère Mauroy

Il fut l’un des quatre ministres communistes de cette période, avec Charles Fiterman, Anicet Le Pors et Marcel Rigout. Tous quatre ont démissionné le 17 juillet 1984 sur instruction du Parti communiste à l’occasion du remplacement de Pierre Mauroy par Laurent Fabius. Le Parti communiste entendait ainsi protester contre la politique de rigueur, mais également faire face à l’effritement de son électorat, réduit de moitié (à 11,28%) à l’occasion des élections européennes du 17 juin 1984.

Elu maire d’Aubervilliers à partir de 1984, il démissionne en 2003. A cette occasion, Libération lui consacre un portrait. Il est sénateur de 1995 à 2011.

Passionné de culture, Ralite siège au parlement au sein de la commission aux affaires culturelles, s’engage en faveur de l’exception culturelle et contre les accords de libéralisation du commerce projet d’Accord Multilatéral sur les Investissements (AMI). Egalement animateur des États généraux de la culture depuis 1987, il siège aux conseils d’administration du Théâtre du Peuple depuis 1999, du Festival Paris quartier d’été depuis 1996, de la Cité de la musique entre 1999 et 2006, du Théâtre national de la Colline et de l’Ensemble intercontemporain depuis 2002 et du Centre des monuments nationaux de 2004 à 2008. Il a été interviewé ici dans Libération à l’occasion des Etats généraux de la culture de 2003.

Jack Ralite est l’auteur de deux Tribunes pour Libération : sur la stratégie de vaccination et la suppression de la publicité à France Télévision.

Pour Pierre Laurent, «Jack était un passeur d’idées, de mots»

Pour Pierre Laurent, Secrétaire national du parti communiste : «Nous perdons un communiste et un homme politique d’envergure, un des meilleurs défenseurs de la culture […] Jack Ralite a été un des dirigeants communistes les plus respectés : bien sûr dans son Parti, auquel il est resté fidèle toute sa vie, dans toute la Gauche et chez les écologistes mais aussi à droite […] Jack était un homme libre, un homme sans frontières, qui ne se laissait dicter sa pensée par personne. Jack Ralite était considéré comme l’ami des gens de culture et considéré par eux comme l’un des leurs.»

«Les habitant.e.s, il les considérait comme des «experts du quotidien». Parce qu’ils étaient des experts, il fallait écouter, entendre leurs détresses, leurs souffrances, mais aussi leurs espoirs,
leurs revendications. Il les portait avec fidélité dans chaque hémicycle, chaque tribune où il pouvait se faire entendre. Son combat contre les injustices, contre les inégalités nous les faisons nôtres.»

«Jack était un passeur, un passeur d’idées, un passeur d’actions, un passeur de mots. Nous prenons avec fierté le passage de témoin qu’il nous a transmis»

AFP , LIBERATION