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CONTRE-POINT- En reconnaissant qu’il n’avait pas réussi à réenchanter la politique, base de son projet présidentiel, le chef de l’État doit revoir l’ensemble du discours de la méthode.

L’aveu fait mercredi soir sur TF1 par Emmanuel Macron qu’il n’avait «pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants» va bien au-delà du message d’humilité formulé à la veille d’une journée de mobilisation à hauts risques. C’est le fondement même du macronisme qui est ainsi questionné ; par son fondateur lui-même.

Il faut en effet revenir à l’intuition première de Macron, telle qu’il la formulait avant même d’être officiellement candidat à l’élection présidentielle. Dans son discours d’Amiens, le 6 avril 2016, celui qui était encore ministre de l’Économie partait de ce constat d’une coupure croissante entre les Français et les responsables politiques. Et il faisait du «verrouillage» du système partisan la cause première de ce rejet. À la Mutualité, trois mois plus tard, il accusait les partis classiques de «tenir ce pays dans un état de minorité intellectuelle et politique» par des «promesses non tenues nourries de l’entre-soi». Et rendait les tenants du clivage gauche droite responsables du «scepticisme général».

Promesse initiale

Le socle de l’analyse d’Emmanuel Macron ne consistait pas à dire que les politiques menées jusqu’alors étaient mauvaises, mais qu’elles échouaient parce que les dirigeants successifs avaient perdu toute crédibilité aux yeux des électeurs. Et que ceux-ci leur avaient retiré leur confiance parce qu’ils les entretenaient dans l’illusion d’un clivage devenu obsolète, factice et trompeur. La promesse macronienne initiale était donc bien une «transformation» des règles de fonctionnement de la vie politique. Pour réenchanter la politique, autrement dit pour «réconcilier le peuple français avec ses dirigeants», comme il le dit aujourd’hui, il fallait faire exploser le monde ancien.

Ce n’est pas Macron qui doit s’amender, c’est le macronisme qui doit se repenser

Et c’est bien ce qu’il a fait. Par sa victoire, il a fait exploser le PS et divisé LR, renvoyant les deux partis classiques d’alternance à leurs ruines ou leurs querelles. Au gouvernement, il a mis en avant des personnalités issues de la société civile, censées être plus en prise sur la vie réelle du pays. Au Parlement, il a propulsé une nouvelle génération d’élus, vierge des vieux réflexes qui lassaient l’opinion. Sur le fond, il se faisait fort encore de «construire des consensus», condition préalable à l’acceptation, donc à la réussite des réformes.

C’est donc bien ce qu’il a fait… mais, à l’évidence, cela n’a pas suffi. Et c’est ce qu’admet le président de la République par ce mea-culpa. La reconnaissance d’une insuffisance de dialogue, d’écoute, de proximité est un «classique» des présidents de la République confrontés à l’impopularité. Chirac, Sarkozy, Hollande s’y sont essayés avant lui. Mais dans le cas de Macron, l’engagement à une «réconciliation» du pays et à un changement de logiciel politique était constitutif du projet présidentiel. Une reconnaissance d’échec ne suffit donc pas. Car une inflexion de comportement ne peut corriger cette carence. C’est l’ensemble du discours de la méthode qui est à revoir. Ce n’est pas Macron qui doit s’amender, c’est le macronisme qui doit se repenser.


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Guillaume Tabard

Journaliste

Source :© Guillaume Tabard: «Quand Macron avoue l’échec du macronisme»

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