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D’Halimi à Halimi: 11 ans de calvaire !

  
[perfectpullquote align=”right” cite=” Eric Fottorino ” link=”” color=”#b22222″ class=”” size=”16″]«  “Chaque douleur est une mémoire.”  » [/perfectpullquote]

L’affaire avait ébranlé la France : le 13 février 2006, Ilan Halimi était retrouvé agonisant en banlieue parisienne, torturé à mort par le “gang des barbares”. A l’occasion des dix ans de sa disparition, il y a un an, France 3 avait diffusé “L’assassinat d’Ilan Halimi”, un documentaire sans pathos ni dogmatisme, qui mettait en lumière les erreurs d’appréciation des enquêteurs chargés de l’affaire. Avec l’apaisement et la rigueur que seul le temps rend possibles, le réalisateur Ben Izaak était longuement revenu sur la mise en échec des forces d’élite de la police par le gang des barbares, mené par Youssouf Fofana, un homme de 25 ans aux préjugés antisémites tenaces. !

Le documentaire s’ouvre sur le cultissime Nocturnes n°9 de Chopin, une symphonie sombre, au rythme lent, à l’image du film qui suit. Pour décrire avec précision ce drame devenu symbole de la violence antisémite, Ben Izaak prend son temps, séquençant en chapitres son documentaire construit autour des témoignages des différents acteurs du dossier (le procureur Philippe Bilger, l’élu socialiste Julien Dray, la journaliste Patricia Tourancheau, la maire de Bagneux, les enquêteurs de la BRI, la psychologue qui a mené les négociations avec Fofana, ou encore la sœur d’Ilan Halimi).

Celui de Me Francis Szpiner lance le film. Et répond à la question sous-jacente que pose le documentaire : “s’agissait-il d’un crime antisémite ?

La question soulevée était d’importance car elle mettait en lumière un déni, celui de la police et de la justice, qui tardaient à prendre en compte la piste antisémite dans le rapt du jeune Ilan Halimi, survenu dans la nuit du samedi 21 janvier 2006 !

Ce soir-là, le jeune homme de 23 ans dîne chez sa mère, comme tous les vendredis. Il honore ensuite son premier rendez-vous avec Yalda, une jeune femme rencontrée boulevard Voltaire, dans la boutique de téléphonie où il travaille. Après avoir pris un verre avec elle, il accepte de la suivre dans son studio de la banlieue sud de Paris. Arrivé à destination, Ilan Halimi est extirpé de sa voiture par des individus qui le rouent de coups, l’assomment et le jettent dans le coffre d’un 4X4. “D’abord on l’a douché, parce que l’on ne voulait pas qu’il y ait de traces d’ADN, puis on l’a tondu, puis on l’a tué. Après l’avoir tué, on l’a brûlé. Le processus de la mort d’Ilan Halimi ne peut que renvoyer à la mémoire juive qui est celle de l’exécution des juifs. Le processus de la mort d’Halimi est un processus bouleversant”, tels sont les propos de Me Francis Szpiner !

Le 26 février, des dizaines de milliers de personne défilent dans les rues de Paris pour le jeune homme mais également «pour dire non au racisme et à l’antisémitisme». Des élus de gauche et de droite sont côte à côte dans le cortège.

Mais, ce n’est que le 5 mars 2006 que la circonstance aggravante d’antisémitisme sera retenue par les juges d’instruction. Pourtant, lors des perquisitions, il a été trouvé chez les ravisseurs des documents de soutien au Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens, ainsi que du matériel de propagande salafiste. Et, au téléphone, un ravisseur avait récité une sourate du Coran à la famille d’Ilan Halimi !

Cette affaire aura profondément bouleversé la communauté juive de France ! Elle fut un électrochoc et entraîna une prise de conscience formidable de la part de cette communauté sur le niveau qu’avait atteint l’antisémitisme dans notre pays ! Ce crime signait le glas d’une époque: c’était la première fois, sur le territoire français, qu’un juif se faisait assassiner en raison de sa religion, depuis la fin de le Seconde Guerre mondiale.

Certes depuis 2002 et la deuxième intifada, la communauté juive de France avait vu émergé un antisémitisme qu’elle croyait à jamais éteint. La succession d’actes antisémites avaient créé une telle émotion que, dans une manifestation unitaire, la communauté juive avait réussi à organiser un rassemblement de près de 200.000 personnes à Paris et, en province, d’autres rassemblements avaient réuni des dizaines de milliers de personnes !

Avec ce crime, on pensait avoir atteint le summum de l’horreur et qu’il servirait d’alerte pour éteindre l’incendie !

