HOMMAGE A MON AMI, CLAUDE BAROUCH

Lorsque j’ai appris avec une infinie tristesse, ce Samedi 25 avril au réveil, le décès de mon ami Claude Barouch, frappé par le coronavirus depuis cinq semaines, je me suis dit comment pourrai-je évoquer en quelques pages sa mémoire alors que décrire sa personnalité, ses engagements et ses combats nécessiteraient un ouvrage de plusieurs tomes.
Alors, je me suis interrogé sur une autre approche : pourquoi ne pas exprimer ce qui a fait que Claude a réussi à nous toucher au plus profond de nous-même, ce qu’il a su toucher et imprégner au fond de notre cœur ?
Mais, comment exprimer ces sentiments mêlés en quelques mots, en quelques phrases ? Cela me paraissait très difficile tant ce que nous ressentions pour Claude ne pouvait s’exprimer par des mots mais par notre âme, par notre ressenti intime ! Pourtant, il fallait essayer, je me devais d’essayer.
Comment ? Tout simplement en parlant de Claude comme on l’a connu, en le décrivant. Quand on connaissait Claude, on savait que le seul fait d’en faire le portrait serait, en soi, un hommage et c’est ce que je vais tenter de faire aujourd’hui.
Claude était non seulement un ami très cher mais un Frère, au sens Frère d’armes, celui d’une fratrie engagée au combat, ce combat qui a toujours été le sien tant contre l’antisémitisme que pour la défense d’Israël.
Ceux qui ne l’ont pas connu seront passés à côté d’une véritable opportunité de connaître un homme hors du commun, et pour ceux qui l’ont connu, comme moi, ce moment restera une épreuve difficile et très douloureuse à traverser car Claude leur laissera, à jamais, un vide incommensurable.
J’ai eu la chance de connaître Claude, il y a une vingtaine d’années, et pourtant j’avais l’étrange sensation de l’avoir toujours connu.
Je n’étais pas de ceux qui l’avait connu en Tunisie (ma terre natale que j’ai quitté à l’âge de deux ans) mais ses racines étaient si vivaces, si ancrées en lui, que j’avais l’impression de l’avoir connu là-bas !
C’était ça Claude : l’ancrage à ses racines de juif tunisien tout en étant profondément français et attaché à cette République si chère à son cœur ! Toutes les personnalités politiques qui l’ont connu, et elles sont nombreuses, le savent pertinemment.
Je ne ferai donc pas, ici, la litanie de ses actions, de ses combats, de ses engagements pour les plus nécessiteux, pour les valeurs de la république sans oublier, bien sûr, son attachement et son combat pour la défense d’Israël.
Mais, surtout, Claude était de ces amis qui pénétrait dans notre intimité sans jamais être envahissant, il était proche, à l’écoute tout en restant discret. Claude était un ami sincère et fiable, cet ami qui peut tout vous dire, même ce qui ne plait pas, sans que l’on se fâche ; celui qui vous soutient quand rien ne va plus, celui dont vous pouvez dire, après qu’il vous ait fait une remontrance ou une remarque désagréable, s’il a dit ça, c’est forcément pour ton bien, alors réfléchit sérieusement à ce qu’il vient de dire ! En un mot, Claude donnait tout son sens au mot « ami » !
Certes Claude pouvait être coléreux, ou plus exactement révolté, coléreux contre l’injustice et l’infamie, mais c’était d’abord et avant tout un homme sensible, généreux et aimant. Celui qui donnait sans jamais rien attendre en retour. C’était l’homme entier par excellence, celui qui savait se donner totalement à ceux qu’il aimait et aux causes qu’il défendait. Il était un exemple pour nous tous : un exemple de fils, un exemple d’époux, un exemple de père, un exemple d’ami et un exemple de Frère.
C’était un défenseur acharné de la cause d’Israël et de notre communauté : engagé notamment à l’U.P.J.F. dont il a été un des fondateurs et le Président pendant de très nombreuses années. Il a laissé un souvenir ineffable à ceux qu’il a côtoyés dans ces combats.
Il a été pendant de très nombreuses années la cheville ouvrière de la communauté juive tunisienne de Paris où il vivait, tout en étant en osmose avec la communauté juive de France dans son ensemble. Il était le symbole de cette communauté tunisienne, cultivée, ouverte sur le monde, et totalement imprégné de sa judaïté.
Notre communauté et l’U.P.J.F. pleurent aujourd’hui la disparition d’un homme qui laissera un vide immense à tous ceux qui l’ont connu et aimé. Son action et son rayonnement ont, d’ailleurs, largement dépassé les frontières de la France et d’Israël.
Il a porté, avec une chaleur et une énergie de chaque instant, les projets, les réalisations, les préoccupations, les joies et les peines, de notre communauté et notamment ceux de l’U.P.J.F., pour lesquels il s’était tant donné, sans parler de ses actions de bienfaisance hors communauté.
Sa sagesse, son savoir, sa générosité, sa bonté et son courage resteront un exemple gravé pour toujours dans le cœur de ses amis et des juifs de France avec laquelle il a vibré jusqu’aux derniers instants de sa vie.
Nous tous, ici réunis par la pensée, pour cause de confinement, tous ses amis qui ne pourront se déplacer pour lui rendre hommage, moi-même et mon épouse, sommes profondément peinés et éprouvés par cette terrible perte.
En ce moment, notre pensée va bien évidemment à son épouse, Michèle, et à ses filles, Rébecca et Alexandra, à son fils David ainsi qu’à ses petits-enfants. Au nom de tous ceux qui ont connu Claude et qui l’ont aimé, au nom de Céline et de moi-même, je leur transmets nos sincères condoléances. Pour eux, son absence sera cruelle car il ne vivait que pour eux car il avait un sens aigu de la famille et prenait un grand soin de la sienne qu’il adorait.
Sa famille, ses amis, notre communauté, ont perdu aujourd’hui un de ces hommes dont on a tant besoin pour le « Tikoun Aholam ».
Son souvenir, son sourire, sa civilité, sa compassion, sa bonté, vont terriblement nous manquer mais tous ces éléments resteront gravés à jamais dans notre mémoire et dans nos souvenirs.
Claude a été et restera pour moi un guide et un exemple, il continuera à inspirer mes actions à venir. Il va énormément me manquer.
« On ne meurt pas puisqu’il y a les autres » disait Aragon. Il a raison. Claude tu ne peux pas mourir et tu ne mourras jamais puisque ceux qui t’ont aimé, tous ces « autres » qui t’ont tant aimé, nous tous, nous sommes là pour faire vivre ton souvenir et plus encore pour continuer ton action dans le sillon que tu nous as tracé.
Richard C. ABITBOL
Président
Le Bureau de la C.J.F.A.I.