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Eric Brunet

Lorsque j’entends sur les chaînes d’info nos politiques rabâcher leur « attachement aux valeurs de la République », je ne peux m’empêcher de penser aux 150 000 Vendéens massacrés au nom de ladite République. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, assassinés par les armées de la République parce qu’ils avaient comme seul tort d’être nés vendéens.

Tribune. Malgré les travaux d’intellectuels et d’historiens, les massacres commis en 1793 et 1794 sont encore officiellement une campagne de pacification.

Lorsque j’entends sur les chaînes d’info nos politiques rabâcher leur « attachement aux valeurs de la République », je ne peux m’empêcher de penser aux 150 000 Vendéens massacrés au nom de ladite République. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, assassinés par les armées de la République parce qu’ils avaient comme seul tort d’être nés vendéens. Des massacres qui préfigurent, cent cinquante ans plus tôt, les crimes du IIIe Reich : organisation de noyades collectives de civils, utilisation de fours à pain pour brûler vifs les villageois, et même première tentative de gazage de masse… La République française accepta la création de tanneries de peaux humaines permettant de réaliser des sacs et des pantalons en peau de Vendéens, et on utilisa leur graisse pour fabriquer du savon. À Noirmoutier, c’est tout simplement le premier camp d’extermination de l’histoire moderne qui fut créé.

Certes, au fil des siècles, la France s’est rendue coupable de nombreuses exactions : croisade contre les Albigeois, persécutions des protestants, traite négrière, antisémitisme d’État… Mais seuls les massacres de Vendée, pensés et organisés depuis Paris, sont encore occultés. Ils ne sont pas enseignés dans les manuels scolaires, ni traités au cinéma ou dans des téléfilms produits par notre télévision publique. Pourtant, depuis quelques années, les choses évoluent. Et si certains considèrent ces crimes comme le premier génocide moderne, c’est grâce à l’abnégation d’un homme : Reynald Secher.

En 1985, ce Nantais alors âgé de 30 ans soutient une thèse de doctorat à la Sorbonne intitulée Contribution à l’étude du génocide franco-français : la Vendée-Vengé. Il y démontre que les massacres commis par les représentants de la Convention en 1793 et 1794 constituent un génocide. Le jury, qui comprend Pierre Chaunu et Jean Tulard, lui décerne la mention “très honorable”. La thèse est publiée l’année suivante par les Puf, se vend à 80 000 exemplaires et est traduite en Europe et aux États-Unis.

C’est un électrochoc. Jusque-là, les guerres de Vendée étaient présentées comme une campagne de pacification, avec leur lot d’exactions et de débordements, mais en aucun cas comme un génocide. L’utilisation de ce mot provoque une vive polémique dans le milieu universitaire, où l’influence de la pensée marxiste est, à cette époque, prépondérante et où les défenseurs de la Terreur sont légion. Les spécialistes de Robespierre s’insurgent. Secher est victime de pressions et de menaces. On le cambriola quinze jours avant la soutenance et on lui proposa même 500 000 francs et un poste à l’université pour ne pas soutenir sa thèse. Pour avoir refusé de se soumettre aux injonctions, l’historien verra sa carrière brisée.

L’étude détaillée des massacres démontre pourtant que les émissaires de la République ont mis en oeuvre une véritable politique d’extermination pilotée par le général Turreau (et ses colonnes infernales) et par Jean-Baptiste Carrier à Nantes. Le 12 décembre 1793, ce dernier écrit : « Il entre dans mes projets, et ce sont les ordres de la Convention nationale, d’enlever toutes les subsistances, les denrées, les fourrages, tout en un mot dans ce maudit pays, de livrer aux flammes tous les bâtiments, d’en exterminer tous les habitants… » Cette industrie de la mort fut dénoncée en son temps par le révolutionnaire Gracchus Babeuf, auteur en 1795 d’un pamphlet intitulé la Guerre de la Vendée et le Système de dépopulation, dans lequel il forgea le concept de “populicide”, terme précurseur du “génocide”.

Malgré la caution de nombreux historiens ou intellectuels, le génocide vendéen n’a jamais été reconnu par l’État français. Depuis 2007, trois propositions de loi ont été faites en ce sens par des parlementaires. En vain. La Terreur a encore ses partisans, et le nom du général Turreau, l’Eichmann de la Vendée, reste gravé sur l’Arc de triomphe…

Comment la France peut-elle espérer contraindre la Turquie à reconnaître le génocide arménien en interdisant sa contestation, alors que dans le même temps elle s’entête à nier celui des Vendéens ?

Source:©  La France doit reconnaître le génocide vendéen

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