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Benjamin Griveaux, candidat La République en marche aux élections municipales, lors de ses vœux aux Parisiens, le 16 janvier. NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Le candidat officiel de La République en marche n’apparaît plus comme le principal adversaire d’Anne Hidalgo pour le scrutin de mars. Face à cette situation, le parti a accentué la pression sur Cédric Villani pour qu’il retire sa candidature.

A moins de deux mois du premier tour des élections municipales, Benjamin Griveaux peut-il encore s’imposer à Paris ? Ou a-t-il entamé une glissade qui risque de le marginaliser peu à peu ? Jusqu’à présent, l’ancien porte-parole du gouvernement faisait figure de principal adversaire d’Anne Hidalgo, la socialiste candidate à sa réélection. Compte tenu des très bons scores obtenus par les macronistes depuis 2017, Paris paraissait une ville possible à gagner pour La République en marche (LRM). Un joli trophée semblait en vue pour Emmanuel Macron, dans un scrutin qui s’annonce difficile pour le parti présidentiel au niveau national.

Mais depuis septembre 2019, rien ne va plus. Il y a d’abord eu la candidature dissidente du député de l’Essonne Cédric Villani, très mécontent de la façon dont l’« appareil » de LRM l’avait écarté pour investir Benjamin Griveaux. Candidat décalé, la vedette des mathématiques n’est pas parvenue à prendre la tête des sondages. Il n’en a pas moins capté une partie des électeurs possibles de son « frère ennemi », et totalement parasité sa campagne.

Ensuite, avec la réforme des retraites, les déclarations de Benjamin Griveaux sont devenues peu audibles. « On est depuis des mois dans une sorte de faux pas… euh, de faux plat, appuie un membre de son équipe. Entre le débat sur les retraites, les grèves, et l’absence de la principale concurrente, Anne Hidalgo, qui ne s’était pas encore déclarée, personne ne s’intéressait à ce qu’on pouvait dire. Rien n’imprimait. »

« Sur un toboggan »

Une tête de liste confirme le problème : « Pendant trois mois, la situation n’a pas permis à Benjamin de faire connaître son projet. Traversez la rue, demandez aux gens s’ils connaissent ses propositions. La réponse est non. Pas une. » De rares propos ont attiré l’attention, parfois au détriment du candidat, comme sa critique inattendue des bus à soufflet de la RATP, accusés de provoquer des embouteillages.

Dans ces conditions, le sondage IFOP pour Le Journal du dimanche et Sud Radio publié le 19 janvier a semé le doute. Au lieu de profiter du ralliement tout frais du macroniste de droite Pierre-Yves Bournazel, le candidat de LRM recule, avec seulement 15 % des intentions de vote au premier tour. Pour la première fois, Benjamin Griveaux est ravalé au troisième rang des candidats, derrière Anne Hidalgo (25 %) et Rachida Dati (19 %). Et si la vraie alternative à la maire sortante n’était pas Benjamin Griveaux, mais la candidate du parti Les Républicains ? Lire aussi : Dati remplace Griveaux comme rival numéro un d’Hidalgo pour les municipales

Pour le candidat LRM, pas de quoi sonner l’alarme. Notamment parce que le sondage a été réalisé avant l’annonce de l’alliance avec Pierre-Yves Bournazel, et sur un échantillon de 955 électeurs, ce qui implique une marge d’erreur élevée. « Cette enquête n’a pas de sens », tranche-t-on à son siège de campagne.

« Devant les chiffres, quelques estomacs se sont peut-être noués, mais cela s’est vite transformé en quelque chose de positif : on doit redoubler d’efforts », assure Justine Henry, référente de LRM dans le 18arrondissement.

Emmanuel Grégoire, le directeur de campagne d’Anne Hidalgo, a une autre lecture. Le positionnement de LRM est fragile, juge-t-il, à cause du fameux « en même temps » d’Emmanuel Macron, ce mélange assumé de personnalités issues de la gauche et de la droite, de propositions de gauche et, de plus en plus, de droite. Avec la campagne, « une forme de clarification s’opère, au bénéfice d’Anne Hidalgo et de Rachida Dati, estime-t-il. Je ne vois pas ce qui pourrait empêcher cette repolarisation, donc l’effritement de LRM. Pour moi, Benjamin Griveaux est sur un toboggan ».

Cédric Villani développe une analyse assez voisine. A ses yeux, son adversaire « fait campagne à droite » et « évidemment, comme l’original est toujours préféré, il perd des voix au profit de Rachida Dati », a-t-il déclaré lundi sur Franceinfo.

« Représentant de Macron »

Pourtant, Benjamin Griveaux repart à l’assaut. Jugé arrogant par une partie des Parisiens, contesté au sein de son propre camp, il devait divulguer une série de propositions gardées jusqu’à présent sous le coude, en matière de commerce mardi, de sécurité jeudi, et surtout d’aménagement et d’urbanisme durant le week-end. Puis viendra un meeting, lundi 27 janvier.

Le candidat officiel de LRM à l’Hôtel de ville espère pouvoir y présenter enfin toutes ses têtes de liste dans les arrondissements. Il en manque trois ou quatre, qui dépendent d’accords encore en négociation, en particulier avec le MoDem de François Bayrou. « Aucun doute, nous trouverons un accord avec le MoDem », affirme Sylvain Maillard, député LRM de Paris.

« Le vrai top départ, c’est maintenant, résume une de ses fidèles. Peu importe son image actuelle. La question est de savoir comment tout ce qu’on va dévoiler ces dix prochains jours sera reçu. » Benjamin Griveaux, lui, veut croire que tout reste possible. « Rien, personne n’empêchera le changement tant attendu par les Parisiens », clame-t-il. Il espère que l’arrivée d’un nouveau directeur de campagne, Paul Midy, plus disponible que le député Pacôme Rupin, qui était également tête de liste dans le centre de Paris, facilitera l’organisation quotidienne.

Il mise aussi sur l’appui de personnalités comme la ministre de la santé, Agnès Buzyn, pressentie comme tête de liste dans le 15arrondissement.

« Le risque, c’est que Benjamin soit identifié comme le pur représentant de Macron à Paris, et qu’il soit sanctionné à cause des retraites et des grèves », redoute un élu LRM. Lire aussi : Benjamin Griveaux en passe d’intégrer Agnès Buzyn dans sa campagne

Surtout, il reste Cédric Villani. Ces derniers jours, le parti a accentué la pression pour que le dissident se retire. « Le sondage le montre : le maintien de Cédric Villani nous fait perdre, constate Benjamin Griveaux. Avec Cédric, on a peu de divergences sur le fond. Veut-il faire réélire Anne Hidalgo ? C’est une équation simple à résoudre. Il a toute sa place dans le collectif que je bâtis. » Un discours auquel l’ex-mathématicien reste sourd. « En face de nous, on a un mur de glace », se désole une fidèle de M. Griveaux. Lire aussi : A Paris, Cédric Villani ne décolle toujours pas

Denis Cosnard

Source:© Elections municipales à Paris : Benjamin Griveaux en mauvaise posture face à Hidalgo et Dati

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