VIDÉO – Le Sénat a voté en faveur du texte mercredi, ouvrant la voie à une victoire politique majeure pour le président et sa majorité, qui jouent..
VIDÉO – Le Sénat a voté en faveur du texte mercredi, ouvrant la voie à une victoire politique majeure pour le président et sa majorité, qui jouent une grande partie de leur capital politique sur l’effet vertueux qu’ils attachent à cette réforme.
Donald Trump tient enfin une grande victoire législative, la première depuis son arrivée à la Maison-Blanche il y a onze mois. La chambre des Représentants a voté, ce mardi, en faveur de la réforme fiscale par 227 voix contre 203. Le Sénat, à majorité républicaine, a suivi dans la nuit, peu avant 1 heure du matin: 51 sénateurs ont voté pour la réforme, contre 48. La Chambre doit revoter mercredi matin pour adopter un texte conforme, mais il s’agit d’un ultime vote technique. Le président, qui a présenté cette loi comme «un gros, un beau cadeau de Noël aux Américains», devrait la signer avant les fêtes.
Les élus ont largement respecté leur affiliation partisane, les démocrates faisant opposition en bloc. Les sénateurs démocrates ont malgré tout fait retoquer trois articles mineurs violant selon eux des règles de procédure sénatoriale.
«Nous pensons qu’en raison de la baisse des impôts sur les sociétés, les salaires vont augmenter.»
Donald Trump respecte ainsi l’une de ses principales promesses électorales et atteint un objectif recherché de longue date par les conservateurs. Leur dogme, selon lequel la richesse ruisselle du haut vers le bas, inspire cette réforme du Code des impôts, la plus importante depuis Ronald Reagan en 1986. La conviction qu’en allégeant la pression fiscale sur les plus riches, on stimule la croissance et l’emploi ne fait cependant pas l’unanimité. Les derniers sénateurs républicains hésitants sont rentrés dans le rang lundi lorsqu’une analyse indépendante du Tax Policy Center a conclu que, dans sa version finale, la loi n’augmenterait la charge fiscale que de 5 % des contribuables l’an prochain.
«Ce texte va alléger la pression sur les travailleurs et leurs familles, encourager la création d’emplois aux États-Unis et stimuler une croissance économique qui va profiter à tous les Américains», a déclaré la sénatrice du Maine, Susan Collins, en annonçant son ralliement. «Nous pensons qu’en raison de la baisse des impôts sur les sociétés, les salaires vont augmenter», a précisé dimanche le secrétaire au Trésor, Steve Mnuchin. Dans l’immédiat, cependant, c’est la Bourse qui s’est envolée, traduisant l’euphorie des investisseurs américains.
«La loi fiscale appartient aux Glick, aux Kovacs, aux Giampolo, aux Benjamin, aux Howard et aux millions d’Américains qui, comme eux, se saignent pour leur famille.»
Le président et sa majorité jouent une grande partie de leur capital politique sur l’effet vertueux qu’ils attachent à leur réforme. La semaine dernière, alors que la loi paraissait en danger faute d’unanimité chez les élus républicains (avec le sénateur John McCain traité pour une tumeur au cerveau, la majorité ne pouvait compter que sur 51 voix sur 100), Trump a mis en scène cinq familles dans le Grand Foyer de la Maison-Blanche, les invitant à dire au micro combien elles allaient profiter de mesures toujours négociées au Capitole. «La loi fiscale appartient aux Glick, aux Kovacs, aux Giampolo, aux Benjamin, aux Howard et aux millions d’Américains qui, comme eux, se saignent pour leur famille», a déclaré le président.
«Vendeur en chef» de sa politique, Trump s’est focalisé sur l’objectif, laissant la mécanique fiscale aux élus et modifiant ses exigences sur les seuils de taxation au gré des compromis. «C’est ce que font les hommes d’affaires, ils se concentrent sur le deal, commente Stephen Moore à la Heritage Foundation, cercle de réflexion conservateur proche de l’Administration. Le président ne s’est pas engagé dans les spécificités de la loi, mais ce n’est pas un problème.» Tirant les leçons de son échec sur la réforme de l’Obamacare en avril, la Maison-Blanche avait mis sur pied une petite cellule de suivi avec Steve Mnuchin, le conseiller économique Gary Cohn et le directeur législatif Marc Short, évitant ainsi la cacophonie.
55 % de l’opinion serait opposée aux baisses d’impôts, 33 % favorable
Malgré l’hyperbole qu’il attache à tous ses succès, le président n’est pas assuré de relancer sa présidence avec le vote de mardi. Le public, apparemment, reste sceptique: 55 % de l’opinion serait opposée aux baisses d’impôts, 33 % favorable, selon un sondage pour CNN. Lorsqu’on leur demande qui va le plus en bénéficier, les Américains répondent à 76 % les grandes entreprises, à 69 % les riches, à 31 % la classe moyenne et eux-mêmes à seulement 24 %, selon CBS News. L’argument de Trump selon lequel «cela va me coûter une fortune, croyez-moi», est en outre contredit par l’ajout d’une déduction de 20 % pour les investisseurs immobiliers: le magazine Forbes estime qu’elle fera économiser 11 millions de dollars par an à sa famille.
L’absence de travail bipartisan a affaibli la réforme, limitant son impact fiscal faute de supermajorité et imposant des mesures temporaires. Les démocrates tiennent ainsi leur argument de campagne pour 2018: «Nous soulignerons que les républicains ont accordé d’importantes réductions d’impôts permanentes aux grands groupes et de petites réductions temporaires aux familles de la classe moyenne», promet le sénateur du Maryland, Chris Van Hollen.
- Un pas pour la réforme fiscale de Trump
- États-Unis: la Chambre des représentants adopte le projet de réforme fiscale de Trump
- Donald Trump lance sa grande réforme fiscale
Source:© La réforme fiscale de Trump en passe d’être définitivement adoptée