Confiant dans l’évolution des relations entre les ténors du parti, le président du Sénat entend travailler au «rassemblement» des sensibilités de la droite.
Il est un des rares à ne pas viser l’Élysée en 2022. Même sur un malentendu… Candidat à rien, interlocuteur de tous, Gérard Larcher n’a pas la présidentielle en ligne de mire. Une incongruité à LR… Un préalable nécessaire pour discuter. «Je viens toujours pour écouter», appuie-t-il. Plus qu’une stratégie, une philosophie de vie.
Troisième personnage de l’État, le poste le plus capé détenu aujourd’hui par un LR, le président du Sénat entend travailler au «rassemblement» des sensibilités de la droite. «Je souhaite que l’année prochaine, on se retrouve tous», confiant dans l’évolution des relations entre les ténors, au sein du parti.
«Je trouve Wauquiez plus attentif et à l’écoute. Il est le président de LR, Laurent est légitime. Ça lui donne des droits et des devoirs», indique-t-il. «Mais il y a des attitudes qu’on doit essayer d’éviter, des anathèmes», glisse-t-il sans vouloir «donner de leçon à personne. Ce n’est pas pour jouer les “M. Bons Offices”. Ce n’est pas mon rôle, mais je me dis qu’on est collectivement responsable pour répondre aux citoyens.»
«Catalyseur des retrouvailles»
Pour Gérard Larcher, qui se définit comme «un catalyseur des retrouvailles», rien ne serait pire qu’un «no man’s land entre La République en marche et le Rassemblement national».
Reçu par tous, sollicité par les autres, Gérard Larcher discute avec les ténors LR comme avec ceux qui en sont partis. Le président du Sénat a d’ailleurs rendez-vous dans les prochains jours avec Laurent Wauquiez et François Baroin, puis Nicolas Sarkozy. «Il a une analyse très percutante, une expérience. De nos échanges, je tire toujours une réflexion», explique le président du Sénat.
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Et après avoir vu Xavier Bertrand cet été, c’est avec Valérie Pécresse qu’il s’entretiendra en octobre, tout en échangeant avec Jean-Pierre Raffarin et Dominique Bussereau, Jean-Louis Borloo ou Alain Juppé.
«C’est indispensable qu’on se parle, qu’on prenne du temps ensemble. On a un besoin de collectif», insiste le président du Sénat, qui plaide pour l’alliance du centre et de la droite, comme dans l’actuelle majorité sénatoriale. «Je suis convaincu que nous devons retrouver les voix d’un dialogue avec les familles centristes», appuie-t-il.
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S’il reconnaît qu’il y a des «différences d’approche» entre Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand, Gérard Larcher est convaincu que «ces différences sont gérables. C’est plutôt les styles, non? Il faut faire de nos différences des complémentarités, de nos désaccords des moments de respect mutuel». Sur le plan national comme au niveau local.
En tournée dans les départements pour prendre le pouls des territoires, Gérard Larcher s’est déplacé, jeudi, dans les Alpes-Maritimes.
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L’occasion de s’entretenir le maire de Nice, Christian Estrosi, comme avec le président du conseil départemental, Charles-Ange Ginésy, proche d’Éric Ciotti, alors en Nouvelle-Calédonie. Un savant équilibre pour éviter la rupture du dialogue. «Sur le terrain, les gens nous disent: “Rassemblez-vous! Ne perdez pas votre temps sur l’accessoire.” C’est une demande que je ressens comme une exigence», ajoute-t-il encore. D’autant plus qu’il «sent une colère monter face au gouvernement».
«Optimiste» pour l’avenir
Le président du Sénat en est convaincu: il n’y a pas «deux droites», comme le pensent Valérie Pécresse, présidente de Libres!, ou Franck Riester, d’Agir. «Il y a une droite mais elle est divisée, ce n’est pas pareil», précise-t-il. Il n’est d’ailleurs membre d’aucun courant, d’aucune écurie. LR, profondément LR. «Je suis totalement libre. J’ai choisi de rester dans ma famille politique, Les Républicains, avec ma sensibilité et en respectant celle des autres.»
Gérard Larcher se veut «optimiste» pour l’avenir. «Les Républicains, qu’on le veuille ou non, reste un poids lourd. C’est le mérite de Bernard Accoyer d’y être parvenu il y a un an. Nous aurions pu disparaître.»
En cette rentrée de septembre, le président du Sénat le répète: «Ça va mieux», sourit-il, conscient aussi de la difficulté de la tâche, un an après la débâcle électorale de 2017.
«À tout moment on peut retomber», reconnaît-il. À ses yeux, la construction du projet et le travail sur le fond permettront de construire le rassemblement de tous. «Je ne vois rien d’impossible à franchir», conclut-il avant de repartir sur un nouveau déplacement. «Le train de sénateur, ce n’est pas la lenteur, c’est le pas de la paix», aime-t-il répéter.
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Source : ©Gérard Larcher, le trait d’union de la droite