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Kevin Kühnert le 21 janvier lors d’un congrès du SPD à Bonn. Le chef de file des Jusos mène campagne avec un certain succès contre la direction de son parti qui défend la «GroKo», une grande coalition avec la chancelière. – Crédits photo : SASCHA SCHUERMANN/AFP

Les jeunes sociaux-démocrates et les partisans d’un virage à gauche espèrent pouvoir faire échouer la «GroKo».

«Dix balles contre la GroKo», «Entre et dis non», «Le changement que nous voulons, nous devons le mener nous-mêmes»… Avec ces slogans, les Jusos, les jeunes du SPD, n’ont pas fait dans la dentelle. Dix euros, c’est le minimum pour adhérer au parti social-démocrate. C’est le prix à payer pour pouvoir participer au vote militant qui déterminera au bout du compte si oui ou non le SPD participera à la grande coalition négociée péniblement avec la CDU-CSU. Les Jusos n’en veulent pas et, pour faire échouer la «GroKo», mobilisent les anti-Merkel comme les partisans d’un virage à gauche du SPD.

Leur campagne fait mouche. «Refonder le parti sera impossible dans une grande coalition», explique par exemple Andreas, un nouveau militant des Jusos, comme un appel de la dernière chance. Il fait partie de cette génération qui veut tourner la page d’Angela Merkel et refuse le compromis avec les conservateurs. À Berlin, les Jusos assurent avoir recruté 600 nouveaux militants en janvier, soit 10 % de leur effectif. «Notre refus clair de continuer comme avant avec la grande coalition touche les jeunes», s’est réjouie Annika Klose, la chef de file locale.

Lors du congrès de Bonn, le 21 janvier, le vote laborieux des cadres du SPD avait montré à quel point le parti était divisé: seulement 56 % des délégués s’étaient prononcés pour la grande coalition. Le vote des militants s’annonce encore plus incertain. À la pointe du combat, Kevin Kühnert, le leader des Jusos, mène campagne sans réserve et avec un certain succès contre la direction de son parti. À Bonn, son discours avait été plus applaudi que celui de Martin Schulz. Dans la foulée du congrès, plus de 7 000 adhésions en ligne avaient été comptabilisées sur le site du SPD.

Des arguments de raison

Face au phénomène, la direction du parti est inquiète et par ricochet Angela Merkel. Si le non l’emporte lors de la consultation organisée dans les semaines à venir (la date n’est pas fixée), la chancelière se retrouvera sans majorité et sans gouvernement. Pour limiter l’influence des «anti» lors du référendum militant, le SPD a décidé de fixer une date limite d’adhésion pour participer au vote: le 6 février. Le texte final de l’accord de coalition sera à peine connu.

Les nouveaux membres ne représenteront toutefois qu’une goutte d’eau lors du vote. Fin décembre, les militants sociaux-démocrates étaient 443.152, dont 31.094 ayant adhéré en 2017. Beaucoup d’entre eux ont rejoint le parti à la faveur de l’euphorie suscitée au printemps par la candidature de Martin Schulz et l’espoir d’une victoire. Ils sont les premiers déçus.

Porté par l’énergie de ceux qui veulent renverser la table, le camp du non a le vent en poupe. Les partisans de la «GroKo», de leur côté, doivent se contenter d’arguments de raison: éviter le prolongement de la crise politique et de nouvelles élections. C’est faible pour convaincre un électorat déçu. Lors des élections du 24 septembre, les Allemands avaient massivement rejeté la grande coalition sortante, infligeant un recul à la CDU-CSU (33 %) et au SPD (20,5 %). Les derniers sondages montrent qu’un désaveu plus important guette les sociaux-démocrates: dans une enquête Infratest Dimap, le SPD est tombé cette semaine à 18 %, soit seulement 4 points devant l’AfD. Il reste à savoir quel camp profitera de ce constat.


Source:© La mobilisation anti-Merkel agite le SPD

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