La Russie a annoncé, mardi 30 août, l’arrêt complet de ses livraisons de gaz à Engie à partir du jeudi 1er septembre.
Les livraisons n’avaient cessé de diminuer, au point de ne plus représenter que de faibles quantités. Mardi 30 août, la Russie a annoncé qu’elle ne livrerait plus de gaz à Engie, son partenaire français, à compter du jeudi 1er septembre. La France faisait déjà quasiment sans gaz russe, grâce à des approvisionnements alternatifs. Un litige de paiement a motivé la décision de Moscou. Le groupe industriel français a décidé de ne régler que ce qui était livré, c’est-à-dire moins que ce que prévoyait le contrat.
La Russie choisit ainsi de se priver d’argent. Mais Moscou n’a pas besoin de financements. Le pays est noyé sous des flots d’argent depuis l’invasion de l’Ukraine. À la fin du mois de juillet, elle a perçu 97 milliards d’euros, soit 40% de plus avant la guerre, pour ses ventes d’hydrocarbures, principalement de pétrole, selon les informations du Wall Street Journal. Au niveau des volumes, elle vend aujourd’hui 7,4 millions de barils par jour, 600.000 de moins seulement qu’avant la guerre.
Des sanctions qui profitent à la Russie ?
La Russie n’a jamais autant gagné d’argent avec ses exportations de pétrole et de gaz malgré les sanctions. Elle a fait monter les prix en déchaînant la spéculation des marchés. Des volumes inférieurs à des prix beaucoup plus élevés, Moscou gagne beaucoup plus d’argent. Les sanctions, que nous payons cher avec l’inflation, n’ont servi qu’à remplir les coffres de Poutine à des niveaux impensables. Jusqu’ici, les sanctions pénalisent davantage les clients de la Russie que la Russie elle-même.
D’après les estimations, les pays européens ont versé à Poutine plus de 86 milliards depuis le 24 février, date de l’invasion. L’Allemagne en chef de file. Par seconde, 3.700 euros partent de l’Europe vers la Russie. Et c’est sans compter les autres clients.
Qui sont les autres clients de la Russie ?
Ces autres clients sont nombreux. Il n’y a pas d’embargo international formel sur les achats de produits énergétiques en Russie. Avant le début de la guerre, l’Inde n’avait jamais acheté un baril russe. Le pays en est aujourd’hui à un million par jour. La Chine et la Turquie sont également très actives. L’Arabie Saoudite, qui achète à prix cassé, fait des mélanges avec du pétrole iranien et revend le tout au prix fort sur le marché international.
Tous les circuits de transport, de financement et d’assurance des cargaisons se sont réorganisés pour contourner l’absence des sociétés occidentales. Ces dernières s’abstiennent de traiter avec la Russie. De son côté, l’Amérique observe sans intervenir, redoutant de voir les prix de l’énergie flamber si le monde était vraiment privé de pétrole russe.