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– Crédits photo : REGIS DUVIGNAU/REUTERS

 

Par Bertrand de Saint-Vincent

 

L’affiche du 71e Festival de Cannes met en scène un baiser entre Jean-Paul Belmondo et Anna Karina dans Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard. Il n’est pas sûr que cette étreinte suffise à entretenir la passion que nourrit le septième art pour la Croisette. La tendance est à l’orage. La météo l’indique et elle n’est pas la seule. Des nuages noirs flottent à l’horizon.

 

Pour la première fois depuis des années, Harry Weinstein n’est pas là. Rayé à jamais du générique, le puissant producteur a gravement écorné l’image du glamour hollywoodien par ses manières de prédateur: ainsi, tout cela n’était qu’une sombre comédie. Cannes doit renouveler la magie du cinéma en adaptant son scénario aux exigences de la réalité.

 

Désormais, l’homme blanc n’est plus un héros. Les femmes doivent occuper leur juste place et les minorités être prises en compte. Le numéro du délégué général, Thierry Frémaux, s’apparente à celui d’un équilibriste. Il est sous surveillance morale. De leur côté, les Américains boudent. Séduits par Venise ou Toronto, obsédés par la course aux Oscars, les réalisateurs vedettes brillent par leur absence.

 

Pour tenter de les amadouer, Thierry Frémaux a décidé de réserver la primeur des films en compétition au public. Relégués en seconde ligne, les critiques, dont les sifflets auront moins d’écho, grognent. Il faut se méfier de la convergence des luttes…

 

D’autant plus qu’un autre mécontent a claqué la porte: Netflix. Autorisée l’an dernier à projeter deux de ses œuvres sur les écrans géants du palais – mais hors compétition, car elle ne les distribue pas en salle -, la plateforme n’est pas représentée. Pourtant, chacun sait que son modèle et sa puissance financière sont incontournables.

 

Maintenant, moteur: cinquante ans après son annulation en mai 1968, sous la pression de Truffaut et Godard, le Festival de Cannes doit prouver qu’il est capable de faire sa révolution.

 

Source:©  Éditorial : «Menaces orageuses»

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