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COMMENTAIRE ÉDITORIAL

[perfectpullquote align=”full” bordertop=”false” cite=”” link=”” color=”” class=”” size=””] Boris Lelay, propriétaire du site, nous l’avons poursuivi à de multiples reprises et il a été condamné plusieurs fois, je crois même qu’il a été condamné à de la prison avec sursis, mais il continue ! Son site a été fermé et ré-ouvert, à plusieurs reprises, avec des noms différents.
Depuis plus d’un an nous avons signalé et demandé la fermeture de ce site. Nous obtenons enfin, aujourd’hui, une décision: Le procureur vient de délivrer une assignation en  référé afin d’exiger des hébergeurs la suppression du site avec une astreinte(pénalité )de 10.000€ par jour s’ils ne le font pas ! Cela fait bientôt deux ans que nous demandions la fermeture de ce site.

Nous obtiendrons, peut-être, gain de cause , mais tant que ces types ne seront pas condamnés à de la prison ferme ils continueront.
Cette affaire montre le ridicule du plan présenté récemment par le gouvernement pour lutter contre l’antisémitisme. Car ce que propose ce plan existe ! La seule mesure qui pourrait être une arme dissuasive contre ce genre de délits est sa répression dans le Code Pénal Général et non dans la répression des abus définis dans la loi sur la liberté de la presse. Le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des opinions mais des délits, des atteintes aux droits de la personne [/perfectpullquote]


L’article du Monde ci-dessous


L’administrateur de DemocratieParticipative.biz pourrait être Boris Le Lay, une figure de l’extrême droite en ligne plusieurs fois condamnée par la justice, selon un document qu’a pu consulter « Le Monde ».

C’est une première en France. Le procureur de la République de Paris, François Molins, a assigné en référé les opérateurs de télécommunications afin qu’ils bloquent un site Internet d’extrême droite publiant des contenus haineux en ligne, a confirmé au Monde une source proche du dossier, mercredi 17 octobre.

Cette démarche inédite sur la Toile, résultat de mois d’aléas judiciaires, est particulièrement portée par la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), organisme rattaché au premier ministre.

En vertu de cette assignation, neuf opérateurs, dont les quatre principaux – SFR, Orange, Free et Bouygues Telecom – sont assignés, le 8 novembre, au tribunal de grande instance de Paris, dans le cadre de cette procédure d’urgence.

L’objectif, constater le trouble « manifestement illicite » causé par ce site, selon les mots du parquet de Paris, et ordonner de cette façon le blocage de l’accès à la plateforme dans un délai de quinze jours, sous astreinte de 10 000 euros par jour de retard.

Un site sans équivalent à l’extrême droite

Le site en question porte très mal son nom : il s’appelle « DemocratieParticipative.biz ». Sur ses pages se déploie une litanie d’articles et de vidéos antisémites, homophobes, antimusulmans et racistes.

Ce site, qui revendique être « le plus lu par les jeunes blancs décomplexés », agonit aussi régulièrement d’injures divers responsables politiques et personnalités médiatiques. Au point de servir souvent de base arrière à des campagnes de harcèlement numérique d’une rare violence. Par sa radicalité, « DémocratieParticipative.biz » n’a pas d’équivalent dans la nébuleuse d’extrême droite.

Bien que repéré depuis de longs mois, l’activisme du site, créé en 2016, défiait tous les recours juridiques. Les divers signalements effectués par Frédéric Potier, le préfet délégué à la tête de la Dilcrah, par la voie de l’article 40 au parquet de Paris, ne trouvaient pas d’issue judiciaire. Même chose pour près d’une dizaine d’enquêtes diligentées par différents services de police après des signalements sur la plateforme Pharos du ministère de l’intérieur dédiée aux contenus illicites circulant sur le Web, ou des plaintes déposées dans différents départements de France.

Un hébergement américain

Les autorités françaises – ainsi que plusieurs particuliers et associations – ont bien essayé de contourner ces échecs en tentant de limiter l’impact de « DemocratieParticipative.biz » en le faisant par exemple supprimer des résultats de recherche Google. La Dilcrah a même obtenu, en janvier, la disparition de la page d’accueil de « DemocratieParticipative.biz » du moteur de recherche. Une solution néanmoins très partielle, puisque le site est resté en ligne.

