CHRONIQUE – Devenues prioritaires, les questions écologiques et identitaires laissent le président de la République sans réponse.
Les images étaient belles et le président était tout sourire. L’écologie est sa nouvelle priorité. On croirait voir Sarkozy, Chirac ou Hollande. L’écologie est le dada de nos présidents. Un dada qu’ils enfourchent dès qu’ils baissent dans les sondages ou que les Verts obtiennent de bons résultats aux élections intermédiaires. En cela, Macron n’est pas différent de ses prédécesseurs. Comme eux, il fait de beaux discours, affiche des intentions vertueuses et présente la France en exemple. Mais, comme eux, il est coincé par des considérations économiques qui l’emportent toujours. Quand il les oublie, le peuple le rappelle violemment à l’ordre, comme on l’a vu avec les «gilets jaunes» et, quelques années plus tôt, avec les «bonnets rouges» bretons.À lire aussi : Jean-Louis Thiériot: «Réconcilier économie et écologie»
Macron le reconnaît lui-même, il ne peut imposer la suppression des glyphosates à des agriculteurs qui ont tant de mal à joindre les deux bouts. Il ne peut non plus sacrifier notre industrie nucléaire qui – paradoxe – est la moins émettrice de CO2. Enfin, il ne le dit pas, mais son discours écologique va à l’encontre de l’idéologie libérale de l’Europe qui multiple les accords de libre-échange avec de nombreux pays – ce qui multipliera le recours aux tankers et avions qui vont avec, loin du «localisme» vertueux. Alors, le président Jupiter évolue dans un registre qu’on ne lui connaissait pas: il temporise, refuse de trancher, procrastine.À lire aussi : La fermeture de Fessenheim, une faute écologique
Même comportement avec le grand discours sur la laïcité qu’il annonce depuis deux ans. C’est l’arlésienne du quinquennat. On risque de ne jamais l’entendre. Et pour cause. Il ne sait pas quoi dire. Un jour, il va dénoncer le séparatisme islamique. Le lendemain, il va vanter la religion musulmane qu’on dévoie. Un jour, son ministre de l’Intérieur fait de tout barbu musulman un terroriste en puissance. Un autre jour, sa ministre de la Justice semble rétablir le délit de blasphème. Ces contradictions sont le reflet d’une ligne présidentielle qui n’est pas fixée. En arrivant à l’Élysée, Macron était sur une ligne clairement multiculturaliste, à l’anglo-saxonne. Et puis, en s’appropriant la question, en consultant les spécialistes, en observant le déchaînement de violence en France, en écoutant les récits de l’islamisation en marche par les maires des villes de banlieue, il a fait le chemin inverse.À lire aussi : Séparatisme: pour la droite, le diagnostic d’Emmanuel Macron «est incomplet»
En vérité, sur ce plan comme sur celui de l’écologie, il ne sait que penser. Emmanuel Macron est le produit d’une formation et d’une époque qui ont privilégié l’économie. Il ne voit et ne raisonne que par l’économie. Il savait très bien où il allait au début de son mandat, quand il mettait en œuvre ses réformes économiques – qui se contentaient d’ailleurs d’imiter celles de Schröder dans l’Allemagne du début des années 2000.
Pour lui, l’économie est première, l’économie est seule. Mais il a compris que le monde était en train de vaciller sur ses bases et que les questions écologiques et identitaires prenaient la première place. Il est perdu devant ce bouleversement car l’homme du nouveau monde est en réalité un homme de l’ancien monde.
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Source:© Éric Zemmour: «Pourquoi Emmanuel Macron ne sait plus où il faut aller»