Malheureusement ce ne fut que le début de la descente aux enfers ! Le 19 mars 2012, 3 enfants et un professeur sont assassinés par Mohamed Merah ! là encore, on avait évoqué un acte solitaire avant de constater qu’une organisation terroriste, à fondamentaux antisémites, s’installait sur le territoire français !

Le quinquennat de Sarkozy qui avait commencé avec l’affaire Ilan Halimi se terminait avec l’affaire Mérah !

Mais, globalement, ces affaires ne concernaient que les juifs de France. Il a fallu attendre l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher pour comprendre qu’après les juifs, ces criminels s’attaquaient aux français dans leur ensemble, juifs et non juifs !

Ce qui provoqua d’ailleurs des réactions très étranges et plus qu’étonnantes de la part de certaines personnalités politiques qui osèrent s’exprimer ainsi:” jusqu’à présent nous avions de la compassion mais aujourd’hui nous sommes concernés” ! Ainsi le meurtre et l’assassinat de citoyens français juifs avec circonstance aggravante d’actes de barbarie ne les concernaient pas mais soulevait leur seule compassion !!!!

Puis les affaires pullulèrent: viol d’une femme à son domicile à Créteil, agressions physiques multiples, coups de poignard,profanations de cimetières,… Ces attaques devenaient quotidiennes et étaient presque banalisées jusqu’à l’électrochoc du 4 avril 2017 et l’assassinat dans des conditions abominables de Madame Sarah Halimi Attal !

Cette nuit là, une femme juive orthodoxe, médecin, a été surprise dans son sommeil chez elle ! Elle est atrocement torturée pendant plus d’une heure. Elle a 65 ans et elle vit dans un modeste immeuble du XIème arrondissement de Paris, rue Vaucouleurs. Le meurtrier,”islamiste radical”,  qui l’avait importunée et harcelée avec des injures antisémites durant les semaines, s’introduit chez elle par le balcon et  s’acharne avec une violence inouïe sur sa victime, provoquant une vingtaine de fractures au corps et au visage, avant de la défenestrer, agonisante, du troisième étage. Le récit des violences et actes de barbarie subis par la victime sont tout simplement insupportables à décrire  et le reflet d’une haine indescriptible !

Pendant ce temps, la police (aussitôt prévenue) est sur le palier. Les trois hommes armés n’interviennent pas. De fait, on saura plus tard que ce sont 18 policiers qui étaient sur place et qui ne sont pas intervenus pendant le calvaire de la sexagénaire !

Les voisins (plusieurs dizaines de personnes) entendent ses hurlements. Ils ne bronchent pas. Les médias nationaux sont alertés mais ils n’enquêtent pas et passent sous silence l’abominable assassinat, peut-être trop préoccupés par le prix des costumes de monsieur Fillon !

Ainsi, et dans des conditions tout aussi abominables que son homonyme Ilan torturé et assassiné 11 ans auparavant, une femme de 65 ans était torturée et assassinée en plein Paris!  Elle s’appelait Sarah… Sarah Halimi.

Et pourtant, cela n’a pas suffi à émouvoir un seul des candidats à la présidentielle à l’exception notable d’une seule…madame Marine Le Pen qui évoqua le drame face à Yves Thréard  du Figaro ! Oui, une seule voix pour ce drame épouvantable !

Non, cette scène épouvantable ne s’est pas déroulée en 1942, avant ou après la Rafle du Veld’hiv, mais… dans la nuit du 3 au 4 avril 2017 aux cris de « Allah Akbar », dans un minuscule HLM situé à quelques encablures du Bataclan. Mais ce qui intéressait les politiques, les médias et la communauté juive dite organisée était de savoir si c’était la France ou l’État Français qui était coupable de la Rafle du Vel d’Hiv qui a eu lieu …il y a près d’un siècle alors que l’on fermait les yeux sur l’abomination antisémite du moment !

Triste France qui va se recueillir sur les morts d’il y a un siècle en fermant les yeux sur ceux d’aujourd’hui !

Triste personnel politique qui va jeter une gerbe dans la Seine pour la mort suspecte et malheureuse de Brahim Bouarram en oubliant l’horrible massacre de madame Sarah Halimi à quelques encablures de la cérémonie en grandes pompes sur les berges de Seine !

Rappelons-nous, déjà alors, nous étions en campagne présidentielle et même entre les deux tours, mais alors, la France s’était levée comme un seul homme autour du Président de la République et des candidats, une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes rondement organisée par les associations dites anti-racistes !

Mais il est vrai qu’alors le présumé coupable d’un crime probablement raciste était “blond avec les yeux bleus” contrairement au certainement coupable de l’assassinat de madame Halimi, crime certainement antisémite et particulièrement abominable …..

Pire que tout ce terrible drame se déroule en plein Paris sans que personne ne relate l’affaire. Les médias sont muettes: seul en entre-filet dans Le Parisien évoque le drame avec des propos flous.

