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Nombre de militants affichent leur soutien aux gilets jaunes et déplorent les atermoiements de leur centrale.

Les propos sont virulents à l’endroit de la CGT. Alors qu’une journée de grève est prévue ce vendredi par le syndicat pour «une augmentation immédiate des salaires, pensions et de la protection sociale», certains de ses militants estiment que cette initiative n’est pas à la hauteur de la colère des gilets jaunes. Et ne supportent plus les hésitations de la centrale à rejoindre cette mobilisation. Ils regrettent d’avoir à porter leur «gilet rouge» ce vendredi pour la manif de la centrale et leur gilet jaune ce samedi pour l’acte V. «On continue de faire des journées isolées et des manifs planplan», regrette Gaëtan Gracia, militant CGT et employé à l’usine AHG (ateliers de la Haute-Garonne), sous-traitant dans l’aéronautique. Même constat pour Florent Coste, secrétaire CGT à l’usine Latécoère. «Ces hésitations de la direction, je ne me les explique pas et elles m’agacent profondément. La partition qu’on s’apprête à jouer, elle ne cesse d’échouer», abonde-t-il. Avec ses collègues, le syndicaliste a distribué cette semaine dans son usine un tract signé «CGT Latécoère» et sous-titré «Gloire aux gilets jaunes». «Ici, on est unanimes, on attendait ça depuis toujours, un mouvement d’une telle ampleur», avance-t-il.

«Double jeu»

«J’ai un gilet jaune avec un autocollant CGT dessus», s’amuse de son côté Gaëtan Gracia. Comme d’autres, les deux militants ont participé à certaines des nombreuses actions menées depuis le 17 novembre. Résultat, ils ont appelé leur syndicat à rejoindre les gilets jaunes dans une lettre ouverte publiée sur Libération.fr. «La position de la direction CGT est scandaleuse. On devrait aller dans le sens de la convergence, bloquer l’économie de l’intérieur des usines via une grève reconductible», avance Gaëtan Gracia, qui veut un syndicat «plus combatif». Quand, dans son usine, on considère que les annonces du Président sont «des miettes» au regard de leur situation. Les militants CGT l’affirment aussi, cette situation est la preuve que la confédération est «tiraillée entre sa tête et sa base». Une fracture à son paroxysme lorsque la centrale de Montreuil a décidé de signer, avec sept autres syndicats dont la CFDT, un communiqué commun le 6 décembre dernier. Ils y dénoncent notamment «toutes formes de violence dans l’expression des revendications». «Incompréhensible», de l’aveu de nombreux militants, qui regrettent de ne pas avoir été consultés. «Ils oublient de dénoncer la violence sociale de l’Etat et les violences policières», regrette Gaëtan Gracia. Ce qui a poussé l’organisation à publier, à peine deux heures plus tard, un nouveau communiqué unilatéral. Dans lequel ils dénoncent «l’irresponsabilité» du gouvernement, «qui joue à l’incendiaire social». «Cela montre bien le grand écart que la CGT est en train de faire», note un dirigeant d’un syndicat concurrent. «[Philippe] Martinez est sous pression en interne», affirme un autre cadre extérieur. «Ils jouent un double jeu. On dirait le “en même temps” de Macron», analyse Gaëtan Gracia. «Macron avait outrepassé les corps intermédiaires, la CGT voit dans les gilets jaunes un moyen de récupérer la colère pour les réhabiliter», poursuit le syndicaliste.

Flou

La position ambivalente de la CGT décourage d’autres syndicalistes de gauche à défiler à leurs côtés ce vendredi. Anasse Kazib, délégué SUD rail, artisan de la grève reconductible des cheminots au printemps, constate : «Certains cheminots sont un peu “vénères” contre la CGT. Pas tellement pour la grève perlée, mais ils trouvent qu’ils essayent de récupérer les lauriers de la mobilisation actuelle.» L’appel de SUD rail et de Solidaires à rejoindre les gilets jaunes, ce samedi, simplifie les choses pour les militants favorables au mouvement. Car depuis le 17 novembre et la première mobilisation jaune fluo d’ampleur, la plupart des orgas syndicales ne sont pas à l’aise. Certaines fédérations sont tentées par la grève illimitée, comme FO transport routier ou la CGT spectacle. «On est la seule fédération à soutenir les gilets jaunes depuis le 20 novembre dernier», explique Patrice Clos, secrétaire fédéral de FO transports. Et des sections locales annoncent défiler ce samedi en soutien aux gilets jaunes alors que leurs centrales continuent d’entretenir le flou, renforçant le sentiment d’une fracture grandissante entre les dirigeants et des militants favorables à l’expression de la colère populaire que les syndicats n’étaient pas parvenus à canaliser. «Que ce soit la nôtre ou les autres, les confédérations sont hors jeu», affirme Patrice Clos.

Gurvan Kristanadjaja photo Cyril Zannettacci. VU pour Libération


Source :© La CGT débordée par sa base sur l’idée d’une convergence

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