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CHRONIQUE – Dans un pays qui fut un modèle de social-démocratie et d’économie solidaire, seuls la droite et le centre existent encore.

En Israël, il y a une droite et un centre ; mais plus de gauche… C’était la seule certitude que l’on avait ce 9 avril au moment où les Israéliens élisaient leur nouveau Parlement – la 21e Knesset. Et pourtant, ce pays fut un modèle de social-démocratie et d’économie solidaire ; des générations de jeunes gens faisaient en Israël des stages d’été pour y découvrir le socialisme idéal dans les kibboutz agricoles. On y fait toujours des stages d’été, mais dans les start-up du capitalisme technologique qui produit des fraises et des abricots dans le désert, ou des applications telles que Waze

Dépassée par sa victoire, bousculée par les civils qui s’installent dans les territoires qui ont été gagnés, la gauche est battue en 1977

En 1949, la première Knesset d’Israël (indépendant depuis l’année précédente) était dominée par le Parti travailliste ; les syndicats étaient confédérés au sein d’une organisation également travailliste. La droite existait à peine. Les deux héros, indiscutables, étaient Ben Gourion, le fondateur, puis Golda Meir, la mère protectrice et autoritaire. La gauche triomphante conduisait un pays alors considéré, aux yeux du monde, comme une juste réponse aux atrocités de la Shoah. Elle rassemblait les élites, la classe dirigeante, les classes moyennes, et même son armée – ceux qui, d’habitude ailleurs, votent à droite…

Or l’armée «socialiste» d’Israël écrase les armées arabes lors des six jours de la guerre de juin 1967. L’État hébreu devient la puissance militaire incontestée de la région. Une débâcle dont les Arabes ne se remettront pas. Nous avons ici un témoin privilégié, Amin Maalouf, futur journaliste et académicien français, à l’époque étudiant à Beyrouth. Dans son dernier essai, Le Naufrage des civilisations , il date de 1967 le début d’une révolution. Dépassée par sa victoire, bousculée par les civils qui s’installent dans les territoires qui ont été gagnés, la gauche est battue en 1977. Conduite par Menahem Begin, une droite paradoxalement soutenue par les classes pauvres et la périphérie, par les réfugiés d’URSS et d’Ethiopie, prend sa revanche.

Ulcérée, la gauche considère cette droite comme «usurpatrice», tandis que les Palestiniens deviennent des «victimes». Avec Rabin et Peres, la gauche tentera un retour, pour négocier avec Arafat les «accords d’Oslo» en 1993, sans résultat. Et c’est ainsi que les Israéliens rappelleront la droite, pour donner au pays, selon Maalouf, «un épanouissement sans précédent, dû en grande partie au projet sioniste, un succès que personne ne prévoyait…» La rédaction vous conseille :

François d’Orcival

Source: ©François d’Orcival : «Comment la gauche a disparu en Israël» 

0 Comments

  • Jean-claude Cohen
    Posted avril 13, 2019 15h19 0Likes

    Jusqu’en 67, les israéliens étaient perçus comme des survivants courageux.
    Est-ce au moment où les soldats ont atteint le mur que les choses ont basculés ? Que l’idéal du kibboutz a commencé à s’erroder pour une vision moins laïque ?
    Les antagonismes culturels et religieux ont achevé cette rupture. Depuis, la gauche se cherche.

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