Pire encore, le 7 avril, soit trois jours après les faits,  la communauté juive dite organisée se targue d’un communiqué où elle écrit « rien ne permet de retenir le caractère antisémite et rien ne permet de l’exclure. L’enquête se poursuit et toutes les pistes sont ouvertes … Toutefois nous faisons pleine confiance aux hommes et femmes qui œuvrent à cette enquête…L’enquête ne peut se faire sur les réseaux sociaux, le mélange d’informations provenant de témoins directs avec des récits « revisités » par des commentateurs, le mélange d’informations vérifiées et avérées avec des informations supposées, imaginaires, voulues ou encore déniées créent une confusion qui dessert la recherche de la vérité. »

Après les divers actes antisémites passés sous silence depuis février, il était interdit d’évoquer la piste antisémite dans l’enquête visiblement pour ne pas favoriser « une candidate » pendant la campagne présidentielle qui battait son plein ! Ainsi afin d’éviter un antisémitisme putatif et virtuel on camouflait un antisémitisme qui, lui, était bel et bien réel !

C’est ainsi que de ce crime antisémite, il ne fut pas question pendant la campagne présidentielle.

Quant aux journalistes, ceux qu’on a vu autrement plus zélés dans l’« affaire Théo », tous se sont mis au garde-à-vous — une première ! — devant les appels à la prudence de Monsieur le procureur. De même que les artistes qui s’étaient si promptement mobilisés dans l’« affaire Théo » !

Ainsi, hormis la presse juive, seul le Parisien en avait parlé dans un entrefilet de quelques lignes et sans évoqué la moindre trace d’antisémite.

Or, cela apparait totalement  incompréhensible au vu du rapport de police qui a été divulgué à la presse le lundi 22 mai suite à une conférence de presse des avocats de la famille. Avocats qui s’étonnaient de la « chape de plomb » qui pèse sur cette affaire.

De fait, l’enquête avait confirmé ce que nous savions déjà sur le calvaire de la malheureuse. En pire. Son bourreau l’a massacré en récitant des sourates du Coran et en la traitant de « Satan » en arabe (l’attaque a été enregistrée par un voisin). Après l’avoir achevée à la barbe de dix huit policiers de la Bac présents dans l’immeuble dès 4 heures, mais qui attendaient… des renforts, le tueur est repassé chez les voisins par le même balcon et s’est remis à prier. Les renforts sont arrivés. L’interpellation a eu lieu à 5 heures 35. L’homme n’a pas résisté.

Ces faits sont gravissimes. Mais on tente, une fois de plus, et malgré les faits , de trouver le moyen de se rassurer à bon compte.

Ainsi, tout comme le massacreur de Nice ou le chauffard de Dijon, le djihadiste de Belleville serait « fou ». Et donc, à ce titre, et parce qu’il était un peu « exalté », les policiers n’ont pas cru nécessaire de l’incarcérer…mais  l’ont donc conduit dans un hôpital psychiatrique !

Triste ironie du sort, voilà comment onze ans plus tard, nous nous trouvons dans des circonstances  totalement similaires face à une nouvelle affaire Halimi!

D’un Halimi à un autre, d’Ilan à Sarah, comme naguère de Solène à Ilan, nous sommes face au même drame collectif qui devrait nous amener à scruter l’inconscient collectif qui règne dans notre pays et à ses pathologies induites.

Deux Juifs torturés, suppliciés et sacrifiés et dont la mort aurait certainement pu être évitée avec un peu plus de compassion et de réactivité de la part des services de police ou des politiques ! Il incombe aujourd’hui à la Justice de faire la part des responsabilités car il y a des responsabilités, peut-être au plus haut niveau ! Cela ressemble même à une affaire d’État à multiples rebondissements !

En effet, face à une telle légèreté et une telle indifférence, voire une telle duplicité,  cela commence à faire beaucoup d’erreurs cumulées .

Alors oui, c’est insupportable et c’est désormais notre affaire à tous. C’est insupportable pour les Juifs, bien sûr, mais ça l’est encore plus pour les non-Juifs car l’antisémitisme n’est pas l’affaire des juifs mais de tous !

Ainsi, récapitulons: comment n’a-t-on pas  tiré la leçon des errements policiers durant la longue séquestration (près d’un mois) du jeune Ilan Halimi, kidnappé, martyrisé et assassiné parce que Juif par le Gang des barbares en 2006. Pourquoi, alors,  le quai des Orfèvres s’était entêté à suivre la piste, aussi absurde que coupable, d’un règlement de compte entre bandes. N’oublions pas que le patron de la PJ de l’époque n’en démordait pas, y compris après la capture de youssouf fofana qui a pu étonnement s’enfuir en Côte-d’Ivoire (et dont la capture était due aux agents du Mossad ). Et voilà, que l’on récidive avec les mêmes errances ! Bis repetita ! Errare humanum est, sed perseverare diabolicum est (« L’erreur est humaine, l’entêtement [dans son erreur] est diabolique »)!

