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Malgré sa victoire à la Chambre des représentants, le parti démocrate américain ne sort pas renforcé des élections de mi-mandat, faute d’unité et d’un programme politique clair.

1. Une victoire sans éclat

Le 6 novembre dernier, les démocrates américains ont crié victoire en reprenant le contrôle de la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat, arrachant 26 sièges aux républicains, notamment en Floride, dans le Colorado, le Kansas, le New Jersey ou New York. Chef de la nouvelle majorité à la chambre, Nancy Pelosi a tout de suite affirmé que cette victoire symbolisait «la restauration des pouvoirs et contre-pouvoirs constitutionnels face à l’administration Trump» et que les démocrates feraient tout pour «stopper les assauts des républicains contre le système de santé de 130 millions d’Américains et le règne sans limite des intérêts des plus riches à Washington».

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Le scrutin a été marqué par un nombre important d’élus très à gauche sur l’échiquier politique et/ou issus des minorités ethniques et sexuelles. Les démocrates Ilhan Omar (Minnesota) et Rashida Tlaib (Michigan) sont les premières femmes musulmanes à être élues au Congrès, et Sharice Davids (Kansas), la première Amérindienne. Alexandria Ocasio-Cortez (New York), membre de l’aile gauche du parti démocrate, est devenue à 29 ans la plus jeune élue de l’histoire du Congrès. Une diversité de courants idéologiques qui pourrait devenir un handicap lors des présidentielles de 2020.

2. Une victoire pour quoi faire?

Que vont faire les démocrates de leur victoire face à un Trump peu affaibli? «Les démocrates s’emparent de la Chambre», titre le Washington Post, pour qui c’est «un grand jour pour la démocratie américaine», un signe de sa «bonne santé».«Et maintenant?» s’interroge quant à lui le New York Times. Le raz-de-marée démocrate n’a pas eu lieu, loin de là, et le parti pourrait être très vite tiraillé par ses différents courants. Les opposants à Donald Trump vont-ils être capables de montrer qu’il existe un meilleur modèle de législation, que le Congrès est capable de faire autre chose pour les citoyens américains que de réduire les impôts des plus riches? «Les démocrates doivent judicieusement choisir leur bataille politique», poursuit le New York Times, comme protéger les «dreamers», ces immigrés sans papiers entrés dans le pays quand ils étaient enfants. Et surtout, éviter de se focaliser sur une tentative de destitution du président (procédure d’impeachment) car, même les Américains qui n’aiment pas Donald Trump mais reconnaissent ses bons résultats économiques pourraient regretter, en l’absence de preuves accablantes, une mandature n’ayant pour seul objectif que le blocage de la politique de l’exécutif.

3. Guerre de courants

«Le résultat le plus important de la soirée, c’est que les démocrates vont faire office de contre-pouvoir à Trump à la Chambre et vont faire rouvrir des enquêtes sur le rôle de la Russie dans les élections et les impôts du Président», analyse Chris Edelson professeur de sciences politiques à l’American University de Washington. «Mais il ne faut pas compter sur une destitution du président, car les républicains bénéficient d’une confortable majorité au Sénat, ce qui permet au chef de l’État de nommer facilement un grand nombre de juges fédéraux conservateurs.» Ce qui est fondamental pour les démocrates, estime un éditorialiste sur le site de la chaîne CNN, c’est de proposer un projet politique avec un message simple.

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Rester dans une opposition anti-Trump ne suffira plus, si l’on garde à l’esprit que l’homme d’affaires propulsé à la Maison-Blanche sans la moindre expérience politique ou diplomatique n’a pas été mis en péril par le succès démocrate et a même limité la casse. Le Parti démocrate doit élaborer rapidement un programme politique et trouver un vrai leader pour le porter. Pas simple, alors que l’on assiste déjà à une poussée sans précédent d’une jeune génération plus à gauche, qui ne veut plus d’une politique centriste.


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Olivier Michel

Journaliste

Source :© États-Unis: le parti démocrate en plein doute

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