Mais pourquoi y a-t-il 9% de chômeurs en France alors qu’il est si facile de trouver un emploi ? A écouter Emmanuel Macron, c’est presque une formalité : «Vous faites une rue, vous allez à Montparnasse par exemple, vous faites la rue avec tous les cafés et les restaurants… Franchement, je suis sûr qu’il y en a un sur deux qui recrute en ce moment.»

C’est avec l’arrogance qu’on commence à lui connaître que le président de la République s’est adressé à un citoyen en difficulté, ce samedi dans les jardins de l’Elysée. Pour les journées du patrimoine, des milliers de personnes sont venues visiter le palais présidentiel et ont fait la queue plusieurs heures pour approcher Emmanuel Macron, qui s’est fendu d’une sortie vers 16 heures. Parmi eux, un jeune chômeur a tenté d’expliquer les difficultés de la recherche d’emploi au président : «J’ai beau envoyer des CV, des lettres de motivation, ça fait rien. […] Je donne mon CV mais ils me rappellent jamais.»

«Si vous êtes prêt et motivé, dans l’hôtellerie, le café, la restauration, dans le bâtiment, y a pas un endroit où je vais où ils me disent pas qu’ils cherchent des gens», lui répond le président dans l’entretien filmé par BFMTV. Le jeune homme vient pourtant de préciser qu’il a une formation d’horticulteur, et cherche donc sans doute un travail dans son domaine. C’est pour cela qu’il envoie son CV «partout dans les mairies». Mais Macron ne semble pas accorder de valeur à ses compétences professionnelles, puisque c’est dans la rue que les contrats fleurissent, et qu’il suffit de les cueillir : «Hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue, je vous en trouve, ils veulent simplement des gens qui sont prêts à travailler. Avec les contraintes du métier.»

Ce mépris éclate trois jours à peine après le beau discours d’Emmanuel Macron présentant les mesures de son plan pauvreté : «En oubliant d’accompagner toutes les personnes vers l’emploi […], nous avons aussi collectivement récolté ce que nous avons semé, une incapacité collective à permettre le retour au travail des personnes tombées dans la pauvreté […]. Et nous avons nourri la défiance du reste de la société qui, trop souvent, s’est complu à dire : “Au fond, ils l’ont choisi, ils y sont bien, on les aide trop, regardez, puisqu’ils y restent !”» La sénatrice socialiste Laurence Rossignol n’a pas manqué de le relever.

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