C’est un peu Noël avant l’heure pour Emmanuel Macron. Auteur d’une «remontada» inédite dans les sondages, le chef de l’État voit désormais l’horizon économique se dégager sérieusement. Accélération de la croissance, hausse de la consommation et de l’investissement, création d’emplois… il faut remonter longtemps en arrière pour trouver des perspectives aussi souriantes. Comme le disait son prédécesseur sans jamais l’avoir démontré, cette fois «la France, elle va mieux».
Elle le doit sans doute à un changement de climat évident depuis la présidentielle. Avec le départ de François Hollande et l’arrivée d’Emmanuel Macron, non seulement le sentiment s’est installé que des réformes allaient enfin être engagées, mais preuve a été donnée avec la loi travail qu’elles seraient mises en œuvre. Il n’en fallait pas davantage pour que revienne la confiance, ce carburant invisible sans lequel aucune économie au monde ne peut prospérer. Pour autant, la convalescence française doit aussi beaucoup à un environnement international particulièrement porteur, qui tire notre pays vers le haut. Et sans jouer les rabat-joie, il faut bien constater, chiffres à l’appui, que la France n’a pas encore rejoint, tant s’en faut, le peloton des pays les mieux portants.
Nul mystère à cela: chacun sait qu’elle n’y parviendra qu’en s’alignant sur les standards d’une économie moderne, dont elle reste toujours fort éloignée. À 56 % du PIB, le poids de la dépense publique demeure insupportable, et ce ne sont pas les 1600 suppressions de postes de fonctionnaires programmées par le gouvernement – après la création de plus de 20.000 en 2016! – qui vont y changer quoi que ce soit. Pas plus que le niveau ahurissant des prélèvements obligatoires – nous sommes passés devant le Danemark, champion historique… -, qui ne baisse qu’au compte-gouttes.
C’est dire s’il convient d’accueillir l’embellie actuelle avec lucidité. La France va peut-être mieux, mais elle est encore loin d’aller bien.
Source: Éditorial : «Rester lucide sur l’embellie économique»