Au cœur du problème : le lieu d’hébergement de « DemocratieParticipative.biz ». Pour abriter sa structure, le site a depuis ses débuts recours à une société américaine, Cloudflare. Celle-ci n’a jamais donné suite aux réquisitions françaises. Elle s’abrite derrière le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui protège de façon extensive la liberté d’expression, et derrière l’absence de contrainte légale l’obligeant à répondre à des autorités judiciaires autres qu’américaines.

Lire aussi :   La guerre discrète de la « preuve numérique »

Autre difficulté : l’identification et l’éventuelle interpellation de l’administrateur du site. D’après une note conjointe de la Direction générale de la police nationale (DGPN) et de la préfecture de police (PP) datant d’avril, que Le Monde a pu consulter, de nombreux éléments permettent de penser qu’il s’agit d’un militant d’extrême droite d’origine bretonne très connu de la « fachosphère » : Boris Le Lay, né à Quimper et âgé de 38 ans, suivi sur Facebook par plus de 120 000 personnes et par plus de 10 000 abonnés Twitter.

Des soupçons sur une tête de proue de la « fachosphère »

Selon cette note de la DGPN et de la PP, « plusieurs éléments concordants » désignent en effet M. Le Lay. Le plus fiable étant une adresse IP commune à DemocratieParticipative.biz et à deux sites ouvertement gérés par ce militant, signe que les trois plateformes étaient présentes sur le même serveur informatique. Un élément qu’a pu confirmer Le Monde de façon indépendante.

Fin septembre 2017, la fachosphère avait bruissé de la « censure » de DemocratieParticipative.biz : il avait, effectivement, disparu du Net, sans explications. Fait troublant, les deux sites appartenant à M. Le Lay se sont évaporés au même moment.

Or sur sa page VKontakte, un réseau social russe, M. Le Lay avait alors répondu à une admiratrice qui s’inquiétait de la disparition de DemocratieParticipative.biz : « On doit reconstruire l’architecture », écrivait le militant. Quelques jours plus tard, ces trois sites changeaient d’hébergeur, et pratiquement en même temps, selon les données techniques consultées par Le Monde.

M. Le Lay est loin d’être un inconnu pour les services de police. Il a de nombreux antécédents judiciaires pour « diffamation », « apologie de crime », ou « injure », et a été plusieurs fois condamné, entre 2011 et février 2018. Son parcours militant est aussi éloquent. D’abord engagé dans un groupuscule indépendantiste breton proche de l’ultradroite identitaire, ADSAV (Renaissance), il fonde, en 2006, l’association Breizh-Israël qui a pour objet « la promotion des liens entre l’Etat d’Israël, la communauté juive mondiale et les Bretons ». Il bascule plus tard dans l’antisémitisme en rencontrant l’essayiste nationaliste Hervé Ryssen. Il s’occupera aussi un temps « des relations avec l’Europe » du Mouvement des damnés de l’impérialisme du très controversé Franco-Béninois Kemi Seba.

Treize mandats de recherche et une fiche S

Aujourd’hui, la justice bute toutefois sur la fuite au Japon de M. Le Lay. Malgré les treize mandats de recherche et la fiche « S » dont il fait l’objet pour son appartenance à la mouvance d’extrême droite radicale, impossible jusqu’à présent d’obtenir son extradition.

Ces mandats ont été émis pour « injures publiques envers un particulier en raison de sa race, religion, ou origine par parole, écrit, image, ou moyen de communication au public par voie électronique ». Mais il faudrait que M. Le Lay soit contrôlé sur le territoire français ou européen pour qu’ils soient exécutables.

En janvier, une notice rouge d’Interpol a fini par être diffusée pour qu’il puisse être interpellé à l’étranger, dans d’autres pays. Mais la valeur accordée à ces notices varie selon les Etats. Pour des raisons propres à son droit national, le Japon ne peut procéder à une arrestation demandée par d’autres pays membres. Il n’existe en outre par de convention d’extradition entre la France et l’Archipel. Les services de police de l’Hexagone s’inquiètent enfin du fait que M. Le Lay ait pu obtenir, entre-temps, la nationalité japonaise. Bref, un casse-tête qui explique la décision du parquet de Paris d’employer les grands moyens.

Source :© La justice tente de bloquer l’un des principaux sites de la « fachosphère »

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