Les départements s’inquiètent face à la « glaciation des territoires », tandis que les maires de France ne manquent pas de sujets de crispation.
Les présidents des départements franciliens de la petite couronne seront reçus à l’Élysée, mais le rendez-vous ne les empêchera pas de protester. La Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine fermeront plusieurs services publics le 7 février. «Le Grand Paris ne peut pas rester l’affaire de quelques technocrates qui réfléchissent en chambre. Nous allons rappeler à tout le monde que le département n’est pas une abstraction administrative», prévient Stéphane Troussel, le président socialiste de Seine-Saint-Denis. Lundi soir, il devait rencontrer Emmanuel Macron à l’Élysée, mais le rendez-vous a été reporté une nouvelle fois. Crèches, restauration scolaire, centres de vaccination fermés… tous les départements franciliens sont solidaires. Armés de pétitions et de sondages, ils veulent se faire entendre. «On est très loin du pacte de confiance», accuse Troussel. Il redoute que son département soit rayé de la carte dans le cadre du Grand Paris.
Pour Patrick Devedjian, président LR des Hauts-de-Seine, le chef de l’État a déjà arbitré «en faveur du périmètre régional». Selon lui, les réunions maintes fois reportées par l’Élysée ont une explication. «Macron est en train de mesurer la complexité de réformer la région parisienne avec l’imbrication des compétences», estime l’élu de droite.
«Bricolage»
Si les départements s’inquiètent face à la «glaciation des territoires»,les maires de France ne manquent pas de sujets de crispation. Déjà refroidis par une conférence nationale des territoires perçue comme une «simple chambre d’enregistrement», ils s’affolent également en découvrant le coût de la suppression de la taxe d’habitation. Mardi, devant le comité des finances locales qu’il préside, André Laignel dévoile les projections chiffrées de la compensation intégrale de la taxe d’habitation, annoncée par l’État. L’enveloppe atteint 26,8 milliards, selon les calculs des directions générales des collectivités locales et des finances publiques. «Manifestement, cette réforme n’a pas été étudiée. C’est du bricolage. Mais du bricolage à près de 27 milliards, ça devient déraisonnable», se désole Laignel, en écartant la possibilité pour l’État de financer une telle facture par des économies. «Tout le monde en rit», soupire le vice-président des maires de France.
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Source:© La méfiance des élus locaux envers Macron ne faiblit pas