L’Amérique d’abord. L’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche s’était accompagnée d’une erreur d’interprétation. On disait le milliardaire américain isolationniste. Décidé à s’occuper en priorité des problèmes domestiques de son pays. Avec lui, pensait-on, les États-Unis ne chercheraient plus à jouer les gendarmes du monde. L’Europe, notamment, devrait pouvoir s’organiser seule pour assurer sa défense.
C’était, en fait, confondre protectionnisme et isolationnisme. Dans l’esprit de Donald Trump, c’était précisément parce que l’Amérique était sa première préoccupation qu’il en défendrait, à tout instant, les intérêts partout dans le monde. Suivant cette logique, il ne s’interdirait donc pas, une fois élu, d’intervenir ici ou là en cas de menace. C’est ce raisonnement qu’il applique aujourd’hui à la Corée du Nord et au Venezuela. Deux régimes inacceptables qui menacent, à ses yeux, l’équilibre international. On ne peut donc s’étonner de son offensive verbale.
Certes, Donald Trump hausse le ton à sa façon. Tonitruante. Certains diront maladroite, contre-productive, propre à mettre le feu aux poudres. Du coup, on retient plus son absence de précautions oratoires, qui effraie, que les vrais enjeux de la crise. Ces derniers sont pourtant d’une extrême gravité: empêcher que le satrape de Pyongyang se dote de l’arme nucléaire et éviter que Caracas ne sombre dans un chaos irréversible.
Les mots de Donald Trump sifflent comme des balles. Cependant, l’objectif du président américain est bien plus de dissuader que d’attaquer. Il a d’ailleurs répété qu’il restait ouvert au dialogue – à ses conditions, bien sûr – avec Kim Jong-un et Nicolas Maduro. Sa stratégie est de montrer sa force pour ne pas avoir à s’en servir. Et, en Asie, de persuader la Chine d’assumer son rôle de modérateur avec la Corée du Nord.
Le danger n’est pas à Washington, mais à Pyongyang. On le sait depuis longtemps. Trump ne fait qu’hériter d’un dossier explosif que ses prédécesseurs n’ont pas su régler.
Source :© Le Figaro Premium – Éditorial : «La logique de Trump»