Décidément, on n’apprend pas de nos échecs, ou peut-être qu’on ne veut pas apprendre !

Il faut donc avaler le mensonge d’État suivant lequel il ne saurait y avoir d’antisémitisme en France ! Et en tout cas pas de la part des arabo-musulmans vivants en France ! Et comme le souligne Maître William Goldnadel, avocat de la famille Halimi ,« le meurtrier aurait été blond aux yeux bleus, toute la France serait descendue dans la rue. Il est islamiste, toute la France rase les murs ».

Enfin comme le dit, avec brio, Alexandra Laignel-Lavastine: « Aussi longtemps que nos barbares de fabrication locale ne tuaient que des Juifs — Ilan Halimi en 2006, les enfants de Toulouse en 2012, un couple au Musée juif de Bruxelles en mai 2014, des gens faisant leurs courses Porte de Vincennes en janvier 2015, la réplique de Copenhague juste après et déjà oubliée, ce n’était pas bien grave. Ils devaient quand même être un peu « coupables » puisque cela fait deux mille ans qu’on le dit. Dans le lot, il y avait certes quelques soldats « arabes » et autres journalistes « islamophobes » qui l’avaient peut-être un peu cherché. On n’allait pas en faire une histoire. Mais au Bataclan, des « Français innocents », pour reprendre le lapsus de Raymond Barre après l’attentat antisémite de la rue Copernic en 1980, c’était inacceptable ! Ce refrain, sans que ceux qui l’entonnent pensent nécessairement à mal, nous y avons eu droit sur tous les tons au lendemain du 13 novembre : « Mais pourquoi nous ? Pourquoi la France ? Pourquoi des innocents ? ».

Pour toutes ces raisons, et malgré la frilosité incompréhensible de la communauté juive dite « organisée », nous n’avons pas l’intention de nous taire ou de faire l’impasse sur la Vérité qu’on nous doit !

Oui, Madame Sarah Halimi Attal, a été torturée et lâchement assassinée parce que juive!

Oui, la famille n’a toujours pas pu obtenir tous les éclaircissements qu’elle réclame sur les circonstances qui ont entourées ce décès.

Oui, il est important de savoir pourquoi les forces de police, sur place, ne sont pas intervenues !

Oui, le tueur de 27 ans présente « un profil d’islamiste radical » et tous les éléments de l’enquête laissent croire à un crime à caractère antisémite !

Oui, antisémitisme il y a et pourtant le procureur se refuse à le qualifier comme tel … pour le moment ! Comme ce fut le cas dans l’affaire…Ilan Halimi !

Suite à l’information judiciaire, ouverte le 14 avril par le parquet de Paris pour « homicide volontaire », la famille s’est portée partie civile.

En conséquence, au vu des éléments dont nous disposons à ce jour et en conformité avec la volonté de la famille, nous réclamons, dès aujourd’hui, la requalification de ce crime en assassinat avec les circonstances aggravantes que constituent les actes de barbarie et le motif antisémite.

Nous demandons également que toute la lumière soit faite sur les raisons qui ont fait que la Police n’est pas intervenue alors qu’elle était nombreuse sur place, acte susceptible d’être interprété comme non assistance à personne en danger !

Pour notre part, nous nous constituerons partie civile dès que nous aurons qualité à agir, c’est-à-dire dès la reconnaissance du caractère antisémite de ce crime.

Afin de mener à bien ce combat, la Confédération des Juifs de France et des Amis d’Israël a décidé de créer un comité de soutien pour l’émergence de la Vérité et de la Justice dans cette affaire afin que le silence ne vienne pas amplifier l’horreur de ce crime.

Vous serez avisé dans un prochain communiqué des modalités de fonctionnement de ce comité qui sera présidé par Monsieur Guy ATTAL

Mais dès à présent nous vous demandons de vous mobiliser, de mobiliser autour de vous, vos amis , les personnalités politiques, médiatiques ou artistiques que vous pourriez connaître afin que nous puissions   agir au plus vite et montrer notre détermination !

Agissons, vite, bien, concrètement et avec détermination pour la mémoire de Sarah Halimi Attal, z”l, et pour le respect dû à notre communauté !

Nous nous ne contenterons plus de paroles, nous voulons des actes ! Et le premier acte que nous exigeons est la reconnaissance du caractère antisémite de ce crime !

Richard C. ABITBOL
Président

COMMUNIQUE DE PRESSE

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