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Histoire d’un Guett : demande de changement !

Evelyne Gougenheim

 

Habituellement, nous apprenons lorsque tout est dénoué qu’une femme attendait son Guett, 10, 15 ou 29 ans. On ne peut que s’indigner, et écouter les promesses dont chacun sait qu’elles ne seront pas tenues : « nous mettons tout en œuvre ». En attendant, l’horrible continue. En Israël, enfin, des dispositions concrètes et efficaces sont prises

Or, récemment, lors d’une réunion j’apprends qu’une femme attend son Guett depuis huit ans, au Beth Din de Marseille, et que cela devrait se résoudre rapidement. Lors de cette même réunion, il est question d’un problème de cacheroute, enfin de répartition de la redevance entre deux cacheroutes différentes (cacherouyotes, non !). Et de m’exclamer : « Je parie que le problème de cacherout sera plus vite solutionné que celui du Guett » Prise au mot, on me lance, je m’en occupe de suite en sortant de réunion. Et je me réjouis de l’avancée à venir.

Le lendemain, petit coup de fil pour savoir, pleine d’espoir. La secrétaire me transmet le message « le mari s’est engagé à lui donner le Guett à la fin de l’année, bientôt ». Ok, merci. Puis je commence à imaginer cette femme attendant. Pour la combientième fois attend-elle, combien de fois lui a-t-on fait miroiter une date ?  A-t-elle encore la capacité d’attendre, d’espérer ? Huit ans, 2920 jours.  L’horloge implacable a fait son travail durant huit ans. Certains criminels n’attendent même pas huit ans avant de retrouver une vie normale.  Cette attente de trois mois supplémentaires, somme toute, encore six semaines à compter d’aujourd’hui, ce n’est pas si terrible, finalement, après huit ans.

Justement, je crois que l’erreur, ou plutôt la faute est là : ces trois mois sont un paroxysme de douleur et de souffrances. Le mari torture sa femme encore trois mois, l’écrase, la piétine, l’humilie pour le seul plaisir de la détruire. Je ne connais ni cette femme, ni cet homme et cela n’a pas d’importance. Je constate que malgré huit ans d’attente, huit ans de faux espoirs, huit ans de vrai désespoir, cette femme doit encore accepter d’être soumise au diktat de son infâme ex-mari. Mais, le pire est que cette destruction programmée se fait avec l’accord passif du Beth Din local qui n’a rien su imposer au mari, peut-être même se sont-ils mutuellement encouragés d’un regard plissé dans la barbe. Messieurs les juges rabbiniques, avec des minuscules, vous avez entériné ce différé dont le seul but est d’avilir cette femme et d’en faire une victime piétinée. Rien à voir disent les offusqués. Rien à voir pour vous Messieurs, tout à voir pour elle, pour cette femme qui n’a plus la force de croire à sa délivrance. Vous lui deviez secours, pourquoi n’avez-vous pas mis en place des moyens efficaces qui vous auraient permis de mettre un terme à ce type de souffrances, huit ans après le divorce civil !!! Messieurs les juges rabbiniques, il vous reste quelques jours avant ‘Hanouccah pour que cette femme sorte de l’enfer dont vous avez les clés. Messieurs les juges rabbiniques, donnez-moi le nom de cet affreux et il sera connu jusqu’au fin fond des Ardennes, Messieurs les juges, ne soyez pas complices, vous avez la capacité de restaurer la dignité à cette femme. Elle en a besoin pour vivre. Messieurs les juges rabbiniques, soyez à la hauteur de nos Ancêtres, des interprétations de nos Textes, des Commentaires qui ont su trouver des solutions d’une subtilité, d’une logique qui défie les siècles et les siècles. Vous êtes en responsabilité d’avoir la volonté et la capacité de tout mettre en œuvre pour que ce type de pratiques inhumaines cesse. Messieurs les juges rabbiniques, s’il vous plaît, trouvez 

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